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University of Ottawa
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APPENDICE.
ANALECTES
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K L'ilISTOIRE DE L'UNIVERSITE DE LOUVAII
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1883-84. Publications.
Voir la Bibliographie académique 1834- (sous presse).
La bibliographie sera désormais continuée régulièrement dans Y Annuaire.
Nominations et distinctions scientifiques.
C. Pieraerts. — Elu membre de Y Académie de la religion catholique à Rome.
M. Van Bexeden.— Nommé membre de V Aca- démie royale de Stockholm, de \& Société royale d'Edimbourg, membre associé de la Société de Biologie de Paris, correspondant de Y Académie de Voldarnese del Poggio.
Dr Lefebvre — Nommé membre associé de la Société de Statistique de Paris.
E. Hayoit. — Élu membre titulaire de Y Aca- démie de Médecine de Belgique, dans la séance du mois de juin.
( iv )
C de Harlez. — Élu membre titulaire de la Royal Asiatic Society ofgreat Britain, membre de la Société ethnographique et de la Société Américaine de France.
E Reusens. — Nommé, par arrêté royal du 28 juillet 1884, membre effectif de la Commission royale centrale des monuments de Belgique.
F. De Walque. — Médaille d'or (médaille de lre classe) votée par Y Académie nationale agri- cole, manufacturière et commerciale de Paris, pour l'ouvrage intitulé : Manuel de manipula- tions chimiques.
D. Mercier. — Élu membre de Y Académie philosophico -médicale de Bologne.
A. Ntssens. — Chargé par le gouvernement do Grand-Duché de Luxembourg de rédiger un projet de loi sur les sociétés commerciales.
DISCOURS
prononcé à la salle des Promotions de l'Univer- sité catholique de Louvain. le 15 octobre 1884, jour de l'ouverture des cours académiques, après la messe du Saint-Esprit, par Mgr P1E- RAERTS, Recteur Magnifique de l'Université.
Messieurs les Professeurs, Messieurs les Étudiants,
L'année qui vient de s'e*couler, marquera dans les listes de notre histoire universitaire. Nous avons pu voir ici même quelle place l'Université catholique de Louvain occupe après un demi- siècle d'existence, dans l'estime du monde. Rien n'a manqué— je le dis avec une profonde re connaissance — à l'éclat de notre jubilé : ni la splendeur des fêtes, ni l'ordre et la dignité des solennités, ni le zèle unanime des habitants de la cité académique, ni le concours empressé des étrangers. Le 12 et le 13 mai 1884 sont des dates qui ne s'effaceront jamais de notre mémoire. Ces jours-là, nous avons reçu le témoignage de l'Église, dans les bénédictions du Souverain Pontife et des Évèques; le témoignage du pays, dans les acclamations enthousiastes d'une foule immense accourue de tous les points de la Bel- gique; le témoignage de la science, dans la faveur marquée avec laquelle d'illustres savants
( VI )
ont agréé le titre de docteur ad honores de Louvain; et enfin, le témoignage si précieux des nôtres, dans les ardentes sympathies des anciens étudiants, l'honneur de la nation, que nous avons vus se réunir en rangs serrés aux chers étu- diants actuels, quinze cent cinquante-sept jeunes gens d'élite, pour former, si j'ose ainsi parler, l'escorte et le cortège triomphal de leur Aima Mater. Et, lorsque, dans la séance acadé- mique, tous debout et les bras étendus vers le crucifix, nous acclamions Jésus-Christ, Dieu lui-même, n'en doutez pas, nous aura accordé son témoignage, et Jésus-Christ nous aura con- fessés devant son Père.
Nos annales semi-séculaires ont été closes par deux événements que je ne puis passer sous silence : je veux désigner les importants tra- vaux qui ont valu à quatre de nos étudiants les palmes du concours universitaire (1), et les bril-
(1) Par arrêté royal du 12 septembre 1884 huit bourses de voyage ont été, à la suite du concours, confésées à des docteurs des quatre universités du pays. Des huit mémoires couronnés, quatre sont l'œuvre de docteurs sortis de l'Université catholique de Louvain.
Trois bourses de voyage ont été accordées pour des mémoires sur le droit, dont deux à nos anciens étudiants : M. Jean Dubois, pour un mémoire sur le droit commercial, et M. Alfred Zwaeuepoel, pour un mémoire sur le droit civil.
Nos Facultés de Médecine et de Sciences ont obtenu deux bourses de voyage pour des mémoires concernant la biologie générale, œu- vres de deux jeunes docteurs déjà attachés à l'Université catholique comme chargés rie cours : M. Joseph Denys et M. Gustave GilsoD.
( VII )
lants examens à la suite desquels deux étudiants ecclésiastiques ont emporté le grade exception- nel de docteur en langues éraniennes.
Ce dernier fait évoque naturellement le sou- venir de l'homme éminent que nous avons perdu, pendant l'année du jubilé : Mgr Beelen, le pre- mier restaurateur des études orientalistes en Belgique, dont vous avez tous prononcé l'éloge, le 12 mai dernier, et auquel je suis en droit de prêter aujourd'hui, après le triomphe décisif des études orientalistes à Louvain, le mot si beau de saint Paul : opus consummavi. Oui, il a con- sommé son œuvre, et il laisse des successeurs et continuateurs entre les mains desquels cette œuvre ne saurait périr.
Quel vaste champ la connaissance des langues orientales a ouvert à l'activité humaine! Là comme ailleurs, il fallait que nos maîtres et nos disciples occupassent un rang distingué. Cela était nécessaire. L'Université catholique doit ambitionner une place d'honneur dans tous les ordres des connaissances humaines. C'est son devoir professionnel, comme Université; c'est sa vocation spéciale, comme Université catho- lique, puisqu'elle a pour mission de travailler, par la culture de toutes les sciences humaines, k la gloire de Dieu et de l'Église.
Et, en effet, toutes les sciences sont tenues de se mettre au service de leur « Père -. Il ne peut y avoir pour nous de science séparée, systéma-
( VIII )
uquement on dehors de la vraie religion, faisant totalement abstraction de Dieu et de sa parole. Loin de vouloir servir, ne fût-ce qu'indirecte- ment, les aspirations coupables de ceux qui rêvent une opposition définitive entre ce qu'ils appellent dédaigneusement « la théologie » et la science moderne, le savant chrétien doit tenir à honneur de mettre de plus en plus vivement en lumière la puissante harmonie du savoir humain et de la vérité religieuse
Phénomène étrange ! Cette crainte de rencon- trer Dieu, que le comte de Maistre reprochait à la philosophie, d'où vient-il qu'elle se manifeste- aujourd'hui tout particulièrement dans le do- maine des sciences naturelles? Comme si la nature, ses agents et ses lois, n'avaient pas Dieu pour auteur, Dieu, la cause première à laquelle tous les peuples ont toujours cru, au témoignage même de M. Albert Reville, si peu suspect de sentiments religieux excessifs. Le naturaliste qui par système ne va jamais jusqu'à nommer Dieu, se met donc manifestement à part de- l'humanité.
Toutes les sciences sont solidaires les unes des autres : il n'en est pas une qui ne s'appuie sur des principes philosophiques et ne rencontre souvent des conclusions du môme ordre; par conséquent, il n'en est pas une qui ne touche de- quelque manière au domaine de la foi : car la religion révélée, elle aussi, comprend un grand- nombre de vérités de l'ordre rationnel.
( IX )
Et pourquoi serait-il interdit aux nobles es- prits qui s'occupent des sciences naturelles de s'élever plus haut que la matière et d'affirmer Celui qui est? Est-ce que le spiritualisme et la religion peuvent faire déprécier un savant? Et serait-on compromis comme homme de science, parce que l'on serait un homme de foi?
J. B. Dumas en a jugé différemment :
« Les gens, dit-il, qui ne font qu'exploiter les n découvertes des autres et qui n'en ont jamais » faii eux mêmes, s'en exagèrent beaucoup l'im- •> portance, parce qu'ils ne se sont pas heurtés •> aux mystères qui ont arrêté les vrais savants. » De là, leur irréligion et leur fatuité. Il en est « tout autrement de ceux qui ont fait eux mêmes » des découvertes. Ils savent par expérience " combien le champ en est restreint et ils se » trouvent à chaque pas arrêtés par l'incom- y préhensible. De là, leur religion et leur mo- » destie... La foi et le respect des mystères leur » est facile. Plus ils ont fait faire de progrès » à la science, plus ils demeurent confondus * devant l'infini. »
Je sais bien, Messieurs, que les cours de sciences ne doivent pas être transformés en cours d'apologétique et de polémique religieuse. Les sciences d'ailleurs ne touchent pas d'aussi près à nos dogmes ou à la parole inspirée que la philosophie, par exemple, et l'histoire. Il y a là moins d'occasions de communiquer la lumière
Ap. - 1.
( x )
et l'ardeur de la foi. Mais n'est-ce pas une raison de saisir avec d'autant plus d'empressement les occasions qui se présentent? Un mot souvent peut suffire. Tout ne doit il pas être rapporté à Dieu, absolument tout, la science aussi bien que la fortune et le succès, projeter quem omnia? Et de fait, n'est-ce pas la boussole de la foi qui empêche entr'autres le biologiste et le chimiste chrétiens, dans la poursuite du même but par des procéJés identiques, d'aboutir aux conclu sions matérialistes où d'autres viennent triste- ment échouer? N'y a-t-il pas ingratitude à pa- raître ignorer cette boussole de salut? Déplus, jamais la foi n'a contredit la science, jamais elle ne la contredira : nous en sommes sûrs de cer- titude divine. Pourquoi les savants chrétiens hésiteraient-ils? Qu'est-ce qui expliquerait de leur part cette injuste défiance ou ce timide respect humain?
Ah! je le confesse, il y a une vaste conspiration ourdie contre eux pour les empêcher d'obtenir un nom dans la science. Les adversaires de l'Église et des dogmes ont tout intérêt à cela. Mais — les faits l'attestent — la vraie science, obstinée et sérieuse, ne perd pas à attendre, elle finit tôt ou tard par s'imposer d'elle-même. J'ajouterai que sur ce terrain aussi, la vie du chrétien est une lutte, et je demanderai avec le saint Docteur d'Hippone : « Pensez-vous que vous êtes devenu chrétien, pour être florissant en ce siècle? »
( xr )
A Louvain —j'aime à le proclamer hautement — tous les maîtres sont des maîtres chrétiens. Leurs cours inaugurés par la messe du Saint- Esprit, commencent chaque jour par la prière et se poursuivent jusqu'à la fin de l'année aca- démique en présence du Crucifix qui orne tous les auditoires universitaires, comme il ornait l'observatoire à jamais célèbre où Leverrier découvrit la dernière planète de notre système.
Nous venons d'exprimer avec une entière franchise notre sentiment sur les sciences et surtout les sciences naturelles, séparées et neu- tres, pour employer le langage du temps. Qu'il nous soit permis de montrer par un exemple, ou plus justement, par une application, que ce système est particulièrement faux, incomplet, impossible, dans la science du Droit, et que la neutralité déguise mal l'hostilité. Si je m'arrête. Messieurs, d'une façon spéciale à cette partie du haut enseignement, c'est qu'on veut actuelle- ment proscrire Jésus-Christ du Droit, et qu'ici, à l'Université catholique, se forment les hommes auxquels incomberont un jour les travaux Légis- latifs et la glorieuse mission de prendre la pa- role ou de revêtir la toge là où s'abrite le Droit et où siège la Justice.
Un monument aux proportions coloss&les a été élevé parmi nous. L'on y découvre la statue de Thémis, déesse de la Justice, et le buste de Minerve, déesse de la Sagesse. Ces réminis-
( XII )
cences païennes, ces symboles surannés nous- rappellent du moins que les païens rendaient leurs jugements dans des temples et qu'ils don naient à la justice une origine divine, d'accord avec la solennelle affirmation du Dieu vivant : « C'est par moi que les fondateurs de lois dé- crètent ce qui est juste »
Oui, c'est de la justice divine et de la loi éter- nelle que dérivent la justice et la loi humaines. Celles ci ne créent pas la justice, elles la présup- posent. Aussi Gaius a-t-il eu raison de définir le Droit : « La connaissance des choses divines et humaines. »
Cicéron, parlant de la loi naturelle, qui est dans la créature raisonnable — selon l'expres- sion de saint Thomas — « la participation de la loi éternelle^, modèle de toute législation posi- tive, Cicéron, dis je, a écrit ce mémorable pas- sage :
- Il y a une loi, non écrite, mais innée, que-
- nous n'avons pas apprise de nos maîtres ni
- reçue de nos pères, ni étudiée dans les livres:
- nous la tenons de la nature même. C'est cette
- loi naturelle qui est l'esprit et la raison du *» sage, la règle du juste et de l'injuste... C'est
- de cette loi suprême, universelle, née avant
- qu'aucune loi eût été écrite, aucune cité fon-
- dée, queMérive le Droit « (i).
i
( ) De Legibns.
( XIII )
Ainsi en a jugé la France du siècle de saint Louis, quand, pour donner au peuple une grande idée de la justice, elle a bâti, au sein même du Prétoire de Paris ce chef-d'œuvre d'architecture échappé comme par miracle à l'embrasement de la Commune, et que nous nommons avec vénération la Sainte Chapelle.
Après la mythologie, après Minerve etThémis, voici l'histoire, représentée par Lycurgue, le rude législateur de Sparte. Je n'y contredirai pas trop. Les lois de Lycurgue, qui sacrifiaient tout à l'Etat, furent pourtant un effort vers l'idéal mal compris de la justice : mais elles ne regardaient que Sparte, et il y a des siècles qu'elles ne sont plus, bien que le législateur eût obtenu de ses concitoyens qu'ils n'y change- raient rien jusqu'à son retour d'un voyage des- tiné par lui à consulter les Dieux, voyage — vous le savez — dont il ne revint point, aimant mieux ne jamais revoir la Laconie que de lui fournir, en la revoyant, une cause d'instabilité.
D'autres villes, d'autres nations encore ont eu leur législateur. Athènes a eu le sage Solon ; Rome a eu le religieux Numa, mythe qui sym- bolisait pour elle la Loi ; et plus tard les décem- virs, auteurs de cette forte législation des douze Tables qui furent comme les assises fondamen- tales du Jus romanum. Les Hébreux ont eu Moïse illuminé des rayons divins du Sinaï.
Mais il s'est trouvé, passé dix-huit siècles, un
( xiv )
législateur à part de tous les autres, un législa- teur que la terre entière connaît et aime, que tous les peuples civilisés vénèrent comme le leur, parce qu'il a apporté aux hommes un droit non plus local ou national, mais un droit- principe, immuable et universel, source féconde de la civilisation nouvelle dont nous recueillons encore chaque jour les impérissables bienfaits.
Et ce législateur, notre Maître Jésus, n'a pas reçu une place, si petite soit elle, au grand Palais de Justice de noire catholique Belgique! C'est donc là que conduit la science séparée et neutre! Laissez-moi, Messieurs, protester au nom même de la science et de la justice.
Ceux là qui font profession de ne pas croire à la divinité de Jésus, n'ignorent pas pourtant l'histoire au point de vouloir contester la place unique qui revient à Jésus parmi les législateurs des nations. Pourquoi donc lui refusent-ils le piédestal accordé au législateur païen? Ne se- rait ce pas précisément parce que, sous l'enve- ioppe humaine du Christ, ils ont entrevu, sans consentir à l'avouer, cette transcendance divine dont ils ne veulent point? Nolumus hune regnare super nos.
Ah! qu'elle était mieux inspirée cette Angle- terre toujours chrétienne qui devant tout ré- cemment bâtir un nouveau palais de justice dans une de ses cités, ne trouva rien de plus -beau ni de meilleur pour en orner le frontispice
( xv )
que la statue de Jésus-Christ entre deux pro- phètes.
Jésus-Christ, c'est le Juste et la Justice même. En tout semblable à nous, moins le mal, il a passé accomplissant tout bien, et lui seul a pu dire avec une assurance divine : « Qui me con- vaincra de péché? »
Jésus-Christ, c'est encore le Juge par excel- lence. Même sous l'ignominie, insulté, bafoué, tourné en dérision, il n'a pas craint d'affirmer, fort de la conscience de sa double nature : «Vous * me verrez venir sur les nuées du ciel, et je » jugerai les vivants et les morts. »
Ce Législateur universel, ce Juste, ce Juge, encore une fois, pourquoi l'a-ton banni? Quel mal at il donc fait, quid enim mali fecit?
Aujourd'hui, nos lois protègent les faibles ; l'enfant n'a plus à craindre le meurtre ou l'ex- position, et il n'est plus la propriété de l'État: la femme relevée de son abaissement, est placée sur un trône d'honneur au sein de la famille; les étrangers ne sont plus appelés des ennemis, hostes; il n'y a plus d'esclaves ni de gladiateurs, et la victoire ne jette plus ce cri féroce : vœ victis.
Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Il y eut des siècles d'oppression, où les hommes « étaient sans affection, » où nul ne songeait ni à l'instruc- tion, ni à la guérison, ni à l'affranchissement du pauvre; où le faible était constamment immolé au fort, le pauvre au riche, l'enfant à tous.
( XVI )
El cela se passait chez les nations les plus policées de l'ancien monde, aussi bien à Sparte et à Athènes que dans la Rome des consuls et des empereurs!
Un jour enfin, la lumière se leva sur l'univers avec la vérité qui devait nous rendre libres. Alors on entendit des voix qui chantaient : Paix aux hommes! Le Sauveur promis, figuré et attendu était né. A dater de lui, une autre ère commence. La face de la terre est renouvelée; l'individu, la famille, l'État, la société, les mœurs, les lois, tout change.
Au milieu de restrictions qui n'étonnent pas de sa part, un savant publiciste belge, adver- saire déclaré de l'Église, M. le professeur Lau- rent, l'a reconnu en ces termes :
« L'influence du christianisme sur la législa- » tion ne peut — dit-il — être niée. — La doc- » trine Èvangélique... était appelée à modifier » insensiblement les mœurs; et une fois les » mœurs imprégnées du sentiment de l'unité » humaine, tous les vices de l'ancien monde " disparaîtront « (1).
Cette prodigieuse métamorphose, Jésus l'a accomplie, Messieurs, sans décrets d'aucune sorte, sans révolution violente, sans force armée, pacifiquement, par le seul empire de sa
(1) Laurent. Etudes sur l'histoire de l'humanité. — Le Chris- tianisme.
( XVII )
parole de vie, rien qu'en prêchant le droit sou? forme de devoir et de vertus.
Il a dit : « Vois êtes tous frèresd); vous n'avez qu'un Père, qui est ;:iix Cieux (2) « C'était la proclamation de l'unité et de la fraternité hu- maines, d'où devait naître la liberté.
Il a dit : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu (3). •» C'é'ait la distinction nettement établie entre l'Église et l'État, qui devait être si féconde en biens.
Il a dit encore : « Les rois des nations exercent sur elles leur empire; pour vous, au contraire, que le premier soit le serviteur des aunes, comme le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (4). » C'était la nature bien définie du pouvoir, dans quelqu'or- dre qu'il s'exerce, et la condamnation du des- potisme.
L'Apôtre, qui avait été à l'école du Maître, a dit de même : « Le prince est le ministre de Dieu pour le bien •> 15).
Et pareillement en ce qui concerne l'égalité des hommes devant Dieu : « Il n'y a plus ni Juif
(i) Math. XXVlll, io.
(8) Matli. XXIII, 9.
3 Uath XXII, 21.
I Halli. XX, 28.
(5; Rom. XIM.
( XVIII )
ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; mais vous êtes tous un en Jésus-Christ » (i).
La voilà donc réalisée cette societas gêner i s humant qu'avaient rêvée les Stoïciens! Le voilà accompli ce relèvement si nécessaire de tout ce qui est faible, de tout ce qui avait été foulé aux pieds si longtemps et si cruellement !
Et joignant l'exemple au précepte — car il fut le premier à pratiquer et à enseigner — Jésus vint au secours de la faiblesse intellectuelle, par l'enseignement du pauvre; de la faiblesse phy- sique, par la guérison de la foule ; de la faiblesse morale, par le pardon accordé au péché et par l'appui efficace préparé à tous dans l'institution des Sacrements.
J'emprunte encore à l'écrivain que je citais à l'instant ces autres passages :
« L'antiquité était l'âge de la violence. Les » êtres faibles devaient plier sous les plus forts . . » Dès que le christianisme pénètre dans le monde " païen, la voix de l'humanité se fait entendre... » C'est une grande gloire pour la religion d'avoir » imprimé cette tendance à l'esprit humain. »
« L'action du christianisme devient plus sen- » sible dans la législation sur le mariage... La » société païenne n'avait pas le sentiment de la « pureté qui distingue la morale de l'Évangile ..
(1) Galat. III, 28.
( XIX )
« La virginité relève les femme? de leur abais- » sèment, l'idéal de la Mère du Christ les sanc- * tifie... » - Les Barbares étaient méprisés ou haïs dans
- l'antiquité : nés pour servir les tiers citoyens » d'Athènes ou de Rome, ils fournissaient les
- marchés d'esclaves et de gladiateurs... Le
- christianisme leur ouvrit Véglise, et plus » que cela les civilisa. *
L'auteur en question essaie d'attribuer la ma- jeure part de ce renouvellement universel à Faction du droit romain, « cette raison écrite », comme on l'a nommée; à l'action aussi des Bar- bares, et il croit que la philosophie eût pu par elle-même atteindre à ce progrès. Nous ferons remarquer, Messieurs, que le droit romain seul n'y avait certes point réussi avant Jésus-Christ, et que son influence efficace date du jour où l'esprit chrétien s'y introduisit. Quant aux Bar- bares, avant de recevoir d'eux quelque civilisa- tion, il a fallu —je reprends les mots de l'auteur
- que le christianisme leur ouvrit Véglise, et plus que cela les civilisât. De la philosophie je ne dirai qu'une chose, c'est que de la possibilité pour elle de renouveler les hommes au fait de les avoir renouvelés, la conclusion n'est pas légitime, outre qu'elle est d'une manière évidente contredite par l'histoire.
A propos de l'abolition de l'esclavage, l'écri- vain que je continue à citer, reproduit d'abord
XX )
le témoignage de Montesquieu dans Y Esprit des Lois (1) :
« Plutarque nous dit que, du temps de Saturne,. « il n'y avait ni maîtres ni esclaves. Dans nos » climats, le christianisme a ramené cet âge. »
Puis il ajoute, toujours avec des restrictions, son propre jugement :
« Le christianisme. . a eu sa part dans cette » grande révolution, en moralisant les classes » serviles et en répandant la croyance de l'éga- n lité humaine. «
L'auteur reconnaît donc que de l'égalité devant Dieu proclamée par Jésus-Christ est sortie l'éga- lité devant les hommes. Sans doute cela se fit par degrés, cela demandait du temps. L'escla- vage était une institution sociale; l'affranchisse- ment subit de la classe servile eût produit un bouleversement total et jeté dans la société une population indigente et corrompue.
L'Eglise dut opérer lentement la transforma- tion du monde et des lois : car elle exerçait son
5
action sur une société déchue, toute imprégnée de paganisme de la base au sommet, au milieu de persécutions sanglantes, à travers de redou- tables invasions, des guerres continuelles, d'in- cessants cataclysmes, de profonds déchirements intérieurs, nonobstant l'intéiêt et la passion coalisés, dans un Empire en dissolution : et ceci
(1) xv. -.
( XXI )
explique, pour tout observateur non prévenu, qu'à côté d'innombrables types de pureté, de douceur et de sainteté, il se soit rencontré encore longtemps, en dépii de l'Évangile, dans l'Église, mais malgré elle, malgré ses Pères, ses Souve rains Pontifes et ses Conciles, principalement parmi les païens récemment convertis, des indi- vidus qui tirent de lamentables chutes et des hommes cruels.
Jésus Christ n'a pas supprimé l'élément hu- main ; il l'a relevé, il Ta établi sur la voie du progrès, et ce progrès n'a d'autre limite que la perfection, la perfection de Dieu lui-môme, sicut Pater vester cœlestis perfectus est.
Eh bien, messieurs, voilà ce que la science du droit doit montrer, et ce que la science séparée et neutre couvre de silence ou s'efforce de dimi- nuer.
De là cet aveuglement qui n'a pas laissé entrer le Père de l'humanité et des lois régénérées dans le monument « dont trente législatures ont géné- reusement payé le prix », et dont, il a été dit, au jour de son inauguration, qu'il est - le type de » noire admirable civilisation, qu'il est la civili- - sation belge, civilisation perfectionnée, gêné- » reuse, protectrice. »
M. de Mazade, de la Revice des deux mondes, chargé de faire à L'Académie française l'éloge de M. de Champagny, prononça un dis ours remar- quable de fermeté et d'ironie, dans lequel il t 3-
( XXII )
tige à l'avance l'ingratitude de notre temps envers Jésus-Christ. Ecoutez :
« M. de Champagny — disait-il — n'était pas » de ceux qui se figurent que le progrès consiste » à retourner en arrière, au-delà de la croix, à » débarrasser les hommes de la doctrine qui les » a relevés, ennoblis, pour revenir à un paga- » nisme mal déguisé, et qui commencent par » bannir Dieu de leur évangile, les emblèmes » religieux des écoles, des prétoires, même des » asiles de la mort. Il ne croyait pas encore » cela! Il restait convaincu avec les plus illus- - très esprits de tous les temps, que cette doc- » trine descendue de la croix avait renouvelé la « terre, qu'elle avait pénétré dans les mœurs, •• dans les pensées, dans les lois, dans les insti- f> unions, et que, de ce travail auquel ont con- •• couru tant de peuples, tant de générations, est » sortie en définitive cette belle œuvre qui s'ap- « pelle la civilisation européenne. Ceci, il le » croyait pour l'avoir lu dans l'histoire, pour » avoir suivi en quelque sorte à la trace cette « influence chrétienne qu'il avait vue naître » dans la décadence romaine. C'était la convic- •• tion réfléchie d'un esprit éclairé par l'étude; » c'était aussi la foi profonde -d'une âme reli- » gieuse, et cette foi n'avait pour lui rien d'ab- » strait ou de simplement idéal; elle était toute « pratique, elle passait dans sa vie, dans ses » actions de chaque jour comme dans ses opi- » nions. »
( XXIII )
Quelle leçon, Messieurs, et quel exemple!
Ai-je besoin, pour compléter mes observations sur le sujet présent, de vous apprendre que les disciples ont été traités comme le Maître? Aucun d'eux n'a été jugé digne de pénétrer dans le Palais de justice de notre capitale.
J'y rencontre Cicéron et Démosthènes : et assurément, bien que la parole ait revêtu aujour- d'hui au tribunal une autre forme, ce sont là des princes de l'éloquence judiciaire.
J'y rencontre Ulpien, le grand légiste, qui lut malheureusement un persécuteur du nom chré- tien, et auquel il eût fallu du moins joindre Papinien, Gaius et Tribonien, lesquels partagent avec lui l'honneur d'avoir préparé l'œuvre de Juôtinien et d'avoir donné une forme impéris- sable, un corps, corpus juris, aux tempéra- ments chrétiens qu'avait successivement reçus le droit romain.
Cicéron, Démosthènes, Ulpien : tels sont les seuls types qui nous sont proposés par la science neutre. C'est en vain que je cherche un orateur, un légiste, un magistrat chrétien.
Nulle place pour Domat, un des pères du code civil, l'ami de Pascal, savant et religieux comme lui.
Nulle place pour Berryer, le maitre du barreau moderne, l'incomparable défenseur de toutes les causes opprimées, l'homme de fui qui, après avoir été l'avocat de tant d'autres, mourut en
( XXIV )
invoquant Celle qu'il appelait avec la Sainte Église : Advocata nostra!
Nulle place non plus pour Daguesseau, qui fut, au jugement de M- Viliemain, -le modèle des savants et des orateurs •» : puissant avocat, jurisconsulte émirent, chancelier illustre, le type- le plus accompli de l'intégrité, du désinté- ressement, du dévoùment au bien des particu- liers et au bien de l'État.
Nulle place enfin— je ne puis citer tous les noms belges justement célèbres — nulle place pour ce vénérable baron de Gerlache, l'honneur de notre magistrature, savant distingué, écri- vain d'élite, historien reconnu, ancien Président de ce mémorable Congrès national à qui nous devons le Pacte fondamental de 1830, œuvre de l'union qui fait la force, la Monarchie, ce palla- dium de notre indépendance, et l'auguste Dynas- tie qui nous a placés si haut dans la considéra- tion de l'Europe entière.
Loin de moi, Messieurs, l'intention de plaindre Domat, Daguesseau, Ben ver, de Gerlache. C'est un honneur d'être assimilé au Maître, d'encourir ia même proscription Ah! si on eut mis là leur- statue sans le Crucifix, qui avait toujours jusqu'ici présidé aux travaux de la justice, ils eussent protesté du fond de leur tombe.
J'ai fini ma tache. Messieurs, je conclus.
11 s'est levé aujourd'hui une science qui se prétend neutre et une science franchement
( xxv )
athée. Nous voulons nous une science franche- ment chrétienne. Nos dogmes, nos Livres saints, notre histoire sont attaqués au nom de la science; «.'est au nom de la science que nous les" défen- drons. Quelqu'un a écrit dans la Revue des (leur mondes que la période théologique est définiti- vement close et il appelle de tous ses vœux, non plus une Université neutre, mais une Université matérialis'e et athée. Nous sommes, Messieurs, une Université spiritualiste et catholique; nous ne l'avons pas oublié un seul instant, nous ne l'oublierons jamais. Notre science à nous, tout en se tenant constamment à la hauteur de tous les progrès, se maintiendra sans défaillance dans l'atmosphère religieuse et chrétienne où ont toujours pu respirer à l'aise et prendre leur essor tous les plus grands savants et toi. - plus fiers génies de la terre.
Messieurs les professeurs, Messieurs les étudiants,
Cinquante années couronnent notre chère Université catholique.
En avant! Dans 'a recherche de tou- les - crets de la science, dans l'étude de tous les problèmes qui peuvent intéresser l'humanité
En avant! Avec une ardeur nouvelle, avec un courage toujours plus viril, avec une conî; que rien ne démente jamais. La science est sem-
Ap. — 2
( XXVI )
blable à l'Océan. Elle a, comme lui, ses profon- deur-, ses mystères, ses silences, ses obscurités, et parfois ses tempêtes. N'ayons peur de rien; prenons le large, poussods notre vaisseau en pleine mer, duc in o.ltura.
Pour rendre nos recherches et notre pêche fructueuses, il y a Quelqu'un qui veille debout sur le rivage; et, pour nous diriger à travers les flots, il y a une Étoile qui brille toujours au firmament, celle-là même dont l'image domine les armes de l'Université.
Je vous salue, Étoile de la mer; c'est a votre lumière sereine et douce que j'ouvre aujourd'hui, en la place de NN. SS. les Évêques, Tannée aca lémique 1884-85 et le nouveau demi siècle qui commence.
FETES JUBILAIRES
CÉLÉBRÉES A l'0CCASI0> DU
CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE
DE L'UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN, LE LUNDI 12 ET LE MARDI 15 MAI 1884,
Un Compte -Rendu général qui a paru, donne tous les détails de ces fêtes (1). Il formera avec la Bibliographie académique le Libkh mémo- rialis de l'Université catholique.
Nous nous contenterons de reproduire ici le Programme général des fêles; le Rapport pré- senté par le Recteur; la liste des Docteurs hono. ris causa proclamés dans la séance académique du 12 mai; les Adresses, et enfin la Cantate jubilaire, le Studentenlied et Louvain! Souvenir du cinquantième anniversaire.
i l.ouva'ii. Ch. Peetcrs, rue de Namtir, 22.
Toute l'élite du pays ;i assisté aux lèh s jubilaires. Au Te Deum et à la Messe pontificale, la Scrénissime Maison d'Arcnhcrg occupait une tri bu ue d'honneur. Plusieurs députations de l'étranger xonl arrivées et une foule de télégrammes, adresses, etc. de lulicit liions ont été reçus. Toutes les maisons étaient pavoisees el l« villo regorgeai! de monde.
Programme général des fêtes
DIMANCHE II MAI, VEILLE DES SOLENNITÉS JUBILAIRES.
Fêtes des pauvres (1) organisée par la Société de Saint-Vincent de Paul
Sérénades à Mgr le Recteur et aux plus anciens professeurs de l'Université.
A 7 heures du soir, sonnerie des cloches et du carillon.
LUNDI 12 MAI, PREMIER JOUR DES FÊTES-
A 10 heures, réception, au collège du Saint- Esprit, des sociétés universitaires et des comités du cortège historique, par NN. SS. les Arche- vêque et Évêques de Belgique.
A 11 heures, lunch offert, dans les salons de la Société de Lecture, par le comité général du cortège, aux membres des comités provinciaux.
A la même heure, à la Maison des Étudiants, réception des délégués des universités belges et étrangères.
A 12 heures, Te Deum (2) solennel, chanté en
(lj Messe célébrée à Saint-Mic'nei, par Mgr le Recteur. Pendant la messe, sermon p3r M. le chanoine Van der Moeren ; communion générale des membres de la Société de St-Vincent de Paul et de leurs pauvres. Après la messe, repas de fête.
{ï) Tout le corps ep^copal était présent ainsi que Mgr van deu Branden de Reetli, M.gr Segliers, archevêque d'Orégon, le rêve
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l'église primaire de Saint-Pierre par S. G. Mgr l'Archevêque de Malines, assisté de LL. GG. NN. SS. les Évêques de Belgique.
A 1 heure, séance académique au grand audi- toire du collège du Pape :
1. Lecture du Bref pontifical, par M. le secré- taire de l'Université.
2. Rapport présenté par Mgr Pieraerts, Rec- teur magnifique.
3. Adresse de M. le comte Edouard de Liede- kerke, au nom des anciens étudiants.
4 Adresse de M. Wyseur, au nom des étu- diants actuels.
5. Allocution de S. G. Mgr Goossens, Arche- vêque de Malines.
6. Promotion des docteurs honoris causa par Mgr le Recteur de l'Université.
A 1 1/2 heures, première sortie du cortège his- torique (i).
rendissime prélat de Parc et un graud nombre de prélats du pays ei de l'étranger. La maîtrise de Saint-Pierre exécuta, sous la direction de .M. le chevalier X. vau Elewyck, le Te Deum de Wilzka, a\tc 1^ Patron immensœ majestatis et le Domine salvum fuc regem de M. le chevalier. A l'entrée et à la sortie, exécutiou de la marche jubilaire composée par M. le chevalier A. vau Elewyck, étudiant eu dro t.
(1) Comité général du cortège historique :
Présiient : M. Willems, sénateur.
Vice Présidents : M. Jules de Trooi , conseiller provincial M. il. Mascard, avocat.
Secrétaires : MM. Aug De Becker, docteur en sciences politique* «•t al nu nistrativcs ; Alb Vanden Stacpele, étudiant en droit.
Ap - t.
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A 4 12 heures, à la grande salie de la bibîio-
Trésorier : M. Jules Baguet.
Membres: MM. le comte de Medekerke Paillie, président del'As- sociatiou des Anciens Étudiants; de Troosleinbergh, L., docteur en droit; chevalier de ^NTal•guv, Léon; d'Udekem de Gnerteehiu, Léon; Damont, A., président de l'Union des ingénieurs; Orbun de Xivry. à., docteur en droit; Roberli, M., étudiant en droit; Sehol- iaert, F., avocat, conseiller provincial; comte van der Stegen de Sclirieck, A., docteur eu droit et en sciences politiques et adminis- tratives ; Van Even, archiviste; Ver nieylen, fils, F., statuaire; Wy- seur, A., président de la Société Générale des étudiants.
Partie ancienne.. — Groupe initial. Les premier; étudiai l'L'uiversite (\iîG).
Premier ciiar. Les fondateurs de l'Université (1426- 143-2).
Première série de groupes intermédiaires. L'Université de Louvain en 1450.
Deuxième char. Jean de Westplialie, introducteur de l'imprimerie en Belgique, imprimant en 1474 ton premier livre a l'Université de Louvain.
Seconde :>éne de groupes intermédiaires. Les nations de la Faculté des arts de l'Université de Louvain (commencement du xvie siècle).
Troisième char. Charles Quint, élevé à l'Université de Louvain en 4522.
Troisième série ie groupes intermédiaires. I. Le comte de Buren, fils de Guillaume le Taciturne, prince d'Orange, élève à l'Univers te eu 1506. 11. Albert et Isabelle se rendant à une leçon leJusi-- Lipse eu 1599 III. Les étudiants de Louvain revenant du siège de 1635.
Quatrième char. Le professeur Rega implorant la demeure du maréchal de Saxe en faveur de la ville de Louvain menacée de bom- bardement en 1746.
Quatrième série de groupes intermédiaires. Les 44 collèges de l'Université 'xvin' siècle).
Cinquième char. Le laron de Sécus, primns de l'Uni \ïr>ité de Louvain en 1778.
Sixième char. Les hommes illustres sortis de l'Université de lou- vain.
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thèque, aux Halles, banquet (1) offert aux auto- rités par le corps professoral.
A la même heure, banquet offert par la Société Générale des étudiants aux confrères des uni- versités belges et étrangères et aux anciens fon- dateurs de la Société.
A 8 heures, à la salle De Bériot, grande fêle musicale (2) organisée par l'Union chorale et symphonique des étudiants (500 exécutants;
MARDI 13 MAI, DEUXIÈME JOUR DES FÊTES
A 9 heures, messe pontificale (3) d'actions de grâces, célébrée en L'église primaire de Saint-
Partie moderne — Septième char. Char de l'industrie, tappclaut la fondation de l'école des mines a l'Université catholique.
Huitième char. Char de l'agriculture, rappelant la fond it on de l'institut agronomique a l'Université catholique.
Neuvième char. Apothéose de l'Université catholique.
(1) Les toastsoul été portes : Au Pape el au Koi, par Mgr Pieraerts, recteur magnifique; à NN. SS les Évêqnes, par Mgr Cartuyvels, vice-iecteur ; réponse de S. G. Mgr Goosseos, an bevèque de Matines ; aux invités, par M. le professeur Wiliems, secrétaire de l'Uni réponse de M. Delcour. ni"mbre de la Chambre des représentants.
(2) Programme: i. Cantate jubilaire, paroles de M. le professeur Descamps, musique de '..as<en. •». Le duetto de la Nuit. 5. Le chœur du Printemps, i. La Ronde des Etudiants, mnsiqne de Gouuod. 5. Grande cantate Van Arlerelde, musique de Gevàert. — Ce pro- gramme fut exécute sous la direction de M. Fischer.
(5) La messe composée par M Jules Busschop, pour le mar âge de LL. MM. le Roi et la Reme des Belges ; à l'Offertoire, le Tu a Petrut, de M. le chevalier X. van Elewyck ; après l'élévation, un ontel de Palestrina ; pendant le défilé du Ortège, la Marche jubilaire d< M chevalier A. van Elewyck.
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Pierre, par S. G. Mgr l'Archevêque de Matines, Primat de Belgique.
A 11 heures, dans la salle du collège de la Sainte-Trinité, grande fête musicale (1) organisée par la société universitaire Met Tijd en Vlijt (500 exécutants).
A 1 heure, aux Halles, assemblée générale de l'Association des anciens étudiants (2).
A 2 heures, deuxième sortie du cortège.
A 5 1/2 heures, à l'institut des Frères de Cha- nté, grand banquet universitaire (3), honoré de la
(1) Programme : 1. De Kollebloemen, cantate, paroles de M. Pol de Moût, musique de H. Tinel. 2. Studentenlied, poésie de M. Lebou, étudiant eu droit. 5 Drie Ridders, ballade, paroles de M. Claeys.
4. Zegemarsch de la cantate De Klokke Roeland. — Ce programme lut exécuté sous la direction du compositeur M. Tinel.
(2) La réunion a eu lieu à la salle des Promotions, sous la prési- dence de M. lecomteEd.de Liedekerke Pailbe. Lecture et adoption du procès. verbal. Rapport présenté par M. l'avocat C. De Jaer, secrétaire. Communications diverses. Renouvellement du bureau central.
Dans la matinée a eu lieu également la réunion spéciale le V Union des ingénieurs, sous la présidence de M. le professeur Dumont.
(5j Les convives étaient au nombre de mille environ. Les toasts ont été portés : Au Pape et au Roi, par Mgr Pieraerts, recteur magni- fique ; à l'Épiscopat. par M. le comte Ed de Liedekerke ; réponse de
5. G. Mgr Faict, é\èque de Bruges ; à l'Université, par M Beernaert. membre d>t la CLambre des représentants; aux anciens étudiants et aux étudiants actuels, par M. le professeur Dr Lefebvrt ; réponse de M. l'avocat G. Verspeyen, au nom des anciens étudiants; réponse de M. A. Wvseur. président de la Société Générale des Etudiants, au nom des étudiants actuels; op het uelzijn, den vooruitgang en de toekomst der Aima Mater, toast porté par M. l'avocat M. Jacob^, con- seiller provincial.
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présence de NX. SS. les Archevêque ei Evoques de Belgique.
A 8 î/i heures, fête de nuit au parc St-Donat. Feu d'artifice. Illumination générale de la ville.
A 10 heures, retraite aux flambeaux (1) orga- nisée par la Société générale des étudiants.
DIMANCHE 18 MAI, CLÔTURE DES FÊTES.
A 1 heure, troisième et dernière sortie du cortège. Le soir, seconde fête de nuit au parc St-Donat (2).
(l; Le lendemain des fêtes universitaires coïncidait avec l'anni- versaire solennel de .Mgr de Ram, premier recteur. NN. SS, les Evèques présents ont teuu a assister a la cérémonie, avec tout le corps académique en toge.
(2) Le lendemain deux proclamations furent adressées par il. le Recteur : l'une aux habitants pour les remercier de leurs uuauimes sympathies, l'autre aux étudiants pour les féliciter de leur magni- fique attitude pendaut toute la durée des fêtes.
RAPPORT
sur les cinquante premières années de l'Université catholique, par Mgr PIE- RAERTS, recteur magnifique.
Messeigneurs,
Messieurs,
Je ne puis mieux commencer ce rapport qu'en évoquant un grand et cher souvenir qui plane sur toute cette journée, et auquel les années ont donné un charme plus attendrissant.
Il y a un demi -siècle — c'était dans le courant de l'été de 1833 — Nosseigneurs les Évoques de Belgique se trouvaient réunis à Malines, cher- chant ensemble les moyens d'étendre l'enseigne- ment catholique, à la faveur de la liberté récem- ment garantie par le Pacte fondamental.
A l'origine , nos vénérés Pasteurs ne son- geaient qua fonder dans la ville métropolitaine un séminaire pour les hautes études théolo- giques et pour les cours de philosophie.
Après la première séance, Mgr Van de Velde, évêque de Gand, eut un entretien particulier avec l'archevêque, Mgr Sterckx. -Devons-nous — disait-il — nous contenter des études supé- rieures de théologie? Serait-il donc si difficile de créer d'autres Facultés encore, et même une Universitas stucliorum? »
( XXX Y
Le projet sourit au Métropolitain. Mais cora- . ment parer atix frais qu'exigerait cette colossale entreprise? Une partie de la nuit se passa à sup- puter les aumônes du clergé et des fidèles : car c'étaient les seules ressources sur lesquelles on pût compter pour le budget d'une Université catholique. Pourquoi hésiter? L'esprit de foi était vivace au sein du peuple belge et les béné- dictions du Ciel ne devaient point faire défaut.
Le lendemain, l'Archevêque proposa à ses augustes collègues le projet en question avec un plan élaboré dans les lignes principales. Mgr Dei- planque, évèque de Tournai, Mgr Boussen, évoque administrateur de Bruges, et Mgr Bar- reit, évêque de Naniur, ne pouvaient croire à la possibilité d'exécuter un tel dessein. Mais celui qui se récria le plus, ce fut Mgr van Bommel, évêque de Liège, destiné cependant à devenir le plus ardent promoteur, le protecteur constant et un des pères de l'Œuvre nouvelle.
Les explications fournies par Mgr Slerckx et par Mgr Van de Velde — que l'illustre mémoire de ces deux hommes de Dieu soit à jamais bénie ! — eurent bientôt calmé toutes les craintes. L'érection d'une Université catholique fut dé- cidée à l'unanimité des suffrages. De concert avec l'Archevêque, Mgr van Bommel proposa comme Recteur l'abbé de Ram, son ami, dont il connaissait toutes les aptitudes spéciales.
Saluons, Messieurs, ce Recteur incomparable
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ce génie d'administration, auquel nous devons les traditions toujours vivantes qui sont notre forée et notre honneur. Après un demi siècle écoulé, grand laps de temps pour les institutions humaines, grande mortalis œvi spatium, c'est encore à lui qu'on en appelle, comme à une autorité incontestée; et son nom, désormais historique, reste intimement lié à l'œuvre gran- diose, à laquelle 31 années durant, il présida avec tant de sagesse, de magnificence et d'éclat.
Mais poursuivons l'histoire de notre origine. Par lettre collective du 14 novembre 1833, le corps épiscopal s'adressa h Sa Sainteté Gré- goire XVI pour obtenir l'approbation nécessaire. La réponse pontificale ne pouvait être douteuse. Un bref du Pape, daté du 13 décembre suivant, érigea canoniquement l'Université catholique.
C'est ainsi, Messieurs, qu'une fois de plus la, religion fut l'inspiratrice du progrès intellectuel, comme elle l'avait été dans les siècles précé- dents, par la création d'abord des écoles épisco- pales, ensuite de leurs héritières, les universités, qui ont toutes, on ne peut l'oublier sans ingrati- tude, été marquées, au début, d'un sceau catho- lique.
Le pape Martin V, dans la bulle d'érection de Y Aima Mater, en 1425, parle du devoir qui lui est imposé comme chef de l'Eglise de dissiper les ténèbres de l'ignorance, d'étendre et d'en- courager autant qu'il est possible les sciences de
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tout genre, par le moyen desquelles de nou- veaux germes de prospérité se développent dans toutes les classes de la société.
Une même pensée présida à l'érection de notre Université catholique. Celle-ci, comme pour mieux affirmer son origine religieuse, eut pen- dant quelques mois son siège à Malines, sous les yeux mêmes de l'archevêque. Mais bientôt, ù la demande de la ville de I, ou vain et à la suite de négociations amicales entre l'épiscopat et le conseil communal, l'Université catholique fut transférée solennellement en son lieu naturel, au siège vénérable de l'antique Université créée, elle aussi, après les démarches de la ville près du duc Jean IV et du pape Martin V, et que. quatre siècles ont contemplée dans sa gloire, avec ses quarante-trois collèges, avec sa popu- lation d'étudiants, qui atteignait parfois le chiffre de plusieurs milliers, avec ses quatre Facultés des arts ou de philosophie, de théologie, de droit canonique et de droit civil, et enfin de médecine. A coup sûr, l'Université catholique recueillait un lourd héritage en succédant à ce célèbre asile des études qui avait possédé tant de maîtres ou formé tant de disciples éminents, des doc- teurs dans les sciences sacrées comme Adrien VI, Driedo et Stapleton; comme Tapperus, Rytho- vius, Hasselius, Ravesteyn et Sonnius, lumières du Concile de Trente (1); comme Lindanus, Luc
i Voir de Ram, Mémoire tur la part que le clergé de Belgique et
Ap. - 3
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de Bruges et les deux Jansenius (1); comme Malderus, Wiggers, Steyart, Hermannns Dame- nius, DaeSman et tant d'autres (2); des médecins comme Vésaîe. Réga et Verheyen (3); des chi- mistes comme Van Helmont et Minkelers, qui trouva le gaz de houille; des géographes comme Mercator; des botanistes comme Dodoens et Coudeberg, le père de la pharmacie belge; des érudits dans l'art chrétien comme Molanus; des historiens comme Raepsaet; des biographes comme Valère André ; des lettrés comme Érasme (4) et Vives; des philologues comme
spécialement les Docteurs de l'Université de Louvain ont prise au con- cile de Trente.
(i) Cornélius Jansenius, evèque de Gand, et Cornélius Jansenius auquel le plus célèbre adversaire des jansénistes, Hcrmanuus Da- menius a consacré le discours : Jansenius non fuit Jansenista (voir : de Hermanni Damenii tita et meritis oratio, par le Dr Haine, pro- fesseur de la Faculté de théologie de l'Université catholique). On peut dire que l'Ecole de Louvaiu était toute attachée au Saiul- Siege : le discours de cuthedra Pétri de Hermannus Dameuius e prouve, ainsi que son autre discours : De pontifiçio hoc oracuio : Uni- versitas Lovaniensis Sactœ Romance Ecclesia? devota et fidelis est filia.
(2) Parmi eux Baius qui enseigna des erreurs condamnées p r l'Église, mais dout le savant cardinal Toletus a dit : Fateor et fatebor nihil me vidisse Buio doctius, nihil Buio humilius (cfr. Wouters, Hist. Eccl., III, p. 02, Lov. 1865). L'illustre cardinal De Lugo, dans son traité de virtute fidei [disp. XX, sert. Il', u° 7i, tom. II, p. î. Pari- siis 1868) atteste : Pius V et Gregorius XIII... nullatn pertinaciam aynoientnt in Buio, qui semper calholicus fuit et Ecclesiœ obediens.
(5) Prodrome de l'histoire de la Faculté de médecine de l'ancienne Université de Louvain par C. Broekr.
i Érasme a professé des erreurs, ma's il est mort dans la corn-
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Juste-Lipse; des jurisconsultes comme Viglius, comme Wamesius, comme Gabriel Mudée dont le cher et si regretté Edmond Poullet a écrit : « Louvain peut s'enorgueillir de la part que ses » professeurs ont prise à la révolution qui fit " changer la face de la science du droit, en sub- » stituant l'enseignement théorique et synthé- » tique à la méthode presque barbare des » glossateurs. Gabriel Mudée prit en Belgique » l'initiative d'un progrès qu'il avait appris à » connaître en France, et c'est en grande partie » à ses élèves qu'est due l'introduction de la n méthode nouvelle en Allemagne. »
Je n'ai pas besoin, Messieurs, de rappeler plus longuement les commencements de notre Uni- versité. La suite vous est connue.
Religieuse, nous l'avons dit, est l'origine des centres de lumière que l'on appelle studia generalia; religieuse aussi est l'origine des jubilés, et je n'ai, pour en donner la preuve, qu'à emprunter à nos livres saints ce texte vieux de tant de siècles : Juoilœus est et quin- quagesimus annus.
C'était donc justice qu'avant tout nous rendis- sions grâces à Dieu, Te Deum laudamus. Vers
■union de l'Église. C'est lui qui a dit : « fît Lovanii coelum </«"</ tel ttalico prae feras, non amvenum modo, ver um etiam salubre. Xusquum stiutetur quittiut nec alibi felicior iwjen'.orum provent ut. Xusfjuam j,n f, atorum major aut paratior copia. »
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Dieu doivent s'élever nos chants de jubilé, Jubilate Deo. Comme nos docteurs, aux jours des promotions académiques, se rendent à la vénérable collégiale de Saint- Pierre, et là, se dépouillant des insignes de leur triomphe, les déposent humblement sur l'autel du Siège de la Sagesse, patronne de l'Université, notre fidèle Protectrice et Mère bien-aimée, ainsi il nous faut aujourd'hui dans un accent unanime rap- porter tout au Seigneur. Nous avons arrosé le modeste gland devenu au bout d'un demi-siècle ce chêne majestueux; mais c'est le Seigneur qui lui a donné la luxuriante croissance, objet de l'admiration du monde, incrementum autem dat Deus.
En \834, quand l'Université fit ses débuts à Malines, elle comptait 86 étudiants, parmi les- quels l'illustre Cardinal Dechamps et le savant évêque de Namur, Mgr Gravez, que Dieu a voulu du moins nous laisser assez longtemps pour qu'ils pussent bénir encore avec tendresse les préparatifs de notre jubilé.
Après cinq ans, le chiffre de nos inscriptions s'élevait à 590; au xxve anniversaire, l'Université comptait 754 étudiants; à la fin de la présente année académique, mère toujours féconde, elle pourra montrer avec une légitime fierté seize cents fils dignes d'elle.
Au lieu de treize professeurs qui figurent au programme des cours de 1834-35, nous sommes
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aujourd'hui septante, en y comprenant l'École normale des humanités, l'Institut agricole orga- nisé il y a six ans, et les Écoles spéciales créées en 1865, un des titres de gloire du rectorat de Mgr Laforêt.
Je viens de nommer ce savant et doux Recteur qui a été l'idole de la jeunesse universitaire, l'ami et le père de ses collègues, et dont la mort prématurée fut un deuil pour la science, une cruelle épreuve pour l'Université, un profon 1 déchirement pour nos cœurs. Déposons en- semble sur sa tombe honorée un tribut de pieux regrets.
J'ai dit, Messieurs, le nombre de nos étudianis actuels; vous jugerez quel est celui de nos an- ciens étudiants, lorsque vous saurez que le total des inscriptions prises depuis 1834 jusqu'à ce jour, est de 42,750.
Si nous divisons ce nombre par 5, chiffre qui répond à la moyenne des études universitaires sous les divers régimes d"examens, nous arri vons à un contingent de 8850. étudiants faisant en ce moment partie des classes dirigeantes dans presque tous les pays du monde.
Laissez-moi, Messieurs, répondre au senti- ment de vos âmes en envoyant une pensée et un souvenir à nos chers morts, à tant de pro- fesseurs, à tant d'étudiants qui ont passé parmi nous et qui ne sont plus de cette terre. Dans une fête de famille, les absents ne peuvent être
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oubliés, nous leur restons unis : car la mort ne saurait briser les liens du cœur ni nos espé- rances immortelles.
Ici chacun de nous se nomme tout bas ceux qu'il a connus et qu'il ne retrouve pas en cette fête. Mais pour moi, je ne saurais m'empêcher — et c'est un devoir de reconnaissance, — de prononcer à haute voix au moins un nom, le nom du dernier de nos morts, de ce savant et excellent Mgr Beelen, que la Providence est venue chercher à l'entrée même de nos fêtes, comme pour attirer notre attention spéciale sur lui et nous dire : voilà comment il faut jusqu'au bout servir la science et la foi.
Car ce service nous incombe; c'est le but même de notre institution; nous avons été éta- blis pour faire des hommes instruits et des chrétiens. Je vou Irais examiner brièvement, si nous pouvons nous rendre le témoignage d'avoir rempli cet important devoir.
Où sont nos hommes instruits, nos savants? Quels efforts avons nous tentés dans l'intérêt de la science? Je me bornerai à une sommaire énumération.
Dans la Théologie, l'annuaire de l'Université signale 96 promotions de licenciés et 22 de doc- teurs; pour le droit canon, 31 promotions de- licenciés et 10 de docteurs. Dans les Facultés laïques (je ne parle que des diplômes recon- nus par la loi) nous comptons 1249 docteurs en
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droit, 788 candidats notaires, 1045 docteurs en médecine (sans compter 156 docteurs créés avant la loi qui exigeait les trois doctorats réunis de médecine, de chirurgie et d'accouchements), 158 diplômes de pharmaciens, 128 docteurs en philosophie et lettres, 25 docteurs en sciences naturelles, 14 docteurs en sciences physiques et mathématiques.
Dans les Écoles spéciales de date plus récente l'Université a délivré 316 diplômes d'ingénieur des arts et manufactures, du génie civil et des mines; et, à l'École d'agriculture qui n'est que d'hier, 24 diplômes d'ingénieur agricole.
J'arrive aux distinctions scientifiques, recueil- lies par l'Université; et ici encore je mécontente d'énumérer :
Pour ne point parler des concours univerM- taires dans lesquels nos étudiants, quand ils ont voulu y participer, ont remporté plus d'une couronne, je dirai qu'il suffit d'ouvrir les an- nuaires de l'académie royale des sciences, des lettres et des beaux arts ou de l'académie royale de médecine, pour constater les grands soc obtenus non seulement par des membres du corps académique, mais encore par des étudia ou des anciens étudiants.
Concours annuels des deux académies royales, prix perpétuel de Stassart pour l'histoire natio- nale, prix quinquennaux des sciences moral ;s •et politiques, de la littérature flamande.
( xliv ;
oces naturelles ou des sciences médicales : partout nos professeurs, nos étudiants ou an- ciens étudiants ont mérité de nombreuses et éclatantes palmes.
L'ordre de Léopold, accordé par notre auguste Souverain, la dignité d'académicien décernée par les premiers corps savants du pays, furent pour un nombre considérable des maîtres de l'Université catholique la juste récompense de leurs importants travaux.
Mais la réputation de notre corps professoral s'est étendue bien au delà des frontières de la Belgique. Tant de décorations d'ordres étran- gers; tant de nominations dans presque toutes les Académies de l'Europe; à l'Institut de France trois professeurs membres, un grand prix des sciences physiques, des mémoires couronnés : .voilà, pour nous borner, quelques témoignages irrécusables rendus à la science des professeurs- de Louvain. Leurs travaux qui ont reçu tant de fois le plus explicite hommage des revues du pays et de l'étranger, même de celles qui suivent une direction religieuse et philosophique entiè- rement opposée à la nôtre, constituent à eux seuls toute une bibliothèque de publications dont la nomenclature va former la meilleure partie du Liber memorialis de l'Université catholique pendant cette période de cinquante ans.
Ce sont là les fruits glorieux du mouvement scientifique qui a toujours régné parmi nous^
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Ce mouvement a pu être constaté à chaque heure de notre histoire : témoin toutes les so- ciétés de littérature et de science qui n'ont cessé de fleurir dans notre sein depuis l'origine jus- qu'à ce jour; témoin le développement considé- rable donné successivement, surtout dans ces derniers temps, à nos musées, cabinets, collec- tions et bibliothèques; témoin la longue suite de laboratoires anciens et nouveaux, quelques uns tout récents, où la vie scientifique déborde avec- une abondance chaque jour plus marquée; témoin les cours nouveaux fondés en grand nombre, même en dehors des programmes offi- ciels, pour l'avancement des sciences, et parti- culièrement le cours de philosophie supérieure dû à l'auguste initiative du orand Pontife que Dieu a mis à la tête de son Église, et les cours de langues orientales qui font école dans le monde savant, autant et plus peut être que les cours similaires du collège des Trois- Langues de la première Université de Louvain
Tel est. Messieurs, notre bilan. Ii a été revu et signé par des autorités de la science. Vous vous en convaincrez tout à l'heure, quand j'aurai la joie de vous dire les noms de ceux qui cm accepté avec bonheur le titre de docteur honoris causa, à l'occasion de ces fêtes jubilaires, témoi- gnant ainsi que l'Université catholique de Lou- vain est une grande institution scientifique, et que lui être attaché par les liens du Doctorat
Ap. - 3.
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est un honneur, même pour ceux qu'une vie entière consacrée aux labeurs de la science a couronnés de célébrité et de gloire.
Nous avons donc servi la science. Mais avons- nous dans la même mesure servi la foi? Où sont les chrétiens de conviction et d'action sortis de nos mains?
Messieurs, regardez vous vous-mêmes; écou- tez les battements de vos coeurs, sondez vos sentiments intimes, interrogez vos croyances religieuses : n'est-ce pas que vous appartenez tous du fond de vos entrailles à Jésus-Christ et à' l'Église? Eh bien, Vous êtes nos fils, les fils de l'Université; c'est elle qui vous a nourris et élevés, et elle a bien le droit d'en être fière aujourd'hui devant Dieu et devant les hommes.
Mais cette assemblée, quelque nombreuse qu'elle se presse en cette enceinte, n'est qu'une faible députation de la grande armée du dehors. Salut à tous les fils fidèles de Y Aima Mater! Ils se trouvent partout à la tête des œuvres de Foi, et rien ne se fait sans eux pour la cause de la vérité et du bien.
N'tntendez-vous pas. Messieurs, répéter chaque jour que l'Université de Louvain est le boulevard de la foi dans notre belle et noble patrie; que là est la force, l'espérance et le salut, parce que là régnent les saines doctrines, parce que là tous les efforts tendent au maintien des bonnes mœurs, parce que là les jeunes gens
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trouvent des sociétés que j'appellerais volontiers des sociétés de préservation et de' secours mu- tuels : les Conférences de la Société de saint Vincent de Paul qui ont fait naître et qui ali- mentent continuellement dans le pays entier tant d'autres Conférences où Ton conserve la foi sous l'égide de la charité; la Sodalité de la sainte Vierge, qui n'inscrit plus au nombre de ses membres, comme sous la première Univer- sité, des empereurs et des rois, mais dont les fasies toujours illustres enregistrent à l'heure présente sept cent quatre vingt-quatre étudiants, enrôlés sous le nom et le drapeau de Marie; la Conférence de saint Thoma» dWquin, héritière de la Milice angélique de l'ancienne Aima Mater, et qui groupe en un cercle d'élite ceux qui ont pris pour Protecteur spécial le saint Docteur donné par Léon XIII comme patron aux Universités catholiques du monde ; V École d'adultes qui présente au ciel et à la terre ce touchant spectacle de soixante-dix jeunes gens employant chaque soir leurs heures de récréa- tion à instruire et à moraliser les fils des ou- vriers, et que rien ne fatigue, rien ne décourage, quand il s'agit de se dévouer à une œuvre dont le but est d'ennoblir les âmes, de prévenir les cataclysmes, de se porter courageusement au secours île la société en détresse.
Enfin, Messieurs, à Louvain, je le ré; la force, l'espérance et le salut, parce que la,
( Xi. VIII )
l'esprit est profondément chrétien, et que l'Uni- versité n'a pas peur de montrer publiquement ses croyances, soit que précédée de la croix elle parcoure, bannières déployées , au chant des prières liturgiques, les rues de la cité, chaque fois que le successeur de Pierre ouvre sur le monde les trésors et le pardon du jubilé; soit qu'elle organise, au mois de mai, avec une ar- deur qui augmente d'année en année, ces beaux pèlerinages à pied, parmi les cantiques et les prières, vers le sanctuaire de Notre-Dame de Montaigu, que nos Princes jadis ont fondé et où nos Princes encore vont accomplir, à l'édifica- tion de la Belgique catholique, le vœu de leur royale piété.
Le Souverain Pontife sait ces choses de l'Uni- versité catholique : et voilà pourquoi il nous a réservé pour ce jour la plus belle récompense qu'il nous est possible d'ambitionner : un admi- rable bref tout rempli de tendresse et une pater- nelle bénédiction sortie de son cœur ému pour être le gage assuré de nos destinées futures.
Nosseigneurs les Évoques aussi savent ces choses : et voilà pourquoi les chefs augustes et pères bien-aimés de l'Université ont tenu à venir tous, tous sans exception, présider nos fêtes, nous apporter leurs félicitations et leurs vœux, unir leur bénédiction à celle de Léon XIÎIV le Pontife des hautes études et de la paix.
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Enfin, le pays.et l'étranger savent ces choses : et voilà pourquoi une multitude immense esl accourue avec des acclamations, qui s'adr. s- sentsans doute à l'Université de Louvain, centra fécond de science, mais d'abord et surtout à l'Université catholique, centre vivant de foi.
La science est l'honneur d'un pays et la foi est sa meilleure sauvegarde : en sorte que l'Uni- versité de Louvain, en même temps qu'elle est une institution scientifique et religieuse, est aussi une institution éminemment patriotique et nationale.
Nous le disions, il n'y a pas longtemps, devant le Représentant du Roi dans la province :
- Trois vénérables monuments, si rapprochée
- qu'ils semblent s'embrasser, ne cessent de
- nous rappeler notre but et notre histoire : les
- vieilles Halles universitaires, c'est adiré la » science; l'hôtel de ville, représentation magni-
- tique de nos franchises et de nos libertés histo
- riques; la somptueuse collégiale de St-Pierre,
- témoignage toujours debout de la foi de nos » pères, qui nous a vus tant de fois prier pour » la Belgique et pour le Roi.
» La science, nos libertés traditionnelles,
- notre foi : voilà un demi- siècle que nous y
- sommes fidèles. *
Ces paroles, Messieurs, nous aimons à les ré- péter aujourd'hui ; oui, nous avons été fidèles à la science, à nos libertés, à notre foi. Demand ez
( I- )
le à ces quatre professeurs (1) de notre première année académique à Louvain — deux profes- seurs émérites et deux professeurs encore ensei- gnant — que la Providence semble avoir voulu nous conserver jeunes de forces et de cœur comme pour être nos témoins en ce jour. De- mandez-le aussi au plus ancien de nos étudiants, au fils aine de V Aima Mater devenu plus tard son guide, respecté et tendrement chéri, à ce vénérable Mgr X amoche, le créateur du collège Juste-Lipse, du nouvel Institut anatomique, de l'École d'agriculture, le fondateur de la Maison des Étudiants, ce légitime objet de ses soins et de son orgueil paternels! Ah! Combien nous iegrettons que son grand âge, sa sensibilité et sans doute aussi son extrême modestie l'aient empêché de venir ici, par sa présence, témoi- gner pour nous et recevoir en même temps de nous tous le tribut d'hommages dû à l'écrivain, à l'érudit, au noble chef île l'Université, notre ami et notre modèle.
Messieurs, j'ai étalé un peu longuement peut- être nos titres d'honneur. Toutefois ce n'est pas notre gloire que j'ai cherchée : non nobis Do- mine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam. Un voile d'humilité doit couvrir les œuvres chrétiennes; mais il doit être permis de lever ce voile au moins une fois, afin que les hommes
\) MM Craninx, Smolders, Michaux et Van Beneden.
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voyant nos œuvres glorifient le Père qui est aux cieux, ut videant opéra vestra bona et glorift- cent Patrem vestrum qui in cœlis est-
Mais il faut abréger, car voici l'heure de la reconnaissance :
Vive et filiale reconnaissance à Sa Sainteté Léon XIH, l'illustre Pontife glorieusement ré- gnant, qui ne cesse de donner à l'Université catholique des preuves éclatantes de son estime, de sa confiance, de son affection, comme avaient fait avant lui le saint Pape Grégoire XVI, notre fondateur, et cet immortel Pie IX dont le nom est encore sur toutes les lèvres, le souvenir dans tous les cœurs.
Respectueuse reconnaissance au Roi qui gar- dant envers l'Université les sentiments haute- ment reconnus de son auguste Père, a daigné, par un don de royale munificence, s'associer à nos fêtes et sous le règne duquel l'enseignement supérieur a été doté d'une loi d'affranchissement éminemment en harmonie avec l'esprit de la Constitution de 1830, et déjà si féconde en pro- grès scientifiques dus à l'initiative et à la liberté.
Profonde reconnaissance à Nosseigneurs les Évêques qui ont hérité de tout l'amour de leurs généreux prédécesseurs pour l'Université, et qui mettent aujourd'hui, par leur présence ici, le comble à tous les bienfaits de l'Épiscopat : car cette présence atteste l'union intime de VAlma Mater avec ses chefs, des enfants avec leurs
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Pères, de la partie choisie du troupeau avec les Pasteurs.
Reconnaissance au cher et noble clergé belge qui nous a soutenus pendant cinquante ans de ses ardentes et précieuses sympathies avec une constance, une abnégation, un dévouement auxquels nous ne pouvons penser sans émotion.
Reconnaissance au pays catholique qui, ayant trouvé dans sa loi assez de ressources pour la fondation de l'Université, en a su trouver aussi pour son maintien et pour son développement, et qui, en ces jours de gêne générale, a voulu pourtant s'imposer encore des sacrifices extra- ordinaires pour organiser, par le concours de tous, ces magnifiques fêtes jubilaires dont le souvenir marquera dans nos annales.
Reconnaissance à la ville de Louvain qui nous a appelés au siège de l'antique Aima Mater, nous honorant d'une confiance aujourd'hui si bien justifiée et mettant à notre disposition les locaux et les richesses scientifiques du passé,
- pour l'avancement des études, pour la gloire du pays, pour le bien-être des habitants. « Ainsi s'exprimait dans cette même salle, lors de l'in- stallation de l'Université, M. le bourgmestre Van Bockel. Et il ajoutait : - Ah! si le bonheur » m'était réservé de voir encore une fois accou-
- rir cette belle et généreuse jeunesse, l'espoir
- des familles, l'élite de l'avenir de notre heu- * reuse patrie, je me verrais au comble de mes
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- vœux. ■ Ces vœux sont remplis, et nous avons élevé à M. Yan Bocltel, dans la collégiale de Saint-Pierre, un monument qui est le témoigna de la gratitude publique.
Messieurs, je n'ai pas tout dit, tant la liste de nos bienfaiteurs est longue!
Reconnaissance à la presse dont l'appui ne nous a jamais fait défaut, qui a pris constam- ment en mains tous nos intérêts, qui s'est tou- jours fait un devoir d'ouvrir ses colonnes à tout ce qui regarde le mouvement et la vie acadé- miques, et qui a véritablement bien mérité de l'Université.
Reconnaissance à Y Association des anciens Étudiants et à V Union des Ingénieurs, œuvres providentielles, venues en leur temps, pour pro- curer à tant de frères moins heureux des biens autrefois très abondants, mais dont la source ne saurait tarir, parce que cette source, c'est la foi et c'est la charité.
Reconnaissance aux familles chrétiennes qui continuent, souvent par un effort de courage, à nous conîier leurs fiis; et aux établissements d'instruction moyenne qui, chaque année, nous envoient ces jeunes gens — au nombre de 40U — bien préparés, vertueux, ayant appris à respec- ter l'autorité, à aimer l'ordre et le travail.
Et ici, chers étudiants de la Belgique et de 1 étranger, je m'adresse à vous, non pour vous remercier vous aussi (un père ne doit pas remer-
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cier ses enfants), mais pour vous présenter à Nosseigneurs les Èvêques, à cette noble assem- blée, au pays, à toutes les nations auxquelles vous appartenez, pour vous présenter, dis je, comme notre gloire la plus pure, comme nos plus précieux trésors, ou, selon l'expression de l'Apôtre, comme notre joie et notre couronne.
Et si je l'osais, je présenterais également au nom des grands Recteurs qui ont précédé ma faiblesse, cette légion d'anciens étudiants, aussi courageuse, aussi dévouée à Jésus- Christ que la légion thébaine; et levant les yeux au ciel, je m'écrierais : « Seigneur, c'est votre oeuvre, et elle est admirable sous nos yeax. Domine, opus tuu/n. et est mirabile in oculis nostris. »
C'est vers vous, monseigneur le Vice- Recteur et messieurs les Professeurs, que je me tourne en rïnissant. A vous en particulier la reconnais- sance de Y Aima Mater!
A vous, messieurs les Professeurs émérites, qui nous avez laissé de si beaux exemples à imiter et qui pouvez légitimement dire devant les triomphants résultats des cinquante années de notre vie universitaire : quorumpars magna fui.
A vous tous, mes honorés et bien chers col- lègues. A vous, Faculté de théologie, dont les savants travaux sont si grandement appréciés, au point qu'une célèbre Revue américaine, par- lant des docteurs de la Belgique, leur adresse ce
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cri de reconnaissance : « Proficiant! Les écoles de Rome elles-mêmes (ont usage de leurs livres et ils prennent place parmi les premiers dans l'Église de Dieu! » (i). Oui, à vous, Faculté maî- tresse, qui avez donné à notre Mère la Sainte Église un martyr aux jours néfastes de la Com- mune (2), comme votre devancière avait compté plusieurs disciples parmi les martyrs de Gor- cum; à vous qui avez fourni des missionnaires aux pays les plus lointains, des docteurs aux deux continents, des théologiens et des cano- nistes au concile du Vatican, un Cardinal-Arche- vêque au siège de Malines, un Archevêque au siège de Varsovie, deux Archevêques et cinq Évêques à l'Amérique, grâce â l'un desquels — nous pouvons l'espérer — les États-Unis auront bientôt à leur tour une université catholique, qui vérifiera le mot de Montalembert : « L'Uni- versité de Louvain est le modèle des universités futures. »
A vous, Faculté de droit, d'où sont sortis tant de magistrats intègres, des représentants de la nation, des hommes d'État, des conseillers de la Couronne, qui avez su établir, au sein même de la capitale, tout un barreau composé de vos dis- ciples; à vous dont les docteurs tiennent toutes les plumes au service du droit et portent la
(1; The Pastor. Janvier ol mms 1883. 1 !• Il P. Tardieu.de la ccHigrégatioD des Sacrés Cœurs (Picpus).
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parole dans toutes les assemblées où se débattent les grands intérêts de l'Eglise et de la Patrie belge.
A vous, Faculté de médecine, justement re- nommée, qui avez occupé tant de sièges à l'Aca- démie et qui depuis cinquante ans envoyez par- tout des médecins instruits, des médecins chré- tiens. C'est par vous que l'Université est si popu- laire en Belgique et que nous avons le droit de nous écrier comme les chrétiens des premiers siècles : Xous remplissons les villes et les vil- lages.
A vous, Faculté de philosophie et lettres, qui malgré l'ardeur des controverses brûlantes et au milieu de l'agitation des questions les plus épi- neuses, avez su néanmoins conserver toujours la soumission dos esprits et des cœurs à la sainte Église romaine ; à vous qui avez eu une si grande part dans les travaux sur l'histoire nationale et sur notre belle littérature flamande, et qui parmi vos autres titres d'honneur pouvez-vous glorifier de voir bon nombre de vos disciples occuper avec éclat des chaires de haut enseignement dans les Universités officielles.
A vous, Facuité des sciences, que les acadé- mies ont si souvent récompensée, qui n'avez peur — vous l'avez prouvé — d'aucun progrès accompli ou à accomplir, d'aucune découverte faite ou à faire, d'aucune lutte scientifique sou- tenue ou à soutenir; à vous qui avez largement
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contribué à ranger notre Université parmi ■ les plus célèbres universités du monde », pour em- ployer les termes mêmes dont se servait l'Uni- versité d'Edimbourg lorsqu'elle nous invitait aux fêtes de son trois centième anniversaire
A vous enfin, Écoles spéciales et Institut agri- cole, deux fondations sœurs, également utiles, également nécessaires, et j'ajouterai également chères à tous, qui, jeunes encore, avez déjà jeté un très vif éclat et placé le nom de Louvain dans une auréole nouvelle jusqu'au delà des mers. L'antique Aima Mater bénit ces fils qu'elle n'avait point connus et qui s'apprêtent à devenir un des plus riches fleurons de son diadème.
Ma lâche est terminée.
Quand un père de famille, un magistrat, un prêtre célèbrent leur jubilé d'or, il se mêle à la fête un sentiment mélancolique : car les années ont emporté la meilleure partie d'eux-mêmes, c'est la fin qui approche.
Il n'en est pas ainsi du jubilé d'or d'une insti- tution qui a ses racines dans le passé et dont on peut dire qu'elle fait partie intégrante de la vie nationale. Appuyée sur les sympathies de la nation et de l'étranger, forte comme la foi dont elle est l'œuvre, privilégiée, l'Université de Lou- vain peut regarder l'avenir d'un œil tranquille et assuré. Elle marchera de progrès en progrès — car le progrès est la loi de la science comme elle est celle de la vie — et elle verra, de gêné-
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ration en génération, sa jeunesse se renouveler comme celle de l'aigle, renovabitur ut aquilœ juv entas tua.
Et maintenant, Messieurs, je vous invite tous, ceux du passé et ceux du présent, à rendre ensemble publiquement gloire à -Dieu , senes cum junioribus laudent nomen Dominî, et à acclamer Jésus-Christ. C'est lui , c'est Jésus- Christ que nous voulons servir en servant — comme je crois l'avoir prouvé par des faits — la science, la religion et la patrie!
Liste des Docteurs a honoris causa»).
THEOLOGIE.
Son Éminence le cardinal Simor, primat de Hongrie.
Mgr Hettinger, professeur à l'Université de Wurzburg.
Don Vicente de ia Fuente, doyen de la Faculté de droit de l'Université de Madrid.
DROIT.
M. Lucien Brun, membre du Sénat français, professeur à la Faculté catholique de Lyon.
M. Demolombe, professeur de la Faculté de droit de Caen.
M. Vering, professeur de droit romain et de droit canonique à l'Université de Prague.
MÉDECINE.
M. Ceccarelli, médecin en chef de l'hôpital de l'Enfant Jésus et de l'hôpital Fate bene fratelli, à Rome.
M. St George Mevart, membre de la Société royale de Londres.
PHILOSOPHIE ET LETTRES
Mgr Baunard, professeur à la Faculté catho- lique de Lille.
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M. le commandeur de Rossi, conservateur des musées du Vatican, membre de l'Institut de France.
M. le baron von Ertling, professeur à l'Uni- versité de Munich, membre du Reichsrath.
M. Léon Gautier, professeur à l'École des chartes de Paris.
Mgr Janssen, professeur d'histoire à Franc- fort sur-le-Mein.
M. ltalo Pizzi, professeur de langues orien- tales à l'Université de Florence.
M. Schaepman, professeur au Séminaire d'Utrecht, membre de la seconde Chambre des Pays-Bas.
M. Auguste Snieders, le grand romancier flamand.
Mgr Salvatore Talamo, préfet des études du Séminaire pontifical à Rome, secrétaire du con- seil de l'Académie de St-Thomas d'Aquin.
Mgr Van Weddingen, aumônier de la Cour, l'un des trente membres de l'Académie romaine de St-Thomas d'Aquin.
M. Arthur Verhaegen, ingénie^ honoraire des ponts et chaussées, auteur de Y Histoire des cinquante dernières années de V ancienne Université de Louvain.
SCIENCES.
Sa Majesté l'Empereur du Brésil, membre de l'Institut de France et de l'Académie royale de Belgique.
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S A. Impériale et Royale l'archiduc Rodolphe, prince héritier d'Autriche, auteur de savants travaux sur l'ornithologie.
Son Éminence le cardinal Haynold. arche véque de Colocsa (Hongrie).
M. le prince Baldassaro Boncompagni, mem- bre de l'Académie des Nuovi-Lincei.
M. Barré de Saint Venant, comte romain, membre de l'Institut de France.
M. J. B. Dumas, secrétaire perpétuel de l'Aca- démie des sciences de Paris, membre de l'Aca- démie française et de l'Académie royale de Bel- gique.
M. D'Abbadie, membre de l'Institut de France.
M. de Lapparent, professeur à la Faculté catholique de Paris.
M. De Lesseps, membre de l'Institut de France.
M. Albert Gaudry, membre de l'Institut de France.
M. Pasteur, membre de l'Institut de France et de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'École normale de Paris.
M. George Ville, professeur et administra leur du Musée d'histoire naturelle à Paris.
A ces noms il faut ajouter deux promotions qui ont été faites avant ou après les fêles, mais à l'occasion du Jubilé, savoir .-
Docteur honoris causa de la Faculté de philo-
Ap. — 4
( LXII )
sophie et lettres, M. Beaune, ancien procureur général aux cours d'appel d'Alger, d'Aix et d'Alger, professeur à la Faculté catholique de droit de Lyon, auteur avec M. J. d'Arbaumont de l'ouvrage intitulé : Les Universités de Franche- Comté.
Docteur honoris causa de la Faculté de théo- logie. M. le chanoine Walsh. sénateur de l'Uni- versité royale, secrétaire du synode national d'Irlande, président du grand séminaire de Maynooth.
Adresse du Corps académique à Sa Sainteté LÉON XIII
Beatissime Pater, i minibus sane notura est, sed tamen nostris hisce temporibus memoratu di- gnum Ronianos Pontiflces, orthodoxae fidei vindices ac magistros, non modo reli- gionis sed litterarurn quo- que incrementis quovis se- culo quam maxinio studio inrubuisse. Ad tam salutare in^titutum ab eis provisum est sive erectis ubicurnque scholis, efl'ormatisque piis simul ac doctis antecesso- ribus, sive sapientissiniis editisconsti tut ion ibus, sive conditis etiam universita- tibus studiorum celeberri- mis : ita quidem ut eos historiatestetur non minus civilissocietatisbonoquam religioni et bonis artibus christianae juventutis con- BUluis
inbM-ijuaepraeclara pon- tiflciae BOllicitudinis docu-
Très Saint Perl.
Un fait de notoriété uni- verselle et qui mérite ce- pendant d'être rappelé, dans les temps où. nous sommes, c'est que les Pon- tifes romains, défenseurs et maîtres de la vraie foi, ont travaillé avec le plus grand zèle, à toute époque, au développement non-seu- lement de la religion mais aussi des sciences et des lettres. Ils ont pourvu a l'accomplissement d'un but si salutaire, soi t en érigeai) t partout des écoles et eu assurant la formation de professeurs à la fois pieux et savants, soit en publiant les constitutions les plus sages, soit encore en fon- dant les Universités les plus célèbres. Aussi l'his- toire leur donne-t-elle le témoignage qu'ils n'on ! moins servi les intérêts d<j la société que ceux de la religion et de l'instruction de la jeunesse chrétienne.
Parmi tant de pr<": éclatantes de la sollicitude
( LXIV
rnenta non inflmo loco re- censeri débet Lovaniensis illa Academia quae a Mar- tino V° S. P. erecta A" 1425 amplissimis et ornata fa cultatibus per quatuor fere secula totius Belgii populis veluti fax praeluxit et rei- publicaeinnumera contulit bénéficia. Quae cum seculo praeterito ad finem ver- gente in universa rerurn perturbatione eversa ja- cuisset, -consilio episcopo- rum nostrae regionis, fa- vente imprimis S. P. Gre- gregorio XVI feiicis memo- riae. omnium catliolicorum voto et sumptibus surrexit, egregium spécimen an tiqui foederis divinam inter humanamque sapientiam praestitura.
Haec igitur per dimidiam hujus seculi partem ita adolevit, ut plus quam x millia alumnorum quorum mores fidem tuita est ad varia societatis civilis vel etiam sacrae bierarchiae munia obeunda praepara- verit; et adeo sibi paren- tum animos devinxit,ut in dies crescat numerus dis-
pontificale, ce n'est pas au dernier rang qu'il faut men- tionner cette Université de Louvain qui, fondée par le souverain Pontife MartinV, en 1425, et enrichie de très larges privilèges, a été, pendant près de quatre siè- cles, la lumière de toute la Belgique et la source d'innombrables avantages pour l'Etat Renversée à la fin du siècle dernier dans la perturbation universelle des institutions, elle se re- leva par l'initiative de nos êvèques,à la faveur surtout de l'autorité de Grégoire xvi d'heureuse mémoire, d'après les vœux et avec les générosités de tous les ca- tholiques, pour fournir un brillant exemple de l'an- tique alliance entre la sa- gesse divine et la sagesse humaine.
Aussi, pendant le d?mi siècle qui vient de s'écouler, elle a pris de si heureux développements, que plus de dix mille jeunes gens qui lui avaient confié le soin de conserver leurs mœurs et leur foi, ont été prépares par elle a l'exercice des di- verses fonctions de la so- ciété civile ou même aux
( LXV )
cipuloruni quorum MDi anno proxime elapso re- censebantur); et omnium, etiam adversariorum, con- sensu non modo de scientia deque litteris bene mérita, sed totius gentis ornamen- tum, patriaeque decus exis- timetur.
In tanta certe theologo- rum, jurisperitorum, me- dicorum, doctorum philo- sophiae et scientiae natu- ralis péri toi uni virorum etiam ingenio artes exco- lentium propagine impri- mia elucet tidei constantia, amor Ecclesiae, vita chris- tianis imbuta principiis : ita ul Aima Mate)' Lova- niensis non modo flrmissi- mum reipublicae subsi- dium per optimos cives i)Uu.s aluit, sed etiam acer- rimos doctrinae et liber- tatis ecclesiae vindieesnec- non omnis veri assertores omnisque boni opinces et patronos per fllios suos praestare merito gloriari
devoirs de la hiérarchie
sacrée; elle a su tellement B'al tacher les familles que chaque jour, croit le nom- bre de ses élèves le recen- sement de l'année dernière en comptait seize cents), et que de l*aven de tous, même des adversaires, tout en ayant bien mérité de la science et des lettres elle est considérée comme l'hon- neur du pays tout entier ht l'illustration de la patrie. Dans cette multitude d théologiens, de juriscon- sultes, de médecins, de docteurs en philosophie, d'hommes versés dans la connaissance des sciences naturelles , d'ingénieur- sortis de son sein, ce qui brille surtout c'est la cons- tance de la foi, l'amour de l'Eglise, une vie pénétrée des principes chrétiens : a ce point que notre Aima Matera droit de se glorifier non-seulement d'être un des plus fermes soutiens de l'Etat par les excellents citoyens qu'elle a é\> mais aussi de fournir dans la personne de ses tlls d'ar- dents défenseurs de Te; gnement et de la 1 1 ' r: lt ] i - < * . des protecteurs
Ap - 4.
(. LXVI )
Quapropter. quum jam faventeDeoquinquagesima recurrat faustissimae in- staurations anniversaria dies. meinores istiusprae- cepti quod in Levitico profertur : •• Sanctificàbis annum quinquagt simum quia et quin-
qjMtgesimus a •• Lev.
XXV . attollimus manus nostras ad Deum Optimum. Patrem luminum, totius boni Fontem; ad Deum scientiarum Dominum ex- pandimus gratos animos pro collatis Academiae nostrae beneîîciis; attolli- mus et oculos ad illam Pétri sedem undejugissol- lieitudo et benedictio di- vina iu nos abunde mana- verunt. In mentem potissi- mum reeurrit. B. P. quod Tu, in hac exceisa sollicitu- dine constitutus, quemad- modum olim et academiam nostram Tuà praesentià cobonestare non dedigua- tus es, ita et mine, licet totius Orbis obrutus nego- tiis, licet doloribus oppres- sus universalis Ecclesiae et
la vérité s us toutes ses formes, des hommes dé- voués au bien et à toutes ses œuvres.
-st pourquoi, profitant de la faveur divine qui nous permet de célébrer le cin- quantième anniversaire dune heureuse restaura- tion, nous souvenant de ce précepte du Lévitique : ■• Vous sanctifierez la cin- quantième année parce que c'est Je Jubile et la cin- quantième année » .Lev. XXV . nous levons les mains vers le Dieu très bon, Père des lumières, Source de tout bien; nous nous répandons envers ce Dieu, maître des sciences, en sen- timents de gratitude pour les bienfaits accorde notre Université; nous por- tons aussi nos regards vers cette chaire de Pierre d'où nous sont venus des gages d'une incessante sollici- tude et les flots de la I diction céleste.
Une pensée surtout se présente à notre esprit, c'est que Vous, Très saint Père, établi dans c charge sublime, Vous qui, autrefois avez daigne ho- norer de votre prés
( LXYII )
in ipsa Orbe veluti exul. tamen scientiarum incre- mentis,rectae philosophiae instituendae, instaurandis historicis studiis irapense providere non desinis. Imo et nos vehementissime mo- vet quod nullam deseris occasionem quin ostendas quanto et nos et gentem nostram amore prosequi digneris. Inter haec tam praeclara tantae benevo- lentiae documenta illud quoque recenser! juvat quod optiniam philoso- phandi tramitem doctri- namque D. Thomae in scholis catholicis propa- gare enixe studueris. no- vumque inde academia nostra increnientum a Te gratuletur acceptum.
.•Kquum est igitur ut in bac solemni opportunitate, B p. Academia Lovaniensis
notre Université, aujour d'hui encore, malgré Vos
accablants soucis pour le monde entier, malgré les douleurs de l'Eglise un ; selle qui pèsent sur Vous, tout condamné que Vous soyez à une sorte d'exil dans Votre propre ville éternelle, Vous ne lais pas de pourvoir largement aux progrès des scieno l'établissement des fonde- ments d'une saine philoso- phie, à la rénovation des études historiqu* sommes aussi profondé- ment émus en voyant que Vous n'omettez aucune oc- casion de témoigner Votre grand amour pour nous et pour notre pays. Parmi tant de preuves de Votre insigne bienveillance, nous aimons aussi à mentionner Votre zèle à propager dans les écoles catholiques cellente méthode phi phique et la doctrine de St-Thomas et nous tei a signaler avec reconnais- sance le nouvel honneur qui en est résulté pour notre Université.
il est donc juste qu'en cette circonstance solen nelle. T. S. P.. l'Unive
( LXVII1 )
Tibi grates persolvat dé- bitas : et sicut Te, aman- tissimuni Patrem Protecto- remque fiâissimum tenero nliorum affectu veneratur. ita quoque Te, Cliristi Vica- rium, Pétri successorem, totius Ecclesiae Pastorem et infallibilem Magistrum, summâ cum reverentià, surama religione fldeliter agnoseit. in liisce tempo- rum aerumnis illud certe non parvam animo tuo consolationem attulit.quod crescente periculo crescat etiam in dies omnium bo- norum in Pétri sedem fldes et amor. Nos igitur hodie LXXIV Doctores istius Aca- demiae Lovaniensis ad pe- des Sanctitatis Tuae provo- luti, liumillimum fidei, pietatis, gratissimi et obse- quentissimi animi testimo- nium deferimus, probe te- nentesAcademiam nostram quo magis adhaerebit Pe- tro, eo magis in docendo adhaesuram veritatis. ge- nuinamque gloriam uber- rimumque laboris fructum consecuturam.
de Louvain Vous paie le tribut de sa gratitude. En Vous, elle vénère avec une tendresse filiale un Père, très aimant, le Protecteur le plus fidèle, mais en Vous aussi elle reconnaît avec le plus profond respect, avec la soumission la plus reli- gieuse, le Vicaire de J. C le successeur de Pierre, le Pasteur et le Docteur infail- lible de toute l'Eglise. Dans nos temps malheureux. Vo- tre cœur n'a pas dû voir sans consolation croître de jour en jour avec les dan- gers le dévouement et l'a- mour des hommes de bien pour le Siège de Pierre. Et, en ce jour, nous les LXXIV professeurs de cette Uni- versité de Louvain, pros- . ternes aux pieds de V. s.. nous Lui offrons l'hom- mage de notre piété filiale, de notre vive reconnais- sance, de notre parfaite obéissance, persuadés que plus notre Université s'at- tachera à Pierre, plus aussi son enseignement s'atta- chera à la vérité et plus elle en retirera une vraie gloire et des fruits abondants pour ses travaux.
( LXVIX
Sanctltatis Tuae devotis- De Votre Sainteté, simi obsequentissimi. filii. Les fils très dévoués ef
très obéissants,
c. PIERAERTS, Univ. Cath. Rect. magn.
C. CARTUYVELS, » vice-Rector.
P. WILLEMS, a Secretis.
R. VAN DER MOEREX,S. Fac. Theol. p. t. decanus.
J. THONISSEN, Fac. Jur.
E. HUBERT, Fac. Med.
F. COLLARD, Fac. Phil.
H. PONTHIÈRE, Fac. Scient.
Lovanii indiefestoS.Tho- Louvain, jour de la fête mae Aquinatis, 1884. de St-Thomas, L884.
Bref de Sa Sainteté au Corps académique.
LEO PP. XIII.
Dilecti Filii, Salutern et apostolicam Benedictio- nein.
Accepimus ex litteris ves- tris qnas die sacra S- Tho- raae Aquinati ad Nos de- distis. vos quinquagesimo anno jam appetente cuni Academia ista in universa rerum perturbatione supe- riore seculo exeunte ever- sa, Pastoribus istius regio- nis curantibus.sufîïagante in priuiis Gregorii XVI praedecessoris Nos tri aue- toritate felicibus auspiciis restituta fuit, fausti istius eventus solemnia communi gratulatione celebrare de- erevisse, ac Deo scientia- rum Domino debitum ho- noreni tribuere gratamque voluntatem testari. quod propitio numine istius no- tilissirni studiorum domi- cilii, incolurnitati et glo- riae prospexit. Hac occa- sione muneris vestri pu- tastis. Dilecti Filii. huic Apostolicae Sedi oui Aca-
LÉON XIII, PAPE,
Chers Fils, Salut et Béné- diction apostolique.
Nous avons appris par la lettre que vous Nous avez adressée en date de la fête de S. Thomas d'Aquin, qu'a l'approche du cinquan- tième anniversaire du jour où votre Université, après avoir été renversée dans le bouleversement général qui marqua la fin du siècle dernier, a été rétablie sous d'excellents auspices par les soins de vos Pasteurs et surtout par l'appui de l'autorité de Grégoire XVI, Notre Prédécesseur, vous avez résolu de célébrer par de communes actions de grâces la solennité de cet heureux événement, de ren- dre à Dieu, le Maitre des Sciences, l'honneur qui Lui en revient et de Lui témoi- gner votre gratitude pour la faveur providentielle, avec laquelle II a veillé a la conservation et à la gloire
( LXXI I
demiae vestrae exordia et jugl8 sollicitudinis curas debere meministis, pecu- liare testimonium fidpi pie- tatis et obsequii unanimi studio exhibere, déclaran- tes nihil vobis potins esse, quain supremo Ejus ma- gisterio firmiter adhaerere ac divinae humanaeque sa- pieutlae foedere sancto ser- vato, Christianae Juven- tutis bono et utilitati con- sulere. Gratissimae Nobis fuere hujusmodi vestrae declarationes veris Eccle- ?iae tiliis omnino dignae, nec minus delectati sumus intelligentes ex litteris vestris, magno alumnorum numéro qui in spem Pa- triae et Religionis succres- cunt sedem istam florere, severiores ist hic doctrinas tradi ad eam rationem quam Nobis cordi esse no- vlstis, et omnes a vobis cu- ras impendi, ut cuni scien- tiarum et artium laude recta morum disciplina vi- geat. atque ita catholicum istud Institutum jure ac merito totius gentis orna- menturn patriaeque decus •'Xistimetur.Aequum igitur est, Dilecti Filii, ut béné- ficia Dei erga vos. hoc tem-
de ce très illustre asile des études. A cette occasion, vous avez cru de votre de- voir, Chers Fils, d'attester d'une manière toute parti- culière et avec un empres- sement unanime vos senti- ments de foi, de piété, de soumission envers ce Siège Apostolique, auquel votre Université, ainsi que vous le mentionnez, est redeva- ble de son origine et des attentions d'une sollicitude incessante; et vous décla- rez que vous n'aspirez à rien tant qu'à rester fer- mement attaches a son su- prême enseignement et à travailler au bien et à l'a- vantage de la jeunesse chré- tienne en respectant scru- puleusement l'accord de la foi et de la science hu- maine. Elles Nous ont été très agréables ces déclara- tions tout à fait dignes de vrais fils de l'Eglise, et. avec un non moindre plaisir. Nous avons conclu de votre lettre que votre Institut fleurissait par le grand nombre des élèves dont les générations successives font l'espoir de la Patrie et de la Religion; que le haut enseignement y était don m*
( Lxxir )
pore potissimum recolen- tes, debitani Ei gloriam gratissimis animis habea- tis, atque operam detis, ut tum ex ea memoria quain celebratis cujus eo major est gloria. çpio majores uti- litates es ista Universitate in sacram et civilem rem profluxere, tum ex divina protectione quam féliciter experti estis, anirni vestri ad demerendam magis ma- gisque Dei opem, et ad par- tes strenue obeundas nobi- lissimi vestri muneris ala- crius incitentur. De Nobis autem sic volumus persua- sum habeatis, Nos Acade- miam vestram non minori existimatione ac benevo- lentia prosequi.quam olim cum in ista regione versa- remur, cujus in Nos studia dulci cum sensu recorda- mur; inimo eo libentius liac occassione gratulatio- nem Nostram vobis expro- niimus, et dilectionem pro- ritemur, quo magis intelli- gimus Nos in prosequendo benevolentiaeXostrae tes- timoniis ordini vestro, uti- lem in hoc ipso operam rectae doctrinae,virtuti ac religioni praestare. Votis Hiitem quae bac opportani-
d'après les principes que vous savez Nous être à cœur, et que vous consa criez tous vos soins à main- tenir, en même temps que votre renom scientifique et littéraire, une saine disci- pline morale: de telle sorte que cette institution catho- lique mérite d*ètre regar- dée comme l'honneur de toute la nation et la gloire de la Patrie. Aussi est-il juste, Chers Fils, que. vous rappelant tout spéciale- ment en cette circonstance les bienfaits de Dieu envers vous, vous lui en rendiez gloire, le cœur tout péné- tré de reconnaissance, que, animés non seulement au souvenir de l'événement dont vous célébrez l'anni- versaire et dont la gloire est en proportion des grands et nombreux ser- vices rendus par votre uni- versité à la société reli- gieuse et civile, mais en- core à la pensée de la pro- tection divine qui s'est si heureusement fait sentir dans votre œuvre, vous vous appliquiez à mériter de plus en plus le secours de Dieu et à remplir avec une ardeur toujours plus
( LXXIII )
îpitis pro incolu- mitate et dignitate istius iioiiilissimaedisciplinarum >sedis.Nostraetiam ex corde conjungimus, Dilecti Filii, et Patrem luminum ac auc- torem bonorum omnium e iTuso cordis affectu roga- mus, ut ili ea concordia quam rectus animorum consensus efflcit, in flliali observantia Episcopalis anctoritatis quaesummam dignitatis vestrae curam
b, vestra virti trina . pi Jtas, veluti fax seniperpraeluceat soi; quaerentibus sapientinm, utque vestrorum alumno- rum in omni taudis génère praeclarus ardor spes Pa- triae et Ecclesiae cumulate iini>leat. ac divina vos be- nignitate .iugiter prose- quente Academia vestra novis in dies inerementis eiïbirescat prosperitatis et gloriae. Haec ut féliciter ex voti- - contin-
, Apostolicam Bene-
ionem vobis Dilecti Fi- lii, singulis uni versis.cunc- tisque alumnis disciplinae vestrae, in auspicium om- nium caelestium gratia- rum et munemni, et in pi^nuspaternaedilectionis
vive les devoirs de votre mission. Quant a NOUS,
z persuadés que Nous n'avons pas moins d'estime et de bienveillance pour votre Université qu'a l'é- poque à laquelle NousNoub trouvions dans ce pays où
s avons recueilli marques d'attachement dont Nous gardons l'heu- reux souvenir; bien plus, en cette occasion. Nous vous sdi <>s félici-
tations et Nous vous expri- mons hautement Notre affection d'autant plus vo- lontiers que Nous compre- nons mieux qu'en accor- dant à votre corps acadé- mique le témoignage de Notre bienveillance > travaillons utilement par là même aux progrès des saines doctrines, de la vertu et delà Religion. Aux qu'en cette heureuse cir- constance vous formez pour la conservation <J très illustre foyer éludes et pour le maint de la haute considération dont il est environné, Nous joignons les Nôtres de toul cœur, Cbers Fils, et Nous demandons ardemment et avec effusion au Père des
Ap.
5
( LXXIV )
Nostrae.peramanJerinDq- Lumières, Auteur de tous mine impertimus. les biens, que, unis entre
vous par ce lien des cœurs qui resuite de l'accord des esprits dans la vérité, fina- lement soumis a l'autorité de vos Evéques. qui ont la haute direction de votre digne corps académique, votre vertu, votre doctrine, votre piété soient comme un flambeau éclairant ton- jours et guidant ceux qui cherchent la solide sagesse; que vos élèves, par leur brillante ardeur pour tout ce qui est grand et noble,, comblent les vœux de la Patrie et de l'Eglise, et que. objet constant des bienfaits divins, votre Université fleurisse et croisse de jour en jour en prospérité et en gloire. Pour que Nos vœux de bonheur se réalisent, Nous vous donnons très affectueusement ChersFils. à tous et à chacun de vous en particulier, et à tous vos élèves la bénédiction apostolique, comme pré- sage de toutes les grâces et faveurs célestes et comme gage de notre tendresse.
( LXXV )
Datum Romae apud S.Pe- trum die 30 Martii. An. 1884.
PontiflcatusKostriAnno
Septimo.
Léo PP. XIII.
Dilectis Filiis,
Constantino Pieraerts , Rectori, Administris et oribus Decurialibus Aoadeiniae Lovaniensis.
Donné à Rome, près de S. Pierre, le 31 mars de l'an
18S4.
De notre Pontiflca* septième.
LÉox XIII. Pape.
A nos Chers î
ConstantinPieraerts Rec- teur, à ses aidf<. et au corps professoral de l'Uni- versité de Louvaiu.
Lovanium.
a Louvain.
Adresse à Sa Majesté Léopold II.
Sire,
L'Université catholique de Louvain est à la veille de célébrer le cinquantième anniversaire de sa fondation. A cette heure solennelle la pensée de tous les membres du corps acadé- mique s'élève vers le Chef auguste de la dynas- tie qui a su se concilier le respect et 1 affection de la Belgique entière en demeurant le ferme soutien de la paix et de la prospérité nationales.
La part que Votre Majesté a daigné prendre à nos fêtes jubilaires (1), en nous rappelant bien d'autres preuves de sa haute sympathie, remplit les cœurs des maîtres et des élèves d'un senti- ment d'inaltérable gratitude.
Membres d'une institution éminemment natio- nale, nous offrons respectueusement l'hommage de notre fidélité au Chef de la nation, au Gardien suprême de toutes nos libertés politiques et religieuses, au Protecteur éclairé des lettres et des arts, au Roi qui encourage tous les nobles efforts, toutes les tentatives généreuses.
Fondée sous le règne de votre auguste Père, l'Université catholique de Louvain, fille de la religion et de la liberté, a continué de grandir
(i) Sa II jj esté a gracieusement fait don d'une somme do nulle francs pour le cortège 1. storique.
( LXXV1I )
depuis l'avônement de Votre Majesté; pendant un demi siècle elle a fourni, à toutes les car- rières, des milliers de citoyens unissant aux lumières de la science, la fidélité aux convic- tions religieuses qui sont le plus ferme appui des états, le dévouement à la patrie et l'amour de nos institutions nationales.
Nous sommes certains de répondre aux vœux de Votre Majesté, Sire, en nous efforçant de remplir avec un zèle infatigable la noble mission qui nous a été confiée de former aux sentiments qui nous animent la nombreuse et patriotique jeunesse qu'amène à Louvain la confiance des familles.
En déposant au pied du trône cet hommage d'inaltérable fidélité, nous sommes heureux, Sire, d'associer à l'expression de notre profond respect le nom de l'auguste Souveraine dont les aimables vertus sont le plus bel ornement du trône et le digne objet de l'affection d'un peuple entier.
De Votre Majesté, Les très humbles et très dévoués serviteurs.
Le Recteur et les membres du Conseil rectoral au nom de l'Université catholique de Louvain.
Louvain, 4 mars 1884 (1).
i Celte adresse a été remise dans une audience que Sa Majesté a daigné accorder à Mgr le Recteur Le Roi a exprimé toute sa haute
satisfaction et forme les meilleurs vœux pour l'Université, pour le « orps académique et pour les étudiants.
Adresse à NN. SS. les Évêques de Belgique.
Messeigneurs,
Au moment où l'Université catholique s'ap- prête à célébrer le cinquantième anniversaire de sa restauration, nos cœurs reconnaissants se tournent vers les Chefs auxquels, après Dieu, nous sommes redevables de cinquante années d'existence et de prospérité.
Ce que la courageuse initiative de nos pre- miers évêques avait eu la gloire de fonder, leurs dignes successeurs ont eu le mérite de le main- tenir et de le développer, à l'admiration de l'Eu- rope chrétienne, grâce à la constance éclairée de leurs sollicitudes, à la sagesse paternelle de leur direction, à l'inépuisable générosité de leur concours.
Dans quelques jours il nous sera donné de rendre au Très -Haut de solennelles actions de grâces; dans quelques jours il nous sera donné, Messeigneurs, de Vous voir au milieu de nous présider à nos fêtes jubilaires et recevoir l'hom- mage d'un respect filial et d'une gratitude d'au- tant plus désireux de s'affirmer, que nos évêques, défenseurs de tous les droits religieux, sont plus péniblement accablés aujourd'hui de travaux, de soucis, d'anxieuses sollicitudes.
( LXXIX )
Parmi tant de peines il est au moins une préoccupation qui leur est épargnée. Lorsqu'ils repassent en esprit tant de causes saintes dont la garde leur est confiée, nos évêques peuvent lire que l'Université catholique s'efforce plus que jamais de répondre à leurs vœux et de leur donner une consolation exempte d'inquiétude par la paix dont elle jouit, par son respect des
•mes doctrines, par l'union de tous ses mem-
•5, par le zèle et le succès avec lesquels elle poursuit l'alliance salutaire des sciences avec la foi, par le bon esprit qui anime sa nombreuse jeunesse, par la confiance qu'elle inspire aux familles et le renom dont elle jouit à l'étranger. Affermie dans ces sentiments qui la rendent chère à tous les chrétiens, puisse-t-elle demeurer toujours le digne couronnement des œuvres d'éducation qui sont la force et la gloire du catholicisme dans notre pays! Indissolublement unie à ceux qu'elle révère comme ses Chefs et
a Pères dans la foi, puisse-t-elle répondre de mieux en mieux à leur paternelle sollicitude, et a rvir d'une manière de plus en plus efficace les intérêts de la science, de la religion et de la patrie!
Tels sont les vœux que nous vous prions, Messeigneurs, d'agréer et de bénir comme l'ex- pression du profond respect et de la vive grati-
( LXXX )
tude avec lesquels nous avons l'honneur d'être
De Vos Grandeurs, Les fils très respectueux , très obéissants et très dévoués, Le Recteur et les membres du conseil rectoral.
Louvain, le 19 mars, fête de St-Joseph, patron de la Belgique.
Lettre de NN. SS. les Evêques au Corps académique.
A Mgr le Recteur et à MM. les Professeurs de V Université catholique.
Messieurs,
Les sentiments exprimés dans la lettre que vous nous avez adressée à l'occasion du jubilé de l'Université catholique, sont une grande con- solation de notre ministère épiscopal dans les r împs difficiles que nous traversons.
[/Université catholique constitue à nos yeux la plus importante institution destinée à sauve- garder la foi de nos contrées. Elle est à bon droit l'objet incessant de nos sollicitudes comme elle est notre gloire devant l'Eglise universelle. Grâces soient donc rendues au Très-Haut de nous avoir permis d'assister au triomphe paci fique qui a fait briller à tous les yeux l'excellent esprit dont l'Université est animée, la prospérité croissante de ses développements, l'ordre qui règne parmi sa chère et nombreuse jeunesse, la place qu'elle occupe dans l'estime de la Belgique et de l'étranger.
En répondant, Messieurs, aux sentiments de foi et de dévouement qui respirent dans votre ac.resse, c'est pour nous un devoir en même
Ap. — 5.
( LXXXII )
temps qu'un bonheur d'exprimer publiquement au Recteur, au corps professoral tout entier la reconnaissance de l'Église et des familles chré- tiennes. L'Université catholique, Messieurs, n'est autre que vous-mêmes. C'est vous qui êtes les principaux dépositaires de sa gloire et les pre- miers auteurs de sa prospérité.
Une mission bien haute vous a été dévolue. Appelés en participation de nos sollicitudes, vous avez été choisis par nous pour enseigner tomes les doctrines de la vérité divine et toutes les traditions de la sagesse et de la science humaines. Tel est le champ immense ouvert à votre activité. Appuyés sur la certitude de la vérité chrétienne, vous approfondissez toutes les recherches du savoir humain, et vous restez à la hauteur du mouvement intellectuel de notre temps. Louvain plus que jamais doit être un foyer de science sérieuse qui rayonne sur tout noire pays. C'est le but que sauront réaliser vos nobles travaux.
La Providence vous a réunis, Messieurs, dans un milieu paisible entouré d'honneur afin que vous fussiez les infatigables pionniers de la science en même temps que les gardiens et les défenseurs de toute vérité. Vous montrerez de plus en plus, et dans toutes les sphères de l'ac- tiviié intellectuelle, qu'aujourd'hui, comme à travers les âges, le Christianisme est encore le héraut de la vérité sociale, de la vérité scienti-
( I. XXXIII )
ii jue, «le ld vérité philosophique, comme de la vérité religieuse. Ut fdii lucis ambulate.
Qu'ils sont grands les intérêts qui reposent sur cette noble mission d'enseigner! Et quel magnifique devoir, Messieurs, que celui de for- mer des hommes et de préparer l'avenir de notre pays! Car il y a plus ici qu'un enseigne- ment d'école, il y a une grande œuvre patrio- tique et toute la gloire d'un apostolat. Nous, Evoques, chargés de pourvoir- au salut des âmes, à la conservation du patrimoine religieux de ces contrées, nous qui ne pouvons ni ne voulons rester étrangers à aucun des intérêts de la pa- trie, et qui voyons chaque jour la portée d'une éducation chrétienne supérieure, nous vous disons avec toute l'émotion de nos sollicitudes pastorales : Appréciez le dépôt qui vous est remis par la confiance des familles chrétiennes et par la confiance de l'Église, cette mère im- mortelle! Continuez à être pour vos élèves plus que des maîtres, à être des pères! Vous ne croyez pas, et nous vous en félicitons, avoir rem- pli toute l'étendue de votre devoir, lorsque vous avez répandu la science du haut de vos chaires, et assuré le travail par la sanction d'un examen. Votre âge, vos travaux, l'exemple de votre vie, votre légitime renom vous donnent une immense action sur ces jeunes âmes. Vous vous en servez pour fermer des hommes et des chrétiens. Ils vous seront redevables de quelque chose de bi< n
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autrement précieux que des notions profession- nelles et que la science même; ils acquièrent par vos exemples et dans vos entretiens, par vos encouragements et par vos conseils, l'éner- gie virile du caractère, le dévouement au bien, l'amour de la Belgique et de son glorieux passé, l'attachement à la divine foi de nos pères !
Nous comprenons sans peine , Messieurs r l'étroite union qui règne à Louvain entre les maîtres et les disciples, et dont nous avons été les heureux témoins pendant toute la durée des fêtes jubilaires. A quels beaux spectacles il nous a été donné d'assister! Sans doute, c'était un splendide cortège que ce cortège historique pro- menant avec tant de dignité et d'éclat à travers les rues de la vieille cité universitaire la glo- rieuse histoire du passé de Y Aima Muter et l'apothéose du présent. Mais ce qui nous a le- plus émus, c'est cet autre cortège de tant de sociétés universitaires où les protèsseuis con- fondus avec les élèves s'adonnent librement à toutes les œuvres de la piété et de la charité chrétiennes, comme aux travaux de la science %et de la littérature; ce sont ces marques non équivoques de l'affectueux respect dont .a jeu nesse entoure ses maitres, son Recteur, l'auto- rité; ce sont surtout les longues et unanimes acclamations qui ont salué dans les vastes assemblées du jubilé, toutes les grandes et saintes causes. Jésus-Christ, l'Église et la Pairie!
( LXXXV )
Puisse l'Université persévérer fermement dans cette voie! C'est ainsi qu'elle répondra dans une prospérité durable à l'attente de l'Eglise, au concours que lui donne la Belgique chrétienne, aux nécessités scientifiques et religieuses de notre temps, et qu'elle méritera de plus en plus la bénédiction du Ciel, que nous appelons sur vous de tout notre cœur.
Malines, le 15 mai 1884.
t Pierre-Lambert, archev. de Malines.
t Jean-Joseph, évêque de Bruges.
t Henri, évêque de Oand.
7 Victor-Jos., évêque de Liège.
t Isid.-Jos , évêque de Tournai.
f Ed.-Jos., évêque de Namur.
Lettre des étudiants à S. S. Léon XIII.
Sanctissimo Domino nos- tro Leoni PP. XIII, Pon- tifici Maximo.
Beatissime Pater.
NosalumnlAcademiaeLo-
vaniensis in universalem coetum congregati arque quinquagesimum ab erecta 111 .- 1 Acadeinia aunum ho- dierna luce célébrantes . Sanctitati Tuae vota nostra atque aniuii nostri sensus expromere eupimus. Quid in Te atque iri sorte Tua, Beatissime Pater, venere- mur, diligarnus, defleamus atque summis exoptemus votis. siguificare nobis ii- cent. ut plane Lnnotescat filios tuos Acaderniae Lova- nieusis discipulos pro ge- nuinis esse habendos ut- pote qui catholieum e na- tivo fidei et caritatis fonte hauriant spiritum.
Profecto in Te. Beatis- sime Pater, Petrum vene- ramur,cui tanquam nrmis- -simo fundamento, medio
A Sa Sainteté Léon XIII, Souverain Pontife.
Très Saint Père.
Élèves de TUniversité de Louvain. réunis en Soc i
raie et célébrant au- jourd'hui le cinquantième anniversaire de la fonda- tion de l'Université, nous ne pouvons résisier au plai- sir de déposer aux pieds de Votre Sainteté nos vœux et l'expression de nos sen- timents. Qu'il nous soit permis de redire avec la vénération et l'amour filial dont nos cœurs débordent, tout ce que la situation du Saint-àiege nous inspire de regrets et de vœux ardent.-. Nous prouverons ainsi que les élevés de l'Université de Louvain sont vos vrais fils, des fils qui puisent aux sources pures de la foi et de la charité, un esprit vraiment catholique.
En Vous, Très Saint Père, nous vénérons la PU
rée qui, au milieu de tant d'erreurs et dans le
( LXXXVII )
In errorumconflictu atque humanarum opiuionum tmine, imitas Eccle- innititur; Pontiflcem .s quera summa ac ple- sinja in rébus divinis ignoscenda potes tas; orem, rjui aniversos Christi discipulos. omnica- ligine falsi nominis >cien- patefacta, sana doc- fcrina uberrime imbuît; irem denique qui tum i tum exemplo nos in "lis tutis- -rodit- Quae mil- ita in Tu - itate reneramur. ut la singula- rem admirationem rapia- mur, considerando qua animi fortitudine atque
- antiaEcclesiaeh vincas, fidèles confirmes, universos, ■• tanquam Deo ante per Te, « ad viam
via verae in terris felici- perducere coi
Praeterea in Te Patrem
mus. qui nihil inten-
tatum relinquit quod ad
offlcium paternae provi-
pertineat. rnum
tourbillon des opinions hu- maines, maintient sur un fondement inébranlable l'unité de
tife qui dispose des choses divines avec une puissance et une autorité qu'ici-bas personne n'a le droit de limiter; le Docteur qui dis- sipe les ténèbres amonce- lées par de fausses théories et fait briller dans ton | éclat la lumière des vraies doctrines; le Pasteur enfin dont la parole et l'exemple nous font trouver une pleine sécurité dans le ber- cail de Jésus-Christ. En •rant ces prérogatives de Votre Sainteté, nous ne pouvons voir, sans être ravis d'admiration, cette force d'àme. cette incompa- rable énergie qui triomphe de tous les ennemis de l'Eglise, affermit tous les fidèles et s'efforce d'amener tous les hommes sur le chemin où nous trouvons, avec le bonheur du temps, les promesses du salut éternel.
En outre, nous Vous ai- mons. Très Sainl 1 comme le plus dévoué des pères. Rien n'échappe à Votre solliciti ne
( LXXXVIII )
autein est quod,utpoteAca-
demiae lovaniensis alumni, silentio premere nolumus, nimirum curamillam qua Doctoris sapientissimi ac Patris providissimi rem- uera miscens. buinanarum disciplinarum progressum, renovato antiquaephiloso- pliiae rumine, bummopere fovere atque recto iramite promoverevideris. Sanctis- simum igitur pariter ac gnitissimum nostrum est officiurn Aiiianiissiroo Pa- tri gratias referre imo ex corde prolatas neque un- quam defuturas.
Verum,Beatissime Pater, non possumus quin expri- mendo nostra erga Sancti- ta'tem Tuarn. venerationis ac graiitudinis sensa. plu- rimam luctus causam rere- riaraus. Lugem-us et qui- dem veliementer monita Tua quae pro sapientia Tua saluberriina , ad populos christianos dirigis, non raro cum summo anima- rum et universae societatis damno fuisse neglecta ; lu- gemus in patria nostra veterem consuetudinem, quae foedere faustissimo
lasse Voi;1 zèle. Mais il est un bienfai t cher entre tous» que nous, élèves de l'Uni- versité de Louvain, nous ne pouvons passer sous si- lence. Inspiré par la haute sagesse du Docteur et la prévoyance du Père, Vous avez voulu rendre son éclat à l'antique philosophie. C'e>t ainsi que Vous donnez un essor nouveau aux sciences humaines et que Vous les poussez en avant sur la route du progrès et de la vérité. Qu'il nous est doux de Vous en témoigner notre gratitude; cette gra- titude Tous reste à jamais acquise !
Mais à ces sentiments de vénération, d'amour et de reconnaissance que nous Vous exprimons, se joint, Très Saint Père, un pro- fond sentiment de tristesse. Oui. nous le déplorons du fond de nos âmes : les avis, que Votre sollicitude, tou- jours si bien éclairée et si noblement inspirée, envoie aux peuples chrétiens, ont été, pour le malheur des Ames et de la société, trop souvent méconnus. Nous déplorons aussi la rupture des relations heureuses et
( LXXX1X )
Inter Sanctifcatem Tuam et gubernium Régis vigebat, fuisse abruptam; lugemus potissimum neque salis de- plorare unqnam poterimus dominium Tuum tempo- rale, quod tum origine lé- gitima et sacra, tum con- tinuis Sanctae Sedis béné- ficias ac populi Romani votis per tôt rétro secula conservatum, ad servan- dam incolumemet ab omni servitute immunem Tuam spiritualem potestatem , non modo utile, verum in ois rerum adjunctis plane necessarium arbitramur, fuisse vi ereplum a [Que a sapientissima sanctitatis Tuae providentia contra jus Pentium penitus avul- sum.
Spes tamen e medio luctu exsurgit, Beatissime rater, fore ut Deus qui •• Tecum est in Iribulatione, inde Te eripiat atqueTeglorificet.» Deus enim « non delectatur in perditionibus Ecclesiae suae, quia post tempesta- tem tranquillum facit et
traditionnelles, qui unis- saient dans notre patrie ]. gouvernement du Roi au Saint-Siège. Mais il est un malheur plus déplorable encore et que nos regrets ne pourront jamais égaler : la spoliation violente de Votre souveraineté tempo- relle. Cette souveraineté qu'au mépris du droit de» gens et par un odieux abus de la force on a osé arra- cher aux Pontifes romains, a pour elle, outre la légiti- mité et le caractère sacre de son origine, la consé- cration dix fois séculaire que les bienfaits du Saint- Siège et les vœux du peuple romain lui ont assurée. Nous la proclamons non- seulement utile, mais mo- ralement nécessaire , vu l'état du monde, pour sau- vegarder l'indépendance et l'intégrité de Votre pouvoir spirituel.
Cependant, Très Saint Père, au sein des tristesses de rheure présente, brillen t les espérances de l'avenir. Dieu » qui est avec Vous- dans la tribulation, Vous en délivrera et Vous glori- fiera," car "Il n'a point plaisir aux ruines de son
( xc )
post lacrymationes et fle- tum exsultationem inflin- dit. » Procella igitur, qua nunc vehernentissime Ec- clesia concutitur et cujus vi erepta est dorninii Tui temporalis potestas. opitu- lante Deo et patrocinante iminaculata et gloriosa Vir- gine Maria, ita sedabitur ut luctus noster, Beatis- sime Pater, in clarissinium sedis apostolicae trium- phum et commune orbis catholici gaudium conver- tatur.
Intérim. Beatissime Pa- ter, ad Sanctitatis Tuae
pedes provoluti, Apostoli- cam Benedictioneni pro se suisque sociis universis , implorant
Église, Lui qui ramène le calme après la tempête, Lui qui éveille les ti ments de la joie après les larmes et les gémisse- ments. » Avec le secours de Dieu et grâce à la protec- tion de la glorieuse et Im- maculée Vierge Marie, cette tourmente, qui main tenant se déchaîne si furieuse contre l'Eglise et dont la violenceVous a enlevé votre pouvoir temporel, s'apai- sera en dissipant nos dou- leurs et nos alarmes. Le monde catholique pourra un jour célébrer dans une presse universelle le glorieux triomphe du Saint Siège. Telle est notre ferme espérance.
En attendant que cette espérance se realise, nous nous prosternons aux pieds de Votre Sainteie ei nous Vous demandons , Très Saint Père, pour nous et pour tous nos compagnons. Votre bénédiction aposto- lique.
Sanctitatis Tuae
humillimi ac devotissimi
servi ac filii :
De Votre Sainteie les très humbles et très dé- voues serviteurs et nls,
Alph."vVYSEUR, praeses.
Alph.XVYSEUR.,
f XC1 )
lira. TIBBADT, ) A. LlMELETTE,
Ed. Pad< on, ) <i
M Van dkAVai.le. ' se retis.
A.VEIUYILGHEN.« th< ■>■
Datum Lovanii die duode- cima mensis Mali, anno ab instaurata Academia <,uinquasresimo
Era. Tibbaut, ) vice- A. Limf.lette, S présidents.
Ed. Fau< on, i . ,
! se M. Van de "Walle. I
A.Yebwilghen,^
Fait à Louvain, le 12 mai, cinquantième anne< la fondation de l'Univer- sité catholique.
Bref de S. S. aux étudiants.
Dilectis Filiis, A. yVyseur, Praesidi et sodalibiis So- cietatis UniversaeAlum- norum Academiae Lova- nte n sis.
Léo PP. XIII.
Dilecti Fil<> Salutem et Apos to l ica m Ben eO. ic tio- nem .
Libenter excepimus litte- ras vestras . quibus vos solemnia anni quinquage- sinii ab instaurata Acade- niia ista Lovaniensi pera- gentes, commun i bus stu- diis egregios nliaiis vestri animi sensus Nobis expri- rnere volulstis. Cum eas legeivnius plurimum Nos del< ctavit, Dilecti Filii,tum sincerus religionis amor, et veneratio ac obsequium
- N< s et banc Apostoli- cam cathedram quod in illis luculenter enitebat, tum nobilis ardor quo vos incensos ostenditis, ut in disciplinis excolendis votis el curis Nostris respon- tis, tum firnia illa spes in Deo.posità,quain certa-
A nos chers Fils AXVyseur, Président, et aux mem- bres de la Société Géné- rale des Étudiants de l'Université de Louvain.
Léon XIII, Pape,
Nos chers Fils, Salut et Bénédiction Apostolique.
Nous avons reçu avec bonheur la lettre par la- quelle, en célébrant le cin- quantième anniversaire du rétablissement de l'Univer- sité de Louvain, vous avez voulu Nous envoyer l'ex- pression collective de vos sentiments si distingués de pie le filiale. La lecture que Nous en avons faite, Nos chers Fils, Nous a causé une bien vive allégresse. Nous avons été heureux de voir se manifester avec tant d'éclat votre amour sincère de la religion, votre respect et votre dévouement en- vers Nous et envers ce Siège Apostolique, la noble ar- deur qui vous enflamme pour répondre dans vos
( xcru )
mine quod Ecclesia susti- net veslros animos erigitis, et omnipùtentem Deum lu- cein e tenebrisac tranquil- litateni e turbulenta tem- pestate adducturum po- pui© suo plene conflditis. Haec testinionia pietatis vestrae gratissima habui- nius. ac Nos quivehemen- ter dolemus miserum tôt juvenum naufragium, quos error saeculi in impietatis et nequitiae scopulos abri- puit,jucunda ex vobis con- solatione affecti sumus, . spem ex praeclaris voluntatibus et virlute
ra suscepimus. Ves- Iruin autem est, Dilecti Fi- ji i, vota Pa terni Nostri cor- dis implere : vestrum est tiimo vestigio virtutis et sanae doctrinae seinitam alacri ter insistera, necullis difficultatibus aut labori- bus in muneribus vestris explèndis deterreri , cum s iatis labores illos vobis suo tempore gaudium et gloriam, et fructus pul-
rrimos parituros. vota p >rro quae Nobis obtu- listis, Dilecti Filii. digna oninino pietate vestra in- venimus, cum ex iis Dei et Ecclesiae c tusam vobis
études a Nos vœux et à sollicitudes, et cette ferme confiance en Dieu qui vous anime dans les luttes ac- tuelles de l'Église et vous donne la pleine assur que la Toute-Puissance di- vine fera- sortir, pour l'a- vantage de son peuple, la lumière des ténèbres et le calme du sein de cette vio- lente tempête. Ce témoi- gnage de vos sentiments chrétiens Nous a ravi : dans la profonde douleur que Nous fait éprouver le triste naufrage de tant de jeunes gens, que les erreurs du siècle ont emp( les écueils de l'impiété et de la licence, vous ? avez donné une consola pleine de joie et d'espé- rance. Oui, Nous pouvons tout espérer de vos nobles résolu lions et de votre chré- tienne énergie. A vous donc, Nos chers Fils, de réaliser les désirs de Notre i paternel, à vous de marcher d'un pas viril et résolu les chemins du vrai et du bien, sans vous laisser tourner de l'accompli ment de vos devoirs par aucune difficulté ni aucun péril. Restez convaincus
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maxime cordi esse probe- tur. Nos pari ter summo cordis affectu Deum roga- mus. ut vos omnes ad bo- num certamen certandum gratiae suae virtute robo- ret, atque omnes ita suo praesidio custodiat et ser- vet. ut religioni et patriae praeclaro ornamento ac utilitati esse jugiter valea- tis Sit demum auspex coe- lestium munerum, et pi- gnus dilectionis Nostrae ApostolicaBenedictio quam vobis, Dilecti Filii, singulis universis, ac Familiis ves- tris.peramanter iuDomino imper timus.
Datum Romae apud S. Pe- trum die 3 junii anno 1884.
Pontificatus nostri anno septimo.
que vous récolterez un jour sur le champ de vos labeurs des moissons de joie et de gloire. Nous n'avons pas moins retrouvé, Nos chers Fils, votre piété filiale dans les souhaits que vous Nous avez offerts, souhaits qui témoignent si hautement de votre intime attache- ment a la cause de Dieu et de l'Église. En retour de ces souhaits Nous prions Dieu avec toute l'ardeur de Notre amour pour vous, que sa grâce vous affer- misse dans le bon combat, qu'elle vous conserve sous l'égide de sa toute-puis- sante protection et qu'elle fasse de vous l'honneur do la religion et de la patrie. Comme présage de ces fa- veurs célestes et comme gage de Notre affection paternelle, Nous vous en- voyons dans l'effusion de Notre tendresse, à vous tous et à chacun de vous. Nos chers Fils, ainsi qu'a vos familles, Notre Béné- diction apostolique.
Donne à Rome, près de S. Pierre, le 3 juin de Tan 1884. De Notre Pontificat la septième année.
(S.) LEO PP. XIII.
(Signé) Léon XIII, Pape.
Cantate Jubilaire.
HOSANNA!
Hosanna! Gloire à Dieu! Honneur à la patrie. Au Lion de Brabant, à toi, belle cité, Deux fois reine, par la Science et l'Industrie! Honneur à tes enfants, noble Université!
L'APPEL
Ministres du Dieu des Lumières, Soldats du Droit et du Progrès, Savants qui, dans mille carrières Sur vos pas semez les bienfaits, Frères qu'un jour la même vie Rassembla sous un même ciel, Une Mère ici vous convie : Entendez-vous son tendre appel?
« Trêve aux soucis, trêve aux souffrances, » Trêve aux luttes de tous les jours! « Riche déjeunes espérances » Le passé revient sur son cours. n 0 vous, des premières journées n Vétérans, blanchis par le temps, •• Venez, dépouillez vos années : « ici tous les cœurs ont vingt ans! »
( XCYI )
LES SOUVENIRS
0 doux printemps de la jeunesse Aurore pleine de promesse, Premiers plaisirs purs de tristesse, Premier rayon de Liberté !
Rêves d'or aux ailes de flamme! Joyeux devis sans fin ni trame! Première et sainte ardeur de l'âme, Premier vol vers la Vérité!
Amitiés si fraternelles Que le temps ne peut rien contre elles ! Vieux souvenirs, fleurs éternelles Croissant dans les replis du cœur!
Courses par monts, courses par plaines. Sous le ciel bleu, sans frein ni rênes : Longs jours vécus libres de chaînes. Revenez nous, jours de bonheur!
LE RÉVEIL
Antique Aima Mater, toi qui dans la poussière
Dors, calme, sous la croix, Réveille-toi! Réveille, en leurs tombes de pierre,
Les Maîtres d'autrefois! Parcours encore la ville aux quarante collèges,
Déployant l'étendard Que, lière, tu levais dans les anciens cortèges,
Quand le peuple acclamait ton char. Vivat! Vivat! Vivat!
( XGVII )
LE CORTÈGE
Vivat! Clairons sonnent Fanfares entonnent Leurs hymnes vainqueurs!
Dans l'immense foule Le flot vivant roule Ses mille splendeurs!
Sur ton char gothique, Salut, Vierge antique, Vierge de Louvain !
Honneur à l'Histoire Célébrant la gloire Du savoir humain!
Place à la Science Versant l'abondance De sa docte main ! Vivat! Vivat!... Louvain! Louvain!
LA CHAINE DE LA SCIENCE
Ici, pendant des siècles, sans relâclk-. De nobles cœurs ont recherché le Vrai, Toujours suivis, d<ms leur sereine tâche,' Par d'autres cœurs épris du même attrait Chaine sublime où tout est harmonie. Où chaque anneau est rayon de clarté, Forgée au feu pur du Génie,
Sous ton souffle ardent, Liberté!
Ap — 6
( XCVIII )
LE GÉNIE
Qui marche sur la terre Le front dans la lumière, Comme un hôte du Ciel?
Qui domine l'espace? Qui trouve en ce qui passe Le sceau de l'Éternel?
A l'éclair, sous les ondes, Qui trace un sûr chemin?
Qui scrute au cœur des mondes ? C'est toi, Génie humain!
LA LIBERTÉ
Qui nous prit sous son aile? Qui de force immortelle Arme nos jeunes bras? Qui sourit à nos veilles? Qui, semant les merveilles Et la Paix sur ses pas,
Dit : je suis l'Espérance! Je vis de Loyauté?
Qui garde la Science? Ton ange, ô Liberté!
( XCIX )
LES FILS DE L'UNIVERSITÉ
Au grand soleil de la Belgique,
Fiers et joyeux, gardant au cœur
L'amour du travail dans l'honneur,
Gardant notre devise antique :
« Pour Dieu, la Patrie et le Roi! »
Liberté, nous suivons ta Loi,
Et dans l'avenir qui rayonne
Nous entrons, la main dans la main!
Dieu protège toujours Louvain
Et l'Aima Mater, sa couronne!
E. Descamps, prof.
Studentenlied.
[.
Noordzee die ons kust be.spoelt, Beekjes door ons weiden dartlend, Vooglen die in 't boseh krioelt, Vischjes bont in 't zonlicht spartlend, Steekt uw zang en vreugde bij ; Belgie's zonen, heft de stemme, Klinke in zegeharmonij Over stad en gouw met klemme :
Vlaandren, Walenland, éen land, Zij aan zij en hand in hand, Zingt wie 't hert u beiden voedt : Aima Mater, wees gegroet!
II.
Midden zee, met vuurgen top, Staat een baak in 't wilde weder ; Springt de golf de muren op, Tweemaal ploft zij duizlig neder, En herglanst 't aloude Kruis, Trouw aan God en Kerkbelangen, WijI het boven 't Reddingshuis Dreunt in grootsche koorgezangen :
Immer vast gelijk een rots, Blinkt ten top ons leuze, trots Vreemde dwinglandspolitiek; Aima Mater katholiek !
( CI )
III.
Koningin met eedlen stoet Van een aantal gui de n namen, Die elke eeuw aanbiddend groet. En vooruitstuwl op haar Famé : Niets heefl Leuvens Hoogesehool Heden van haar roem verloren : Wat de wereld woele on dool'. In ons hert blijft het gezworen :
Nooit, oooii laant uw glorieglans, Styg' hi.j voort t<n heraeltrans I"it uw schitterende ki oon : Aima Mater, groot en schoon!
IV.
Vijftig jaren vlogen h een, Sinds in schitterend gewemel 't Vrjjheidsvaandel weer verscheen Onder d'onbewoikten hemel; Nu, o .Moeder, r\jst gij fier, 't Oog op 't glorievol verleden, In de hand Gods kruisbanier, Steunend op het kroost van heden.
Juicht en hoopt, en juicht weerom, Galme 't stad en wereld om. Onafzienbre zonenrij : Leuvens Hoogeschool is vrij!
Ap — 6. H. Lebon, Bluck
Louvain !
Souvenir du cinquantième anniversaire.
Au sein bruyant d'étudiants en fête J'ai vu paraître un homme aux cheveux blancs, La neige en vain semble glacer sa tête : Son front rayonne et ses yeux ont vingt ans. Pendant qu'à tous il tend la main d'un frère, Vers le passé son cœur s'est reporté; 11 dit soudain : « Honneur à notre mère ! Honneur à l'Université! »
« Le voyageur que le poids du jour presse Aime à chercher un frais repos le soir. Louvain, Louvain, cité de ma jeunesse, Dans tes vieux murs, vieillard, je viens m'asseoir. A ton foyer plein d'images sereines Si doucement je me sens abrité! Un sang plus chaud circule dans mes veines, Ton sang, jeune Université! »
« Ici ma lèvre à ta coupe, Science, Puisa pour la première fois! Ici Germe* l'esprit et fleurit l'espérance En des cœurs vierges de souci. Mon âme ici s'abreuva de la vie Comme la fleur s'abreuve de clarté; D'un jour doré chaque aurore est suivie Au ciel de l'Université! *
( cm )
« Je vois encor voler dans ma chambrette Le tourbillon des rêves enchanteurs! Au coin du manuscrit que je feuillette, Tu me souris, diplôme de docteur. On frappe... Au seuil de ma porte entr'ouverte, Un jeune ami soudain s'est présenté; Le soleil brille .. Adieu, je vous déserte, Mes cahiers d'Université! »
«• Et nous partons. Qui sait où va la feuille Qu'un vent mobile emporte dans son sein? Par tout chemin que le caprice accueille, Légers, gaiement, un bâton à la main, Nous cheminons, humant l'air frais qui passe, Dressant au ciel notre col indompté, Pendant qu'au loin, fantôme qui s'efface, Disparait l'Université. »
« Et nous causons, heureux, de bagatelles, (Les seuls tourments de nos jeunes esprits!) Ou, déployant toutes larges nos ailes, D'attraits plus hauts plus noblement épris, Nous parcourons de l'atome à l'étoile De l'âme à Dieu, suprême Vérité, La chaîne d'or que cherche et que dévoile Ta science, Université! »
« Nous confions aux ileurs de la campagne Mille projets, fils de mille désirs. Nous bâtissons des cités... en Espagne
( civ )
Ou nous cinglons vers l'ile des plaisirs: Au bel État que la jeunesse fonde Tout est justice, honneur et loyauté. D'un tour de main Ton reforme le monde Aux bancs de l'Université »
" Sur le retour, quelque tonnelle ombreuse Par sa fraîcheur semble nous inviter... Brune liqueur, en ta coupe fumeuse L'étudiant sut toujours te fêter:... Mais qu'eniend-il? C'est Un cri de misère... Nous te suivons, divine Charité! Que la mansarde où la croix dit : « Espère: •• Bénisse l'Université! »
- Chers souvenirs, parfum, baume, richesse Qu'on ne perd point, brise qui va soufflant L'essaim léger des plus douces caresses Au cœur qui saigne, au front pâle ou brûlant. Passez, passez sur mes vieilles années! Je t'aime encor, première liberté! Fleurs du printemps, vou* n'êtes point fanée; Je revois l'Université! »
" Etudiants, frères, gardez la flamme, Du Vrai, du Beau, du Juste, du Divin! Dans le travail trempez, jeunes, votre àme : Le temps est court et le plaisir est vain. Fourbissez-vous des armes lumineuses : Ceignez vos fronts de force et de fierté! Soyez soldats de luttes glorieuses, Enfants de l'Université ! »
CV )
Au sein bruyant d'étudiants en fête Ainsi parlait un homme aux cheveux blancs. En vain la neige a couronné sa tête : Son front rayonne et ses yeux ont vingt ans. Joyeux, à tous il tend la main d'un frère : Le passé chante en son cœur transporté ! Sa voix -répète : « Honneur à notre mère! Honneur à l'Université! »
E. Descamps, prof.
NOTICE
sur la vie et les travaux de Mgr BEELEN.
La Notice qu'on va lire retrace brièvement la vie et les travaux d'un savant modeste, qui ne chercha point à faire parler de lui et qui dut toute sa réputation à son mérite.
Élève, ami, collègue de Mgr Beelen, son suc- cesseur dans la chaire d'Écriture Sainte et de langues sémitiques, j'ai pu apprécier les qua- lités de l'homme privé, l'enseignement du pro- fesseur et les talents de l'écrivain. Le témoignage que je rends ici au prêtre et au savant est l'acquit d'une dette de reconnaissance et d'amitié en même temps que l'accomplissement d'un devoir académique Pour remplir ma tâche je n'aurai à me départir en rien de l'exactitude véridique et rigoureuse qu'exige l'histoire. Si le cœur et rattachement à un maitre vénéré se montrent dans ces pages, la vérité n'en sera nul- lement lésée. Toutefois, comme le regretté défunt a brûlé ses notes et une partie de sa correspon- dance, quelques jours avant de mourir, il y aura forcément dans cette notice bien des lacunes.
Beelen naquit à Amsterdam le 12 janvier 1807, et reçut au baptême les noms de Jean-Théodore. Ses parents, chrétiens fermes et convaincus, appartenaient à cette classe bourgeoise à qui le
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travail et la vertu plus que la fortune procurent une certaine aisance et concilient l'estime pu- blique. Ils inculquèrent de bonne heure à leur fils avec l'ardeur du travail les sentiments d'une vertu simple et solide et. d'un profond attache- ment à la foi chrétienne. Us ne négligèrent rien pour son éducation et pour développer ses ta- lents précoces. Car le jeune Jean montra, dès ses premières années, les plus heureuses dispo- sitions pour s'instruire. Il avait aussi une apti- tude spéciale pour la musique. À l'âge de dix ans il touchait de l'orgue dans une église d'Am- sterdam. Il conserva, au milieu des plus graves études, un goût particulier pour cet art récréatif. Après de longues heures de travail, il aimait à reposer, par quelques variations sur le piano, son esprit fatigué. Peu de mois avant de mourir, dans une fête académique, cédant à des instances réitérées, il montra par une improvisation qu'il avait conservé jusqu'à la vieillesse le goût mu- sical et l'aptitude de ses premières années.
A l'âge de treize ans il entra au petit séminaire de Hageveld, près de Harlem, pour y faire ses humanités. Il y eut pour ami et pour émule le .jeune Bernard Hafkenscheid , d'Amsterdam comme lui et du même àse que lui. Les deux jeunes séminaristes furent dès lors liés d'une amitié qui ne s'éteignit qu'avec la vie, malgré la distance qui les sépara plus tard. Bernard devint, comme on sait, cet éloquent Père Bernard,
( CVIII )
rédemptoriste, dont la parole puissante ramena tant d'âmes à Jésus-Christ en Hollande et même en Amérique. Le séminaire de Hageveld était alors sous ia direction d'un homme du plus haut mérite, l'abbé van Bommel que le gouvernement hollandais essaya en vain, cinq ans plus tard. de mettre à la tête du Collège philosophique établi à Louvain. Il se forma, dès lors, entre le directeur et l'élève des rapports d'estime et d'affection qui te manifestèrent souvent lorsque le directeur de Hageveld fut devenu évoque de Liège.
Beekn ne demeura à Hageveld que cinq aus. Survinrent les jours néfastes où le roi Guillaume, par ses arrêtés du U juin et du 11 juillet 1825, ferma tous les petits séminaires et voulut obi: tous ceux qui se destinaient à l'état ecclésias- tique à passer par le Collège philosophique. Le séminaire de Hageveld fut fermé au mois de septembre. L'abbé van Bommel, les larmes aux yeux et la douleur dans i'àme, fit ses adieux à »es élèves, api es les avoir fortement engagés â persévérer dans la piété et dans leur attache- ment à la sainte Église (1).
i) Oa peut vo r to is ces détails racontes plus longuement dans l'ouvrage intitule : fie du R. P. Bernari, prêtre de la congrégation du trei saint Rédempteur, docteur en théologie, par M. J. A Lans, prêtre et professeur au petit séminaire de .Harlem. Touraai, Casteruiau. 4882. C'est a cet ouvrage et a la correspondance de Beelen que ; a vous emprunte les detiiU que nous donnons sur la jeun;.:- et :des de notre regretté défunt.
( cix )
Beelen et son condisciple Bernard retour- nèrent à Amsterdam, où ils passèrent trois ans faisant par leur conduite et leur piété le bonheur et l'édification de leurs parents. Pour utiliser leur temps, les deux amis — car ils étaient toujours ensemble — prirent des leçons d'hébreu et de rabbinique auprès d'un juif qui donnait des leçons particulières. C'est ainsi que la divine Providence préparait le jeune Beelen, à son insu, à la chaire qu'il devait occuper plus lard. En même temps les deux séminaristes s'initiaient à l'élude de la théologie sous l'abbé Antoine Bo- gaerts, un de leurs anciens maîtres de Hageveld. Ils y mêlaient l'étude des belles lettres et des langues étrangères. La vocation sacerdotale des deux amis s'accentuant de plus en plus, ils voulurent entrer au séminaire de Warmoni; mais, comme ils n'avaient pas fait leurs études préparatoires au Collège philosophique, ils ne purent y être reçus. Dès lors, que faire, sinon aller étudier la théologie à l'étranger? Il y avait cependant un grand obstacle. Un décret du roi Guillaume du M août 1825 détendait d'admettre aux fonctions ecclésiastiques tout sujet né en Hollande, qui, après le 1er octobre suivant, aurait fait ses études théologiques à l'étranger. Malgré l'affligeante perspective que cette dé- fense faisait naitre, les deux amis, avec le consentement .de leurs parents, résolurent d'aller étudier à Rome, où d'autres Hageveldois
Ap. — 7
( ex )
les avaient précédés. Le 28 septembre 1828, tout baignés des larmes de leurs parents et de leurs proches, fortifiés par les bénédictions de leurs pasteurs et de leur ancien directeur de Hageveld yan Bommeî, qu'ils virent à La Haye en passant, se confiant aux soins de la divine Providence, les deux séminaristes prirent le chemin de la ville éternelle.
Ils se dirigèrent d'abord sur Paris, puis sur Lyon, où les formalités de passeport les arrê- tèrent durant dix huit jours. De Lyon ils prirent le chemin du mont Cenis. Arrivés au pied de la montagne, ils quittèrent la diligence pour faire une partie de la route à pied et mieux contem- pler la nature grandiose qu'ils avaient sous les yeux. « Cette montagne, écrit Bernard , nous l'avons gravie à pied, bâton à la main et pipe en bouche (i). Tous les autres voyageurs dormaient dans la diligence ; mais moi. j'avais trop entendu parler du mont Cenis. pour ne pas sacrifier quelques heures de repos au plaisir de le con- templer. Nous arrivâmes à nous deux jusqu'au sommet de la montagne en devançant toujours la voiture et cependant elle était tirée par six chevaux. Autour de nous, tout dans la nature était revêtu d'un habit d'hiver, toutes les cimes des montagnes et même notre chemin en cer-
(1) On sait que l'habitude de fa mer est générale en Hollande. Le clergé ne fait point exception. Beelen a fumé jusqu'à la fin de sa vie.
( CXI )
tains endroits étaient couverts de neige et de glace; mais l'idée que nous voyagions sur le mont Cenis faisait que nous ne songions pas même au froid Vous ne manquerez pas de dire que c'était bien téméraire à nous d'entreprendre de nuit un tel voyage; mais vous auriez dû voir quel beau clair de lune il faisait, et comment nous pouvions tout distinguer à merveilie. » Enfin, après un voyage de sept semaines, que l'on tait aujourd'hui en trois jours, ils entraient dans Rome.
Ils firent des démarches pour entrer soit au séminaire de la Propagande soit au collège ger- manique. A leur vif regret, ils ne purent être admis ni dans l'un ni dans l'autre de ces établis- sements. Ils se choisirent donc un appartement via deir angelo custode et se mirent immédiate- ment à suivre les cours du collège romain. Ils suivirent aussi quelques cours à la Sapience. Ils vivaient dans leur appartement comme dans un séminaire, partageant leur temps entre la prière et l'étude et utilisant même pour s'instruire leurs récréations. Voici ce que Beelen écrit en français à son frère, sous la date du 7 janvier 1829 : « Je commence à parler l'italien assez aisément; je n'ai presque pas de peine à entendre les prosateurs. Quand on est dans le pays cela s'apprend presque en jouant. En général, je ne pourrais nulle part rencontrer une occasion plus favorable pour apprendre les langues. Le latin,
( cxir )
cela s'entend, c'est la langue vulgaire des étu- diants entr'eux. Pour l'anglais, je le parle tous les jours avec deux ou trois anglais qui siègent à mon côté au collège. Le dimanche, je vais presque toujours au sermon anglais. Au sonir du sermon je vais presque toujours me prome- ner avec un abbé anglais qui est au collège de la Sapience. La langue vulgaire entre nous est le français que je parle comme le hollandais. Je ne parle l'allemand que rarement, faute d'occasion. J'ai été quelquefois aux leçons d'hébreu dans notre collège. Mais on commençait justement un cours. Cela ne nous convient pas ; nous savons un peu trop pour commencer aux lettres de l'alphabet. Peut-être irai-je à la Propagande. Pour le grec, je vais tous les après midi à l'ex- plication de Démosthène. »
Cette étude des langues ne lui faisait pas négli- ger les éludes théologiques. Dans une lettre à ses parents il leur apprend qu'il a soutenu une thèse et que le professeur l'a attendu au sortir pour le complimenter. Il ajoute : «Je crois, chers parents, que je puis bien vous dire cela. »
Ils eurent à Rome pour condisciple et pour émule ce grand promoteur des hautes études qui est aujourd'hui Léon XIII. Au concours de 1829, Pecci obtint le premier prix pour la classe du matin, et Bernard l'accessit, Bernard au contraire fut premier pour la classe du soir et le pape actuel second; dans un autre concours
( CX1II )
nous trouvons Bernard Hafkenscheid premier, Beelen second, et Pecci troisième. Léon XIII n'oublia pas son ancien condisciple. La preuve nous en est donnée dans la lettre suivante qu'écrivit à Beelen, le 2 mai 1878, son Em. le car- dinal Dechamps : « Enfin, je suis exaucé, et ce que j'ai demandé à Léon XIII dernièrement à Rome m'est officiellement accordé. Le Pape, qui a très bien retenu votre nom, se souvient par- faitement de vous et de vos travaux. Il n'est donc pas étonnant qu'il vienne de vous nommer Prélat de sa maison. »
Cependant les dispositions du gouvernement hollandais étant devenues meilleures, l'archi- prêtre Van Banning, qui gouvernait alors la Hollande et la Zélande, pensa à rappeler les deux étudiants : Beelen pour lui donner une chaire au grand séminaire de ^"armond, Ber- nard pour lui donner la chaire de philosophie à Hageveld. Mais les deux amis obtinrent de pou- voir continuer leurs études à Rome. Beelen fut promu solennellement au doctorat en théologie le 10 septembre 1832 et ordonné prêtre le samedi .des Quatre-temps de septembre de la même année. Bernard avait été ordonné au mois de mars précédent, et il avait quitté Rome pour entrer dans la congrégation du très saint Ré- dempteur.
Beelen continua néanmoins son séjour et ses études à Rome jusqu'au mois de mai de l'année
( CXIV )
suivante. Il quitta la ville éternelle le 27 mai 1833 avec deux de ses amis qui avaient aussi terminé leurs études.
Les trois amis firent à pied le voyage de Rome à Amsterdam à travers les Etats Pontificaux, la Toscane, le Piémont, la Suisse et l'Allemagne. Ils baisèrent la main de sainte Rose à Viterbe, s'agenouillèrent près de la sainte maison de Nazareth à Lorette et y invoquèrent l'auguste Mère du divin Rédempteur. Le 9 juin ils étaient à Assise et vénéraient le tombeau du patriarche séraphique saint François. A Florence ils admi- raient les arts. Puis, passant par Gènes ils arri- vaient à Turin qu'ils quittèrent le premier juil- let. Quelques jours après, nous les voyons à Aoste au pied des Alpes. Ici la police se montra fort soupçonneuse. Beelen, en même temps que la théologie avait étudié à Rome l'arabe et le syriaque, outre l'hébreu qu'il savait déjà. Pour utiliser, durant son long voyage, ses moments de repos, il avait pris avec lui le Nouveau Tes- tament syriaque édité par Gutbir. La police en visitant les bagages trouva le volume syriaque avec ses caractères étranges; elle crut y décou- vrir des signes de Carbonari. Beelen discuta durant trois quarts d'heure avec les agents soupçonneux. Il eut grande peine à leur per- suader que ces caractères syriaques étaient aussi inoffensifs que les caractères grecs ou latins.
( cxv )
Nos voyageurs firent l'ascension du Saint Ber- nard sans incident, jusqu'à l'hospice où ils furent reçus avec cette hospitalité cordiale que les religieux donnent à tous les voyageurs qui tra- versent cette montagne périlleuse. Le lendemain, après avoir dit la messe, Beelen voulut tenter l'ascension du plus haut pic. Je transcris ici sa note de voyage écrite au crayon : «J'écris ceci assis sur une pointe de roc plusieurs centaines de pieds plus élevé que l'hospice. Je suis monté plus haut encore, mais la peur m'a fait des- cendre. J'eus l'intention d'aller jusqu'à la pointe la plus élevée de la montagne. Mais j'arrivai à un roc si escarpé que je ne savais où mettre le pied pour monter. Je réfléchis que si jamais le pied venait à me glisser, je serais déchiré en tombant. J'ai cru que dans ce cas la prudence me ferait plus d'honneur que la bravoure. J'eus bien de la peine à monter jusqu'ici. Il nous a fallu traverser de vastes neiges. Avant d'avan- cer, je tàtais avec le bâton pour en sonder la profondeur, la dureté ou la mollesse. Je n'ai pu marcher que fort peu de temps mesurant mes pas avec mon bâton. Après quoi il a fallu grim- per sur les genoux et se traîner en haut en accrochant les mains aux morceaux de roc détachés qui encombrent le chemin. A chaque instant le pied glissait. Je n'apercevais autour de moi que des rocs, des neiges et des glaciers. Jl semble que l'hiver a fixé ici son trône parmi
( CXVI )
les neiges éternelles. Néanmoins, un peu plus tas on trouve, par ci par là, quelques brins d'herbes et quelques fleurs. Ma vue s'étend ici au loin. Je découvre quinze des plus hautes cimes des Alpes : elles élèvent leurs têtes glacées au- dessus des nuages où leurs pieds se baignent. »■ Rentré à l'hospice, Beelen dîna de grand appétit. Il écrivit sur le liber memorialis du couvent son nom avec ces mots ;
Puer sudcœit et alsit
altos dumpedibus baculoque ascender et Alpes.
Les voyageurs quittèrent les excellents reli- gieux le cœur plein de reconnaissance et des- cendirent dans le Valais sans incident; ils furent bien accueillis chez les curés des villages valé- siens par où ils passèrent. La Suisse offrit bientôt ses lacs et ses sites pittoresques à leurs yeux enchantés. Le 18 juillet, nous les voyons à Zurich. Beelen écrit le 24 juillet de Carlsruhe à ses parents pour leur annoncer son prochain retour. Le 31 juillet il arrive par le Rhin à Ximègue et bientôt à Amsterdam, où il chanta sa première messe entouré de toute sa famille. Mgr van Bommel, évêque de Liège, n'avait pas oublié son ancien élève de Hageveld qui avait fait de si brillantes études à Rome. 11 lui offrit la chaire d'Ecriture sainte dans son grand séminaire. Beelen accepta et fut dès lors attaché au diocèse de Liège. Il commença ses leçons par la Genèse.
( CXVII )
Les élèves étaient émerveillés. L'évêque aimait à s'entretenir avec le jeune savant. En 1834, il le prit avec lui pour assister à Malines à l'inaugu- ration de l'Université catholique.
La révolution française avait brisé la tradition du haut enseignement théologique dans nos dio- cèses; les prêtres trop peu nombreux pour suffire aux besoins du ministère, n'avaient ni le temps de prolonger leurs études ni des maîtres pour les former. Les prêtres que les évêques chargeaient de l'interprétation des Livres saints dans leur séminaire y apportaient plus de bonne volonté que de préparation. Il n'en était pas ainsi pour Beelen. Le jeune professeur avait été formé à Rome par des maîtres éminents. Il con- naissait à fond l'hébreu et le grec, deux langues dont la connaissance est indispensable à l'inter- prète de l'Écriture. Sa grande facilité pour l'étude des langues lui avait permis d'apprendre l'arabe et le syriaque et d'acquérir quelques notions du samaritain et de l'éthiopien. Aussi la chaire d'Écriture sainte du grand séminaire de Liège jeta-t elle bientôt un vif éclat. L'enseigne- ment de l'abbé Beelen attira l'attention de l'épis- copat. Le 5 septembre 1836 les évêques belges nommaient l'abbé Beelen à la chaire d'Ecriture sainte de l'Université catholique avec le titre de professeur ordinaire. Il avait alors vingt-neuf ans.
Dès lors, commença pour lui, cette vie d'étude qu'il continua durant quarante huit ans, jusqu'à ce
Ap. — 7.
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que les forces l'abandonnèrent. D'une belle taille, d'une constitution robuste, l'abbé Beelen jouis- sait d'une santé qui résistait aux fatigues de l'esprit. Son front était large et élevé, ses che- veux noirs, ses yeux Tifs, ses traits accentués. Des manières distinguées, une mise propre, parfois élégante , un caractère franc , loyal , sincère, candide jusqu'à la naïveté et toujours charitable, des réparties fines, une originalité de bon aloi, mêlée à de petites distractions de savants (1), lui donnaient une physionomie ca- ractéristique que l'on aimait. Lui seul semblait ignorer qu'il fut savant. Après sa messe qu'il disait de bon matin, il rentrait dans son appar- tement au collège du Saint-Esprit, et déjeûnait au milieu de ses livres. Souvent il interrompait son repas et quelquefois l'oubliait pour faire une recherche dans un in-folio couché sur le parquet, ouvert sur son bureau ou sur une chaise. 11 était toujours entouré de livres et ne savait guère ménager les volumes, aimant à répéter que « les livres sont faits pour les hommes et non les hommes pour les livres. « Toute la matinée il étudiait et n'interrompait son étude que pour donner son cours et pour la récitation de son bréviaire, à laquelle il mettait un soin
(1) Une de ses distractions habituelles était d'oublier son para- pluie dans ie train. Ce qui l'avait porté à ne plus acheter que des parapluies à bon marché. C'était, disait-il, nue économie.
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•scrupuleux. Malheur à l'importun qui venait l'interrompre durant son étude : il était promp- tement congédié. C'était une grande faveur, s'il pouvait s'asseoir et causer quelques instants. Durant le dîner qu'il prenait en commun avec ses collègues de la Faculté de théologie et durant la récréation ou la promenade qui suivait, il animait souvent la conversation par des obser- vations fines et des remarques linguistiques qui montraient un esprit cultivé et une grande con- naissance de la philologie. En effet, outre les langues sémitiques dont nous avons parlé, outre le grec et le latin qu'il connaissait à fond, outre la langue néerlandaise qu'il avait apprise sur les genoux de sa môre,Beeien savait et parlait lefran- çais, l'allemand, l'anglais, l'italien et l'espagnol. Il étudiait durant les vacances comme pendant les cours C'était à peine si, dans une année, il prenait quelques jours de repos complet. En vacances ou en voyage, il avait toujours dans sa malle quelques livres pour utiliser ses loisirs. Cette précaution lui fit passer sans ennui une captivité de cinq semaines qu'il aimait à racon- ter sans jamais y mêler un mot d'amertume ou de récrimination
C'était au moment où la cession du Limbourg excitait une grande animosité entre la Belgique et la Hollande. L'abbé Beelen, profitant des va cances résolut d'aller à Amsterdam revoir ses "vieux parents pour lesquels il fut toujours un
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fils dévoué. Il passa par Liège pour prendre les ordres de son évêque Mgr van Bommel, hollan- dais comme lui, mais soupçonné de favoriser le nouveau royaume de Belgique et, en consé- quence, noté à la cour de Hollande comme un ennemi de son pays natal. De Liège Beelen se rendit à Aix-la-Chapelle, puis à Cologne, d'où il descendit le Rhin jusqu'à Nimègue. A sa sortie du bateau il vit sur le quai une escouade d'agents de la force publique qui, sans mot dire, s'empa- rèrent de lui, le conduisirent au fort malgré ses protestations et l'incarcérèrent sans qu'il sut pourquoi. Il apprit plus tard qu'on l'avait pris pour un émissaire envoyé dans un but hosiile par l'évêque de Liège. 1! fut huit jours au secret. Heureusement on lui avait laissé ses livres. Il s'en servit pour préparer ses leçons de l'année suivante. On le fit ensuite comparaître devant une espèce de tribunal. Il écouta tranquillement la lecture de l'acte d'accusation et n'interrompit que pour redresser ies phrases incorrectes. Il se préoccupait moins de rester en prison que de laisser violer les règles de la grammaire. Enfin, après cinq semaines, on le laissa sortir. Deux gendarmes le conduisirent jusqu'à la frontière et le mirent en liberté sur le territoire belge. En prison il avait si bien gagné la confiance du gardien, qu'il put sortir deux fois pour aller dire sa messe. Les enfants de ce brave homme pleu- raient lorsque Beelen partit.
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Le jeune professeur commença son cours par l'explication de l'Épitre aux Hébreux, explica- tion qu'il reprit souvent par la suite et qu'il eu1 même l'intention de donner au public. Cette Èpître renferme beaucoup de passages obscurs et offre par là de grandes difficultés à l'inter- prète. A la grande surprise des auditeurs, elles disparaissaient comme par enchantement sous la parole du professeur. C'est que Beelen possé- dait à un haut degré les qualités de l'interprète : connaissance profonde des Livres saints et des langues dans lesquelles ils sont écrits, ainsi que de la théologie dogmatique, diction correcte et élégante, voix agréable. Il parlait et écrivait le latin avec une pureté toute cicéronienne ; jamais il ne recommençait une phrase; jamais il ne la laissait inachevée. Comme il avait vécu au milieu des protestants et des juifs, il cherchait, avant tout, à établir le sens littéral du texte par l'application rigoureuse des règles de la philo- logie aux textes originaux, parcequ'il savait que c'est le seul moyen efficace pour les combattre victorieusement. Il était l'ennemi déclaré des interprétations arbitraires, quelque ingénieuses qu'elles fussent. Outre le sens littéral, il admet- tait néanmoins un sens mystique dans beaucoup de passages de l'Écriture ; souvent i l a fait défen- dre ce principe dans des thèses (i). Il avait le
(1) Voyez thèses n. XXXIV, XXXIX, XL, LUI, XCl.daus la collec- tion générale.
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plus profond respect et la plus haute estime pour la Vulgate, que le Concile de Trente a déclarée authentique, mais il voulait qu'elle fût interprêtée d'après les textes originaux. Selon lui, comme selon les meilleurs interprètes, le Concile de Trente en déclarant la Vulgate authen- tique, n'a ni privé les textes originaux de leur autorité ni défendu de recourir aux sources. La déclaration d'authenticité n'empêche pas qu'il y ait dans la Vulgate des expressions fautives. On peut cependant avec la Vulgate seule avoir le sens général et la substance de la parole sacrée. Eeelen n'exagérait rien. Un de ses premiers élèves devenu un grand écrivain, Mgr Xamèche, a exactement exprimé la doctrine du maître dans cette thèse : « C'est avec raison qu'Estius déclare que la connaissance des langues dans lesquelles les Livres saints ont été écrits est très utile et même nécessaire pour les comprendre En ce sens toutefois qu'il s'agit d'une connais sance approfondie et complète du texte sacré » Beelen expliqua successivement la Loi mo saïque, un choix de psaumes, le livre des Pro verbes, l'Ecclésiaste, la Sagesse et presque tout le Nouveau Testament. Outre ses leçons d'Écriture sainte, Beelen donnait, par semaine, deux ou trois leçons d'hébreu, de ehaldéen, de syriaque et d'arabe. C'est à lui que revient l'honneur d'avoir restauré en Belgique l'étude des langues orientales tombée avec le collège des Trois-
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Langues et l'Université de Louvain sous les coups de la révolution française. M. P. Burg- graff commença à l'Université de Liège son cours d'arabe et d'hébreu un an après Beelen. Ce fut même par les langues sémitiques que le savant professeur inaugura la série de ses publi- cations.
Dès 1838, Mgr van Bommel pour lui témoigner sa satisfaction le nomma chanoine honoraire de sa cathédrale.
Dans ses leçons sur les langues sémitiques, Beelen commençait par l'hébreu. Il autographia même, pour l'utilité de ses élèves, une gram- maire et une chrestomathie hébraïque qui sont demeurées inachevées. Aux élèves plus avancés il expliquait la langue néo hébraïque des rabbins, le chaldéen, le syriaque et l'arabe.
Durant les premières années il s'était contenté, pour ses leçons de chaldéen et de rabbinique, de la dictée et de l'explication de vive voix. Il sentit bientôt tout ce que cette méthode avait d'incom- mode et de désavantageux pour les élèves. Xe trouvant pas de manuel à leur mettre entre les mains, il s'occupa d'en rédiger un. Telle est l'origine de la Chrestomathia rabbinica et chai- daica, dont les deux premiers volumes parurent en 1841 et le troisième en 1843 (1).
I Non? Montions à la fin de la notice la liste complète de tous )*•- ouvrages de Mgr Beelen.
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Il rédigea ce livre et choisit lès morceaux de manière à donner à ses élèves une connaissance suffisante de la langue et de la littérature rabbi- nique et chaldaique en même temps qu'il leur fournissait des armes utiles pour l'exégèse et l'apologétique.
Le premier volume est divisé en deux parties. La première est consacrée à la littérature rab- binique et contient un choix de réparties spiri- tuelles, de pensées, de proverbes, de paraboles, de fables, de lettres familières empruntées aux meilleurs auteurs. Viennent ensuite des extraits historiques tirés principalement du Seder 'Olam et du PseudoGorionide, puis des extraits des principaux grammairiens et lexicographes. A ceux-ci succèdent les interprètes de l'Ecriture sainte : Aben-Ezra, le premier et le principal, Raschi, autrement Rabbi Salomon Ben Isaac, David Kimchi, Abarbanel long et prolixe, Salo- mon BenMelech, les livres appelés Mechilta et Siphra, les Midrasch Rabbot et Jalhout Schim- honi. Suivent les philosophes, les théologiens et les poètes, parmi lesquels Rambam ou Maiemo- nides, le plus célèbre de tous. La seconde partie donne des extraits tirés des parties chaldaiques des livres d'Esdras et d'Esther, des Targums d'Onkelos, de Jonathan et de Jérusalem, du Mi- drasch Echa Rabbathi, du Zohar, ce livre caba- listique écrit en dialecte Jérosolymitain qui semble tout imprégné d'idées chrétiennes, de la
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Gemara de Babylone et de la Gemara de Jéru- salem qui avec la Mischna forment le Talmud. Un dernier chapitre donne quelques morceaux lyriques; enfin un appendice exerce les élè1 à la lecture des caractères rabbiniques. dans lesquels sont écrits et souvent imprimés les écrit> des docteurs de la synagogue.
Le second volume contient un choix de notes explicatives où l'auteur montre une vaste con- naissance de la littérature juive. Le troisième, qui ne parut que deux ans après à raison du travail qu'il exigea, contient deux lexiques : le premier est pour l'interprétation des morceaux édités dans la chrestomathie; le second et Le plus important est le Lexique des abbréviations. Les abbréviations fourmillent dans les livres des rabbins; c'est ce qui les rend difficiles à comprendre. Buxtorf, Wolf, Sélig avaient déjà donné des dictionnaires de ces abbréviations. Celui de Beelen est le plus complet et le meilleur que l'on possède jusqu'aujourd'hui.
La Chrestomathie fut et reste appréciée. Nous nous bornerons à un seul témoignage. Le célèbre rabbin converti P. Drach, juge compétent en ces matières, écrivait l'année suivante, en 1844, dans la préface du premier volume de L'harmonie entre V Eglise et la Synagogue : « La meilleure chrestomathie rabbinique publiée jusqu'à pré- sent, c'est celle du savant et respectable abbé Beelen, professeur d'Écriture sainte et des
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langues orientales à l'Université catholique de Louvain. Ce recueil mérite de grands éloges pour le choix des morceaux, pour les notes et le glossaire dont l'auteur l'a enrichi. Malheureu- sement M. Beeien n'a pas donné la version des textes. »
En même temps qu'il achevait la publication de sa chrestornathie, le savant orientaliste, pour satisfaire sa piété, éditait une traduction fla- mande des Visites au Saint Sacrement de S. Alphonse de Liguori. Ce petit opuscule de piété fut souvent réimprimé et lui-même en donna une édition corrigée deux ans avant sa mort.
L'année suivante il édita avec les principales variantes le texte grec du livre de la Sagesse, qu'il expliquait alors à ses élèves.
En 1845, le laborieux professeur livra au pu- blic la dissertation sur l' Unité du sens littéral de l'Écriture sainte. Il traite si à fond cette question controversée qu'on peut dire qu'il a épuisé le sujet. Il se prononce pour l'unité du sens littéral et son opinion est aujourd'hui com- munément adoptée. Ce travail fut bien accueilli et augmenta encore la réputation du jeune pro- fesseur qui commençait à être connu hors de son pays.
Quatre années plus lard parut le Commentaire sur VÉpître aux Pliilippiens, suivi en 1850- 1851 du Commentaire sur les Actes des Apôtres
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«t en 1854 du Commentaire sur VÉpître aux Romains, qui est son chef d'oeuvre. Dans la pré- face de son Commentaire sur l'Épître aux Philip- piens, l'auteur nous apprend que, dès son arrivée à Louvain, il s'était imposé comme règle d'écrire brièvement toutes ses leçons d'exégèse. Son des- sein était de corriger, au fur et à mesure que l'occasion se présenterait, ce premier jet, et de le retravailler quand il expliquerait une seconde fois le même livre. Quant à publier ses Com- mentaires ainsi préparés il n'y pensait pas. Il ne se décida à publier que sur les instances qui lui furent faites.
Dans cette même préface l'auteur explique ainsi sa méthode : « En commentant l'Écriture sainte, j'ai toujours présente à la pensée la règle si sage imposée par le Concile de Trente à tout interprète catholique (sess. IV). Du reste, en observant religieusement cette règle et en me déliant de mes forcer, j'use en toute liberté de mon propre discernement, sans jamais suivre à l'aveugle aucun interprète. Je lis attentivement les écrits exégétiques des SS. Pères; à ce pre- mier travail je joins l'étude des grands inter- prètes du moyen â?e, d'Œcumenius, de Théo- phylacte, d'Euthymius, de saint Thomas, et des plus illustres commentateurs des temps mo- dernes. Je recueille avec soin les observations judicieuses qui ont été faites par mes devanciers. Comme je suis persuadé qu'aucune interpréta-
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tion, quelque spécieuse qu'elle soit, ne saurait être vraie si elle pèche contre les règles du lan- gage, ou si elle attache aux mots des notions fausses, je mets une attention particulière à ne point m'écarter des règles de la grammaire et à déterminer exactement le sens des mots. Je m'attache aussi à saisir et à faire voir l'enchaî- nement des diverses pensées. »
Le caractère distinctif des commentaires de MgrBeelen est effectivement cette exactitude ri- goureuse à déterminer le sens des mots et des phrases et à montrer l'enchaînement des pensées d'après la connaissance du langage des Livres saints. C'est en cela qu'il excelle. Ses vastes connaissances du grec, de l'hébreu et des langues en général le reniaient éminemment propre à employer cette méthode avec fruit. Dans ses leçons il insistait sur la nécessité de bien établir l'enchaînement des pensées, la suite et le lien des phrases. Ce « nexus », comme il l'appelait, est souvent difficile à saisir dans les Épîtres de saint Paul. Beaucoup d'interprètes ont fait fausse route pour l'avoir négligé. Beelen, pour le faire mieux saisir, a placé à côté du texte de l'Épître aux Romains et de l'Épître aux Philippiens, une paraphrase qui met en lumière toute la suite de l'enseignement de l'Apôtre et la liaison de ses- pensées. Ces qualités ne sauraient se montrer avec le même succès dans un livre historique. Aussi le Commentaire sur les Actes des Apôtres
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qui requiert plus de connaissances historiques, géographiques et chronologiques, bien qu'il soit justement apprécié, est-il inférieur aux deux ■autres. Le P. Patrizzi, qui a écrit sur les Actes lies Apôtres après Beelen, élève très haut le •côté philologique du commentaire de Beelen; mais il eût désiré quelque chose de plus pour le côté chronologique. C'est surtout dans le commentaire sur l'Épître X Romains que Beelen a montré ses grandes qualités d'interprète. On ne sait ce qu'il faut y admirer avantage ou sa grande science du langage des Écritures ou sa profonde connais- sance de la dogmatique. Cet écrit acheva la ré- putation du professeur de Louvain. C'est son principal titre de gloire. La méthode exégétique de Beelen fut louée par des savants, tels que les cardinaux Wiseman et Mai'. Le premier écrivit même à Beelen pour l'engager à commenter toutes les Épitres de saint Paul. Pie IX encou- ragea les travaux du professeur, et dans une lettre signée de sa main, il lui dit : « C'est avec beaucoup de plaisir que Nous avons reçu votre commentaire sur l'Épitre de saint Paul aux Romains, que vous venez de publier; car Nous ■ ons, cher Fils, combien les plus savants philologues de notre siècle estiment votre jugement; et par la lettre que vous Nous avez a lressée, Nous avons appris avec beaucoup de satisfaction que dans l'interprétation des saintes
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Écritures, vous vous attachez à suivre la règle que ie Concile de Trente a prescrite avec raison à tout interprête catholique. »
Beelen termine la préface de son commentaire sur l'Epître aux Romains par une déclaration de soumission entière au jugement de l'Église pour tous les ouvrages qu'il publierait. Il fut toujours fidèle à cette déclaration; il en donna une preuve toute particulière lorsqu'il fut, en 1860, mêlé accidentellement aux questions phi- losophiques qui concernent le développement de la raison humaine.
Entretemps l'infatigable professeur ne perdait pas de vue les langues sémitiques. En 1851 il acheta à Leipzig un corps complet de caractères hébreux, syriaques, samaritains, arabes et éthio- piens; puis se faisant ouvrier typographe, faute de compositeurs sachant manier les caractères orientaux, il se mit à Imprimer une grammaire syriaque qui devait être suivie d'une chresto- mathie. Cet ouvrage est demeuré inachevé.
Bientôt Beelen, cédant aux instances de Mgr de Ram, entreprit un travail syriaque plus considérable. Les deux r,pitres grecques de saint Clément romain sur la Virginité que saint J érôme et saint Épiphane avaient lues, passaient pour eue entièrement perdues comme tant d'autres monuments littéraires de l'antiquité chrétienne quand, vers le milieu du siècle dernier, par un bonheur inattendu, Wetstein les découvrit dans
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une version syriaque, placée à la fin d'un ma- nuscrit du Nouveau Testament syriaque, qui lui avait été envoyé d'Alep. Wetstein publia bientôt après cette traduction syriaque en y ajoutant sa version latine. Les Êpîtres furent plus tard insérées dans la Bibliothèque des Pères de Gallandi et traduites en diverses langues. Beelen, en lisant ces Épîtres, s'aperçut que la traduction de Wetstein était très défec- tueuse et chercha à se procurer le manuscrit. Aidé par Iuynboll, professeur de langues orien- tales à l'Université de Leyde, il le trouva au séminaire des Remontrants à Amsterdam et l'obtint en prêt. L'examen qu'il en fit lui per- suada qu'une nouvelle édition était nécessaire. Il se mit à l'œuvre.
L'ouvrage dédié à Pie IX parut en 185G et valut à son auteur les éloges les plus flatteurs. Depuis trois siècles on n'avait plus rien publié en Belgique en langue syriaque. Le jeune duc de Brabant, aujourd'hui Léopold II, offrit à l'auteur une belle tabatière en témoignage de satisfaction pour le don d'un livre si savant. Pie IX le nomma camérier d'honneur. Deux prélats orien- taux, Mgr Bartatar, archevêque de Seerd et un autre évêque Chaldéen ont joint par des lettres et par une pièce de vers leurs félicitations à celles des savants européens. Dans les prolégo- mènes l'auteur développe avec beaucoup de science les arguments qui établissent l'authen-
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ticité des deux Èpîtres. Ce point avait à peine été effleuré par ses devanciers. Néanmoins, jusqu'aujourd'hui la démonstration n'a pas fait taire tous les doutes. Peut-être l'avenir par de nouveaux documents achèvera-t-il l'œuvre. Pour ma part, je ne désespère pas. Car, aux preuves que l'on possédait, sont venus se joindre un frag- ment de la première Épître qui se* trouve dans un manuscrit syriaque extrêmement ancien du musée Britannique (1) et le témoignage d'un prélat oriental fort instruit, Mgr Sambiri, autre- fois chef des Jacobites. Après les prolégomènes vient le texte syriaque avec la traduction latine à côté et des notes théologiques au bas des pages. Puis, l'auteur, voulant aider ceux qui com- mencent l'étude du syriaque, donne de nouveau le texte syriaque. Cette fois, le texte est orné de points voyelles et accompagné de notes gram- maticales et d'observations critiques sur la version latine de Wetstein et sur la version alle- mande du Père Zingerlé. Un premier appendice donne ces deux versions, un second ajoute quelques fragments exégétiques qui se trou- vaient dans le manuscrit syriaque. Une table de matières et un erratum terminent le volume.
Entretemps Beelen continuait ses leçons d'exé- gèse. Il donnait par semaine une leçon sur la grécité du Nouveau Testament. C'est ce qui lui
(1 Ce manuscrit est de l'an 502 tt est, côte « add. mau. 12, 136. »
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fit rédiger la Grammatica graecitatis Novi Testament i qui vit le jour en 1857. Sans doute le catholique n'est pas comme le protestant, obligé de recourir à l'exégèse pour connaître sa foi : il a dans l'autorité infaillible de l'Église une règle plus sûre que toutes les règles de la gram- maire L'enseignement divin de l'Église et le consentement unanime des Pères, forment en matière de foi et de mœurs une interprétation à laquelle l'exégèse elle-même se sent obligée de se soumettre. Cependant il faut remarquer que le nombre des passages dont l'Église a déterminé le sens dogmatique est très restreint. Au com- mentateur incombe le devoir de défendre l'in- terprétation de l'Église, et de rechercher. le sens des textes obscurs. Or, quand il s'agit du Nou- veau Testament, il est indispensable, pour com- battre efficacement les protestants et les ratio- nalistes, de recourir au texte grec. Mais ce grec n'est pas le même que le grec classique; il est mêlé d'hébraismes, il a ses formes grammati- cales, ses règles de syntaxe, ses tournures de phrases particulières. C'est le grec parlé en Palestine, en Syrie et en Egypte après les temps d'Alexandre De nos jours les protestants, nom- mément Haab, Alt, Trollope, et surtout Winer ont publié sur la grécité du Nouveau Testament des études approfondies, mais trop souvent imprégnées des préjugés ae leur secte. Du côté des catholiques un semblable travail manquait
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encore. Beelen a comblé cette lacune. Il s'en explique ainsi dans la préface : «J'ai été obligéT dit-il, depuis quelques années d'ajouter chaque semaine à mon cours d'exégèse une leçon sur l'idiome grec du Nouveau Testament. Il n'y avait point de grammaire de cet idiome que je pusse expliquer à mes élèves, et de laquelle ils pussent se servir avec avantage. C'est ce qui m'a inspiré îe dessein de composer, d'après la grammaire de Winer, un livre qui pût convenir à mes leçons ; car l'ouvrage même de Winer ne pouvait êire d'usage dans nos cours académiques. En effet, sans rappeler que Winer n'est pas catholique et que souvent ses paroles blessent les oreilles fi lèles* la : langue seule dans laquelle est écrite sa grammaire la rendait inapte à nos cours. Les jeunes théologiens qui de la Belgique, de la France, de l'Angleterre, de l'Irlande se rendent à l'Université de Louvain, pour la plupart, ne connaissent pas l'allemand. En outre, j'avais trouvé que l'exégèse de Winer n'était point sans reproche, et que son ouvrage présentait d'une part des lacunes et renfermait d'autre part plu- sieurs choses inutiles à mes élèves. » Mgr Beelen a non seulement corrigé Winer, mais il l'a re- tondu et complété, de sorte que la Grammatica graecitatis N. T. est en somme un nouvel ouvrage beaucoup supérieur au premier.
Durant ses moments de loisir Beelen, depuis une dizaine d'années déjà, travaillait à une
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version néerlandaise du Nouveau Testament. C'était un vœu général dans les Flandres et en Hollande d'avoir une nouvelle version, et ce vœu avait été souvent exprimé au savant exégête que l'on regardait, avec raison, comme l'écrivain le plus capable de le réaliser. Les versions qui existaient étaient en effet insuffisantes. La tra- duction Janséniste de De Witte, celle du pro- testant Vander Palm, outre qu'elles étaient très défectueuses, n'inspiraient aucune confiance au point de vue de l'orthodoxie. Il ne restait donc que la traduction de Van Wingbe, plus connue sous le nom de Bible de Moerentorf. Mais les exemplaires étaient devenus rares. De plus cette version n'était pas accompagnée de notes expli- catives; elle était en vieux flamand brabançon et laissait beaucoup à désirer tant pour le fond que pour la forme Les pères Smits et Van Hove avaient bien, il est vrai, entrepris au siècle dernier une nouvelle version; mais la mort ne leur avait permis de traduire qu'une partie de l'ancien Testament. Il y avait donc un grand service a rendre aux Flandres et à la Hollande. L'œuvre était longue et difficile; mais personne n'était préparé comme Beelen. Lui seul pouvait, semblait il, la réaliser. Elle allait occuper le reste de sa vie. Il ne recula pas. Aussitôt que sa gram- maire fut achevée, il consacra à la traduction flamande tout le temps que n'absorbaient pas les devoirs du professorat.
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Comme préparation à ce long et important labeur, il publia en 1858 ses Grondregels, voor het vervaardigen eener nederduitsche verta- ling van het Nieuive Testament ten gebruike der katholieken. {Régies fondamentales pour la préparation d'une traduction du Nouveau Testament à Vusage des catholiques). Cet écrit avait un double but. Il préparait le terrain; il faisait connaître les règles qui avaient guidé l'auteur dans son travail et les justifiait; en même temps il sondait l'opinion et provoquait les observations des hommes compétents, parti- culièrement des évêques de Belgique et de Hol- lande, afin de pouvoir, s'il y avait lieu, retoucher sa traduction.
Beelen impose au traducteur dix-huit règles, qui se réduisent, comme l'a observé Mgr Malou, à ce double principe : 1° le traducteur doit rendre fidèlement la Vulgate; 2° à ce précepte il y a quelques exceptions. L'auteur justifie chacune de ses règles par des exemples bien choisis. Il donne ensuite trois chapitres de sa traduction pour montrer comment il a observé ses règles, et termine par une critique, souvent juste mais quelquefois trop sévère, des versions françaises du Nouveau Testament.
Mgr Malou, évêque de Bruges et son ancien collègue, écrivit à l'auteur la lettre suivante qui nous dispense de porter nous même un juge- ment dont la compétence pourrait justement être contestée :
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Bruges, le 29 mars 1858.
Mon cher Monsieur,
« Je n'ai pu achever que ce matin la lecture, attentive et scrutatrice des Règles fondamentales que vous avez publiées en flamand pour faire connaître la marche que vous avez suivie dans la traduction flamande du Nouveau Testament, que vous allez mettre sous presse. J'ai reconnu et admiré dans ce travail votre exactitude et votre ponctualité habituelle; et je ne doute point que la version flamande composée d'après ces règles, ne satisfasse les critiques les plus diffi- ciles, et ne serve ensuite de modèle aux écri- vains qui tenteraient de traduire le Nouveau Testament en d'autres langues modernes. Voici les seuls points que j'ai à relever. » Le savant prélat relevait ensuite certaines expressions et certains petits détails dont le plus important est celui ci : « J'ai remarqué que vos notes ne sortent pas du domaine exégétique et historique. Des notes pratiques et ascétiques auraient leur utilité; mais vous avez redouté sans doute l'étendue. »
Dans une seconde lettre le docte évêque en- gageait l'auteur à traduire ses Règles en latin
Bientôt le savant traducteur reçut une appro- bation flatteuse de l'Épi scopat belge réuni à Ma- lines. En voici les termes :
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Malines, le 4 août 1858.
Monsieur le Professeur,
« Après avoir examiné et fait examiner les Règles de traduction que vous avez rédigées sous le titre de Grondregels, etc., nous vous autorisons à publier une nouvelle traduction du .Nouveau Testament en langue vulgaire et nous sommes disposés à accorder notre approbation à votre travail. Vos connaissances étendues, votre long enseignement à l'Université catho- lique nous inspirent une entière confiance sur la fidélité de cette version; mais afin de donner plus d'autorité à votre important travail, nous examinerons et nous ferons examiner toutes les parties de cette traduction qui contribuera, nous l'espérons, à l'édification des fidèles et à l'étude des vérités saintes.
Recevez, etc. »
t Engelbert Card. Arch. de Malines. 7 Gaspar Jos. , évoque de Tournay. t Nicolas Joseph, év. de Namur.
Louis Jos., év. de Gand.
Joan. Bapt , év. de Bruges, t Théodore, év. de Liège.
En conséquence de cette lettre, chaque évêque nomma un reviseur chargé d'examiner, feuille par feuille, avant qu'elle sortit de presse la
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traduction et les notes et de transmettre ses observations à l'auteur, afin que celui-ci pût en profiter. L'évêque de Bruges, Mgr Malou, exa- mina scrupuleusement le travail et adressa à son ancien collègue de sagaces et judicieuses notes. Mgr Van Hemel, vicaire général de Ma- lioes, ajouta les siennes. L'évêque de Gand, Mgr Delebecque, transmit les observation? de M. le chanoine Bracq, alors professeur d'Ecri- ture sainte depuis vingt neuf ans. Ces obser- vations marquées au coin d'une grande science des Ecritures et tirées des meilleurs commen- tateurs ont plus d'une fois servi à l'auteur pour améliorer soit sa traduction soit ses notes. Malheureusement il ne reste que quelques f ag- ments de cette correspondance exégétique. Ce qui reste fait regretter ce qui est détruit.
La traduction de l'Évangile de saint Mathieu parut en 1859; les autres parties du Nouveau Testament suivirent successivement. L'Apoca- lypse, qui termine la loi nouvelle fut achevée en 1869. La publication a donc duré dix ans. Il a fallu, pour la réaliser, un travail long, hérissé de difficultés, une vaste science, une connais- sance profonde de la langue néerlandaise et une grande clarté d'exposition.
La traduction est accompagnée de notes expli- catives qui forment un commentaire solide, clair et complet du texte. On y remarque facilement la science vaste et sûre d'elle-même que possé-
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dait l'auteur. Elles sont si condensées qu'elles valent un long commentaire. Son Em. le Car- dinal Dechamps, qui appréciait hautement Beelen et qui eût voulu l'avoir à Rome à côté de lui durant le Concile, insista à diverses reprises par des lettres pressantes pour que l'auteur mît ses notes en latin et fit ainsi un commentaire utile aux membres du clergé belge et étranger qui ne connaissent pas le flamand.
Il lui écrivit le 9 octobre 1870 : « J'entends exprimer de tous côtés un vœu, auquel je m'as- socie : ne publierez-vous pas vos commentaires en latin?
<• Je sais que la langue flamande ou hollan- daise est très noble et très riche, et qu'elle peut concourir avec la langue allemande, sa sœur puînée, mais il n'en reste pas moins vrai que la sphère où se parle l'allemand primitif n'est pas très étendue, ne l'est pas du moins assez pour vos travaux. Vous avez très bien fait de les pu- blier en flamand, pour le bien dune foule d'âmes, mais en les publiant en latin, vous seriez utile à une foule de prêtres de toute nation. »
Tous les évèques de Belgique félicitèrent cha- leureusement l'auteur d'avoir mené à bonne fin sa grande et difficile entreprise et lui donnèrent une approbation collective des plus flatteuses, dans laquelle ils louent la fidélité de la version, l'habileté consommée et la grande exactitude du traducteur, l'érudition et la saine doctrine des
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notes qui font si bien saisir le sens de la parole divine.
Les évêques de Hollande se rangèrent à l'ap- préciation àe$ évêques belges. Le souverain Pontife encouragea de sa bénédiction l'auteur à, continuer ses travaux Comme marque de la considération dont il était l'objet à Rome, Beelen fut nommé consulteur de la congrégation de l'Index en 1859. Le savant jésuite Victor De Buck parla et écrivit dans le même sens. Ce ne fut eulement le clergé des Flandres qui exalta le travail de Beelen; mais ce turent aussi des protestants. Le Dr Visseriog, protestant e-. liîT<>- rateur hollandais, s'exprime ainsi dans le Tyd- spiegel de juin 1861 : » La traduction de Be se distingue par une fidélité, une exactitude de détails, une propriété et une clarté d'expression. une pureté de style et de langage, comme on n'en rencontre que très rarement. » Plusieurs fois cependant ces mêmes personnes qui payaient au savant traducteur un juste tribut d'hom- mages, lui exprimèrent le désir de voir dispa- raître certaines phrases, certaines tournures hollandaises, difficiles à comprendre dans les Flandres. On trouvait aussi la traduction si absolument littérale en certains endroits qu'elle s'éloignait du génie de la langue flamande et qu'elle perdait cette facilité à être comprise que le peuple recherche. Mais ce ne sont là que de ces légères imperfections dont aucun ouvrage
( CXLII )
n'est exempt. "Un de ses élèves jugea que ses notes traduites en français formeraient un ex- cellent commentaire en cette langue; mais il ne consentit pas à les laisser traduire. Il eut pen- dant quelque temps l'intention de faire lui-même ce travail; il laisse en effet, en manuscrit, des notes critiques sur les versions françaises de Sacy, de Carrières, de Gaume et de Lallemand, et un essai de traduction française qui comprend tout le Nouveau Testament. Il ne poussa pas plus loin ce travail, pressé qu'il était de tous côtés de continuer ses traductions flamandes.
En effet, à peine Beelen avait-il achevé l'œuvre magistrale qui a rendu son nom cher au clergé des Flandres, que les évêques belges l'engageaient à un nouveau travail. Depuis des siècles, il est d'usage dans nos catholiques con- trées flamandes, que chaque maison possède un livre des Épitres et des Évangiles, destiné soit à suivre les offices liturgiques, soit à édifier la famille aux pieuses lectures du soir. C'était le vœu d'un grand nombre de fidèles et de pasteurs de voir Mgr Beelen donner une traduction avec notes de ce livre traditionnel. Ce vœu semblait facile à réaliser. Il n'y avait qu'à ajouter la tra- duciion des morceaux tirés de l'Ancien Testa- ment et d'y joindre les annotations requises. Tous les morceaux tirés du Nouveau Testament étaient déjà traduits et annotés. Néanmoins quelques personnes auraient voulu un travail
( CXI. III )
•
différent; elles auraient voulu des annotations pieuses qui fissent de cet ouvrage un livre de piété à lire en famille. C'était un travail tout nouveau et rentrant moins dans les aptitudes spéciales de Beelen. L'infatigable écrivain se mit donc à l'oeuvre; mais il suivit sa méthode habituelle. Au mois d'août 1870, les Épîtres et Évangiles des dimanches et des fêtes, traduc- tion néerlandaise et notes avec une longue pré- face, sortaient des presses et venaient remplacer avantageusement les livres de ce genre dont on se servait auparavant. L'année suivante les Épîtres et Évangiles du carême vinrent com- pléter les Épines et Évangiles des dimanches et des fêtes.
Les évêques de Belgique dans leur approba- tion collective s'expriment ainsi : «Cette nou- velle Traduction des Épitres et Évangiles des dimanches et des fêtes de Vannée, avec 80 a commentaire perpétuel faite, à notre invitation, par l'excellent M. Beelen, a été soumise pai nous à un examen attentif. Nous iui donnons notre entière approbation et nous recomman- dons instamment remploi de cette nouvelle ver- sion aussi bien pour le service public dans les églises que pour l'usage privé dans les familles - Cette approbation est répétée pour la traduction des Épitres et Évangiles du caième. Le langage épiscopal dispense de tout éloge. Nous ne pou- vons cependant passer sous silence le jugement
( CXLIV )
que le savant Bollandiste Victor De Buck porta, à cette occasion, dans les Précis historiques (1) sur cet écrit et sur les ouvrages de Mgr Beelen en général. « Le catalogue des livres de Mgr Bee- len. écrit ce savant religieux, s'accroît constam- ment, c'est le moindre mérite de l'auteur. Ce qui le distingue de la foule des écrivains, c'est que toutes ses publications sont excellentes dans leur genre. Or, après tant de livres publiés sur la sainte Écriture, ce n'est pas là un éloge sans valeur. Pour dire toute notre pensée, nous dou- tons que la Belgique ait produit en ce siècle des ouvrages plus savants, plus solides, de meilleur goût que ne le sont, en général, les écrits de Mgr Beelen, et nous pensons qu'ils lui survi- vront autant que ceux d'A Lapide, de Maldonat, de Siapleton, etc., ont survécu à leurs auteurs.
• Les Êpitres et Évangiles qui viennent de sortir de presse sont naturellement, en très grande partie, une reproduction de la traduc- tion annotée du Nouveau Testament par le même auteur. Il n'avait pas besoin de refaire ce qui avait été bien fait dès la première fois. Il n'a eu qu'à ajouter la traduction et l'explication dun nombre restreint de leçons tirées de l'Ancien Testament.
» La routine sera peut-être cause que, pendant quelque temps, la traduction de Mgr Beelen ne
(1) Livraison du 15 novembre 1870.
( CXLV )
soit pas d'un us?ge commun, et qu'on continue de se servir au prône 'd'anciennes traductions plus ou moins renouvelées; mais à la longue, la raison l'emporte sur la routine, et il n'est pas douteux que, vu l'infinie distance qui sépare la traduction de Mgr Beelen des traductions en vogue, la raison ne conseille de se servir du travail du savant traducteur. »
Tandis qu'il publiait tous ces savants ouvrages Mgr Beelen continuait ses leçons d'exégèse et de langues sémitiques et faisait l'admiration de ses auditeurs, autant par la pureté «le la diction et la clarté de l'exposition que- par l'étendue et la profondeur de sa science. Durant un long professorat de 39 ans, jamais sa réputation ne se démentit. Deux fois .ses élèves lui offrirent son portrait lithographie. Lorsque l'Université ou la Faculté de théologie devait rédiger une pièce latine. Beelen était toujours chargé de ce travail. Tant do services rend'.; s à l'enseigne- ment et aux lettres méritaient vaiq récompense. Le roi le nomma en 1871 chevalier de son ordre.
De divers côtés, on demandait à Beelen de faire pour les Psaumes ce qu'il avait fait pour le Nou- veau Testament. Comme nous l'apprend M. F. Nève (l), le savant exégôte avait eu, vingt ans auparavant, l'intention de publier un cornmen
(Ij Deë travaux d'exégèse de M. J. T. Beelen dans les Annales de philosophie chrétienne, iBoi.
Ap. — 9
( CXLVI )
taire des Psaumes, mais son projet avait été interrompu par d'autres travaux. Il était donc déjà préparé à ce nouveau et difficile travail. Quoiqu'il eût déjà trente-cinq années de profes- sorat, qu'il fût arrivé à l'âge où l'on peut aspirer à un légitime repos, il entreprit l'œuvre deman- dée. L'ouvrage fut publié en deux volumes en 1877-1878, deux ans après que le savant profes- seur, sentant ses forces diminuer, avait demandé et obtenu l'éméritat bien légitimement acquis^ mais qu'on ne lui donna qu'à regret.
On retrouve dans la traduction des Psaumes et dans les notes qui l'accompagnent toutes les qualités que l'auteur a montrées dans ses précé- dents écrits. Il y a toutefois une différence à noter. Le livre des Psaumes offre des difficul- tés particulières. Il est quelques endroits des psaumes qui exigent, pour être bien élucidés, d'assez longs développements; d'autres sont l'objet de controverses qu'il est impossible de résoudre en quelques mots; d'autres enfin de- mandent la discussion attentive du texte hébreu. Pour ne point entraver la marche du commen- taire, l'auteur a traité ces questions en appen- dice C'est là aussi qu'il apporte les passages îles Pères qui sont un peu longs, et qu'il réfute les rationalistes qui ont voulu nier le caractère prophétique des Psaumes. Selon le désir de beaucoup de lecteurs, il mit le texte latin en regard de la version.
( CXLVI1 )
C'est alors que le Souverain pontife Léon XIII, se souvenant de son ancien condisciple, le nomma, à la demande du cardinal Dechamps, prélat de sa Maison.
Les Psaumes terminés, il commença la tra-
5
duction des Proverbes, qui parut l'année sui- vante. Il avait soixante-douze ans et com- mençait à ressentir les infirmités de la vieil- lesse. Une toux opiniâtre le privait souvent du sommeil; il passait des nuits pénibles; ses forces diminuaient. Une plaie à la jambe l'empêchoit de faire ses promenades habituelles et quelque- fois de dire la messe. Il n'en continua pas moins sa traduction néerlandaise des livres de l'Ancien Testament et ne l'abandonna que lorsqu'il fat lui-même abandonné par les forces physiques. L'Ecclésiaste parut en 1880, la Sagesse en 1881, Y Ecclésiastique en 1883. Il eommença les Ma chabées qu'il n'a pu achever. Pendent opéra interrupta. Il avait choisi de préférence les livres qu'il avait autrefois expliqués à ses élèves, parce qu'il les connaissait mieux et que ses forces affaiblies ne lui permettaient plus le tra- vail ardu d'autrefois. En outre ces livres n'avaient pas été traduits par les Pères Smits et Van Hove. Ainsi, sa traduction comblait un vide et offrait une utilité spéciale.
Épuisé par tant de travaux, il vit approcher la fin de sa vie laborieuse et le moment où les joies d'un monde meilleur allaient remplacer les
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Souffrances, qui remplirent les derniers mois de son existence sans lui ôter ni le. courage ni la patience. Quand il sut que ses derniers jours approchaient, il fit appeler ie curé de la paroisse, se confessa et ne s'occupa plus que de bien mourir.
Il avait toujours eu une grande dévotion au saint Sacrement. Il aimait à aller, durant ses promenades, le visiter dans les églises où il y avait exposition. Lorsque le président du collège du St Esprit lui apporta lé .saint Viatique et fit appel à ses semiments de foi et de piété, il se leva sur son séant, et d'une voix vibrante qui émut tous les assistants il s'écria : « 0 Jésus, mon créateur, mon rédempteur, je crois en vous, je mets en vous toute ma confiance, je vous aime de tout mon cœur. Venez, venez, ô mon amour, venez et ne tardez pas. » Puis levant les mains, il articula avec l'ardeur d'une foi vive et profondément convaincue les paroles litur- giques : « Corpus Domini nostri Jesu Christi custodiat animam meam in vitara seternam. Amen. » Durant les six jours qu'il vécut encore il reçut de nouveau la Sainte Communion avec les mêmes sentiments de foi. Plein de résigna- tion il répétait à ceux qui venaient encourager ses derniers moments : « C'est comme le bon Dieu voudra. » Enfin, le 31 mars 1884, il s'endormit doucement dans le Seigneur, mourant en paix avec Dieu comme il avait vécu en paix avec les hommes.
( CXLIX )
Beelen fut l'un des maîtres les plus illustres de la première génération de l'Université catho- lique. Il contribua, plus que tout autre, à la renaissance des études d'exégèse sacrée en Belgique. Il fit revivre l'étude des langues orien- tales, s'acquit la reconnaissance des deux Flan- dres et de la Hollande par sa traduction néer- landaise du Nouveau Testament et laisse des écrits qui lui survivront et le feront ranger parmi les grands commentateurs.
Son corps repose dans le cimetière bénit de l'abbaye de Parck. On lit sur sa modeste tombe :
HIC JACET
ILLUSTRISSIMUS AC REVEREXDISSIMUS
JOAXXES THEODORUS BEELEX
S. S. PR.ELATUS DOMEST.
QUI • XATUS ' AMSTELODAMI ■ PRID. ■ ID ■ JANUAR
A. • MDCCCVII
PROFESSOR • IX • ALMA ■ UNIVERS. ■ CATH. ■ LOVAX.
RENUNTIATUS ■ A. ■ MDCCCXXXVI
IBIDEM • PER • ÀNNOS ' XXXIX ■ EGREGnS
EDITIS * LIBRIS
S. ' SCRIPTURAM ■ EST ■ 1XTERPRETATUS ■ El
LINGUAS • ORIENTALES ■ DOCUIT
VARIISQUE • AUCTUS ■ HOXORIBUS ' Tl'M
ECCLESIASTICIS ' TTJM ' CIVILIBUS
PIE " AC • CAXDIDE ■ CEI; • VIXIT ■ IX ■ DOMINO
OBDORMIVIT PRIDIE • KALEXD APRILIS ■ A. ■ MDCCCLXXXIV.
LISTE DES OUVRAGES DE Mgr BEELEN
1 . Chrestomathia rabbinica et chaldaica, cum notis grammaticis, historicis, theologicis, glossario et lexico abbreviaturarum, quœ in Hebrœorum scriptis passim occurrunt.
— Lovanii, Vanlinthout et Vandenzande, 1841-1843; 3 vol. in-8° de vi-322 et 170, 326 et 201, 343 pp., en 5 parties.
2 Bezoeken bij Jésus Christus in het Aller- heiligste Sacrament des Altaars. door den heiligen Alphonsus Maria de Liguori. Vit het italiaansch vertaald door J. Th Beelen .
— Leuven, Ickx en Geets, 1843; in- 16. Plusieurs fois réimprimé à Louvain et à
Amsterdam. Nouvelle édition. Leuven bij Ka- rel Fonteyn, 1882. Vol. in- 18 de viii-156 pages.
3. Liber sapientiœ grœce secundwn exemplar
Yaticanum. In usum saorum auditorum, addita selecta varietate lectionis codicis Alexandrini atque editionum complutensis et Aldinœ — Lovanii, Vanlinthout et Van- denzande, 1814; in 4° de 16 pages.
4. Disserlatio theologîca , qua sententiam vulgo rec^ptam, esse sacrœ scripturœ mul- tiplicem interdum sensum litteralem, nullo fundamento satis firmo niti, demonstrare conatur J. T. Beelen. — Lovanii, Van-
( CLI )
lintliout et Vandenzande, 1845; vol. in- 8° de vin 143 pages.
5. Interpretatio epistolœ S Pauli ad Philip - penses. — Lovanii, Ickx et Geets, 1849; in 4.
Réimprimé sons le titre de : Comment arius in epistolam S. Pauli ad Philippenses. Accédant textus grœcis atque latinus, et continua totius epistolœ paraphrasis. Editio secunda. — lovanii, C. J. Fonteyn, 1852; in 4° de iv-142 pages.
6. Commentarius in Acta Apostolorum, cui intègre adduntur textus grœcuset latinus. — Lovanii, C. J. Fonteyn, 1850-1851; 2 vol. in 4° de XII-272 et 266 pages. Deuxième édition, sans les textes grec et latin. — Ibid. 1864; vol. in 8° de 606 pages.
7. Commentarius in epistolam S. Pauli ad Romanos. Accedunt textus grœcus atque latinus, et continua totius epistolœ para- phrasis. — Lovanii, Fonteyn et Vanlinthout, 1854; vol. in -4° de xix-517 pages.
8. Sancti patris nostri démentis Romani epistolœ binœ de virginitate syriace, ad /idem codicis manuscripti Amstelodo- mensis, additis notis criticis, theologic/s, et nova interpretatione latina. Accedunt fragmenta nonnulla Syriaca exegetici argumenti, ex eodem codice manuscripto deprompta, nunc primum édita et latine reddita. — Lovanii, C J. Fonteyn, 1856, in 8° 4e xcvii-327 pages.
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9. Grammatica grœcitatis Novi Testamenti.
— Lovanii, C. J. Fonteyn, 1857; in 8° de VIH-5S4 pages.
10. Gronclregtls voor het vervaardigen esner nederduitsche vertaling van het Xieuice Testament ten gebruike der hathoJieken.
— Leuven, Vanlinihout, 1858; in-8° de vu- 142 pages.
1 1 . Het Xieuice Testament Onzes Heeren Jesus- Christus volgens den latijnschen tekst der Vulgaat, in het nederduitsch vertaald en indôorloopendeaanteeheningenuitgeîegd.
— Leuven, C. J. Fonieyn, 1859-1869; 3 vol. in-8° de xi-678, 690 et 439 pages.
12. De Epistels en Erangeliën op aile de zon- dagen en op de voornaamste feestdagen van het kerhelijk jaar, naar den latijn- schen tekst van het romeinsch Missaal, opnieuw in het nederduitsch vertaald en in doorloopende aanteekeningen uitgelegd.
— Leuven, C J. Fonteyn, 1870; vol. in 8° de xlvi-332 pages.
13. De lessen en Evangeliën op al de dagen van den heiligen tijd van den vaste, naar den latijnschen tekst van het romeinsche Missaal, opnieuw in het nederduitsch ver- taald en in doorloopende aanteekeningen uitgelegd. — Leuven, C J. Fonieyn, 1871; vol. in-8° de xn-266 pages.
14. Het boeh der psalmen naar den latijnschen
( CLIII )
tehst der Vulgaat, in het nederduitsch vertaald en in doorloopende aanteehenin- gen uitgeleyd. — Leuven, K. Fonteyn, 1878; 2 vol. in-8° de xn-357 et 322 pages.
15. De spreuhen van Salomo, naar den latijn- schen tehst der Vulgaat, in het neder- landsch vertaald en in doorloopende aan- teekeningen uitgelegd. — Leuven, Karel Fonteyn, 1879; vol. in 8° de vn-237 pages.
16. Het boeh genaamd de Prediheer, naar den latijnschen tehst der Vulgaat, in het nederlandsch vertaald en in doorloopende aanteeheningen uitgelegd.— Leuven, Karel Fonteyn, 1 380 ; vol. in-8° de vi-7-i pag-js.
17. Het boek der Wijsheid, naar den latijn- schen tehst der Vulgaat, in het neder - landsch vertaald en in doorloopende aan- teeheningen uitgelegd. — Leuven, Karel Fonteyn, 1881; vol in-8° de vm 133 pages.
18. Het boeh genaamd Ecclesiasticus , naar den latijnschen tehst der Vulgaat, in het nederlandsch vertaald en in doorloopende aanteeheningen uitgelegd — Leuven, Karel Fonteyn, 1883; vol. in 8° de vm 360 pages.
19. Grammatica syriaca, >ans litre ni date; restée inachevée, 88 pages in-8° imprimées vers 18ô4.
20. Grammatica et chrestomathia hebraica, inachevée et autographiée par l'auteur i 1851.
Ap. - 9.
. ( ( LIV )
Dayis la Revue catholique de Louvain
21. Remarques sur la théologie dogmatique du P. Perrone, iv-v. 1846 1847.
En manuscrit.
22. Archœologia biblica. Traité fort étendu» mais incomplet qui comprend les leçons données en 1840 1841.
23. Scholia in quatuor Evangelia, in Epistolas ad Gorinthios, ad Hebrœos, in psalmos, in librum Sapientiœ, in Isaiam. Ces commen- taires sont inachevés; mais on les consul- tera avec profit. Le commentaire sur Isaïe renferme une introduction générale sur les prophètes et est pi as achevé que les autres.
24. Version française du Nouveau Testament avec des remarques critiques sur les ver- sions de Sacy, de Carrières et de plusieurs autres.
T. J. Lamy, de la Fac de Théol.
NOTICE sur l'institut de microscopie.
La création d'un laboratoire de cytologie, à l'Université catholique de Louvain, remonte à l'année 1876. Monsieur le professeur J. B. Car- noy, premier titulaire de la chaire de biologie cellulaire, érigée à Citte époque, en jeta les fondements, le dota, à ses frais, de cinquante excellents microscopes, y groupa le mobilier, l'outillage et les matériaux; et, dès le début, le mit à même de satisfaire aux exigences de l'en- seignement exclusivement pratique qu'il voulait y donner.
Successivement ces premières installations furent perfectionnées et enrichies.
Rappelons en passant que Y Aima Mater est encore actuellement la seule Université qui puisse se glorifier d'avoir une chaire autonome de biologie cel lui lire. Cette heureuse initiative est conforme d'ailleurs à ses traditions.
Monseigneur le recteur Pieraerts, qui appré- cie hautement la nécessité d'un enseignement intuitif et pratique dans les sciences, et qui a manifesté tant de fois son estime pour cet en- seignement par la création et l'amélioration de plusieurs laboratoires et musées, n'a pas man- qué d'accorder à l'institut micrographique la
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part de sollicitude que celui-ci réclamait. Aussi,, grâce à ses libéralités éc'airées, les installations de l'institut furent élargies et le mobilier consi- dérablement augmenté et approprié aux travaux des étudiants. Actuellement les laboratoires de cytologie peuvc nt rivaliser avec ceux dont les allemands ont tant de raisons d'être fiers.
Nous devons à l'histoire de l'Université catho- lique de donner une description sommaire de l'institut micrographique.
Les locaux en sont situés au collège du Pape Adrien VI, place de l'Université. Ils y occupent le premier étage du corps de bâtiment principal, au fond de cet imposant quadrilatère dont l'ar- chitecture à la fois sévère et grandiose rappelle le prestige et les gloires de la vieille Aima Mater.
Composés de trois pièces contigues, d'inégale dimension et en rapport chacune avec sa desti- nation spéciale, ces locaux constituent un en- semble très harmonieux et sont admirablement appropriés aux usages variés quoique connexes, auxquels ils doivent servir.
La première salle, la plus vaste, occupe le- centre ;cVst tout à la fois le laboratoire et l'audi- toire habitue 1 du cours. A la vue de cette grande salle, on a peine à croire qu'un professeur puisse s'y faire entendre aux cent et quarante étudiants qui viennent journellement s'initier aux mé- thodes scientifiques. Mais la régularité de la
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pièce en rend l'acoustique facile. Sa longueur est de vingt-huit mètres, sa largeur de dix mètres; son élévation de six à sept mètres. L'aéra ge et l'hygiène ne laissent rien à désirer.
De hau'es fenêtres ouver>es au levant, dis- pensent partout une lumière vive et abondanteT élément de première nécessité pour les observa- tions microscopiques.
Ajoutons que des fontaines distribuent de tous côtés l'eau de pluie recueillie dans des bassins placés à l'étage supérieur.
La chaire du professeur occupe le centre de la paroi opposée aux fenêtres ; elle porte à son arrière-plan un tableau noir monté sur pivot et mobile dans tous les sens. D'autres tableaux noirs sont disposés aux extrémités de la salle.
Vingt -quatre tables de très grande dimension, solides, très pesantes et bien dressées, sont pla- cées sur trois rangées perpendiculaires à la direction du jour et graduellement plus élevées de manière à ménager sur toutes le libre accès de la lumière. Chaque table reçoit d3ux ou trois microscopes suivant son étendue; et les étudiants, associés deux par deux pour travailler ensemble pendant toute la durée des exercices, prennent place devant chaque microscope. Un rasoir, des aiguilles â dissection, une pince, des verres de montre, des verres porte objets et couvre-objets, divers réactifs complètent l'outillage afférent à chaque microscope. Ces menus objets sont re-
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misés, à la tin de chaque leçon, dans des ar- moires spéciales où l'élève trouve une case qui lui est personnellement affectée.
Dans un établissement de cette nature, ce qui doit avant tout fixer l'attention, ce pour quoi on a le droit de se montrer exigeant, ce sont les instruments d'optique. Nous sommes heureux de pouvoir le dire : la collection de ces instruments, qui sont mis quotidiennement à l'usage de la jeunesse laborieuse de l'Université catholique, constitue l'ensemble le plus complet et le plus perfectionné qu'il soit possible de réunir; elle peut, sans conteste, être proposée comme mo- dèle du genre. Soixante-dix microscopes con struits sur les indications de M. le professeur Carnoy, par l'habile opticien dléna, M Karl Zeiss, forment la partie essentielle. Ces micros- copes sont tous munis de deux oculaires et des deux objectifs A et D du même constructeur, les mieux appropriés aux observations ordinaires.
A côté de ces instruments qui sont d'un usage constant, le laboratoire dispose d'une foule d'ap- pareils qui prêtent leur concours aux investiga- tions : le microscope grand modèle de Zeiss, avec ses derniers perfectionnements, pourvu du con- densateur Abbe et enrichi de ses multiples ac- cessoires; le stativ IV du même constructeur; toute la série des objectifs si parfaits de l'opti- cien allemand, sans en excepter ses objectifs à immersion dans l'eau, et ses admirablas 1 12 et
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1/18 de pouce à immersion homogène, merveilles de l'art, qui analysent les détails les plus délicats de la cellule et en surprennent les secrets; le microscope pétrologique de Voigt et Hochgesang de Goitingen, avec goniomètre et appareils de polarisation; le prisme de Hartnaek pour la lumière monochromatique, le microspectroscope du professeur Abbe, l'objectif spectral de Engel- mann, le spectropolariseur de Rollett, des mi- cromètres, plusieurs chambres claires de Nachet et du professeur Abbe, un oculaire stéréosco- pique, enfin et pour ne citer que les principaux, le nouvel et excellent appareil microphotogra- phique de Zeiss auquel nous réservons quelques lignes plus loin.
Tous ces instruments sont conservés entre les leçons dans de spacieuses armoires vitrées où s'accumulent également les matériaux du cours empruntés aux deux règnes organisés, des col- lections intéressantes de préparations types de toutes sortes, qui s'accroissent chaque jour de ce que le travail quotidien du maître et des élèves produit de meilleur; les nombreux réac- tifs employés dans les manipulations microgra- phiques, d'importantes collections de végétaux fossiles, un herbier belge complet, etc., etc.
De petits aquariums en verre, au nombre d'une trentaine, établis de distance en distance, rendent facile la culture des organismes infé- rieurs, animaux et végétaux, qui fournissent de si précieux objets d'étude aux cytologistes.
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Le riche laboratoire que nous venons de décrire, est principalement affecté à l'usage des étudiants en seconde année de sciences et aux élèves pharmaciens, pour le cours de biologie cellulaire. Son outillage si complet le désignait tout naturellement pour les leçons d'embryologie humaine et comparée qui s'y donnent depuis l'an passé par M. G. Gilson, chargé de cours. Enfin les démonstrations microscopiques y sont faites subsidiairement aux élèves de l'institut agronomique.
La seconde pièce, contigue à la première et de dimension moitié moindre, est réservée comme laboratoire particulier au professeur. C'est là qu'il s'entoure de ses assistants pour diriger leurs premiers travaux micrographiques et les initier d'une manière pîu^ spéciale aux mé- thodes scientifiques C'est là aussi que les maté- riaux, qui doivent servir aux cours de cytologie et d'embryologie, subissent les traitements et la préparation éloignée qu'ils requièrent souvent : dissection, macération, durcissement, congéla- tion, enrobage, distribution en coupes minces, etc., etc. On y trouve un mobilier soigné, de grandes tables, d'immenses armoires vitrées, un outillage complet parfaitement adapté à ses multiples usages. Notons seulement les appareils d'incubation artificielle, les microscopes à dis- section, tout le matériel que nécessite la tech- nique microscopique. Une mention spéciale pour
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le microtome grand modèle de Thoma et pour celui deZeiss. Leur usage, devenu déjà familier à Louvain à toute une catégorie d'étudiants, ne contribue pas peu à y développer le goût des recherches scientifiques dont il donne la clef.
Tous les jours, à toute heure, cette seconde pièce est ouverte à tous les jeunes gens dont les goûts et les aptitudes font présager une vocation scientifique. La facilité de son accès en augmente l'utilité et en centuple les résultats heureux.
La microphotographie a réalisé dans ces der- nières années des progrès qui semblent devoir définitivement lui assigner une place dans la science. A Louvain on a déjà reconnu l'impor- tance de ce nouveau procédé de reproduction. On trouve ces installations spéciales dans une troisième salle, suffisamment spacieuse et atte- nante aux dt-ux autres.
L'ingénieux appareil de Zeiss mentionné plus haut commence à y fonctionner; et tout fait pré- voir que, dans un avenir prochain, il légitimera l'hospitalité qu'il reçoit, et dédommagera pleine- ment des sacrifices qu'il impose.
Cet aperçu, tout incomplet qu'il est, suffira pour établir que l'Université catholique est réso- lument entrée dans la voie de l'enseignement intuitif et pratique. Par là elle continue ses glo- rieuses traditions du passé ; elle saura réali- ser, n'en doutons point, les espérances qu'on est en droit de fonder sur elle. A. Meunier.
TABLE DES MATIÈRES
PRELIMINAIRES.
iJorrespondance des ères anciennes, etc. v
■Calendrier xi
Planètes principales xxxvn
PREMIÈRE PARTIE.
Prière à la très sainte Mère de Dieu, pa- tronne de V Université 3
Corps épiscopal de Belgique 5
Personnel de V Université 7
Collèges et établissements académiques . 27 Programme des cours de Vannée acadé- mique 1884-1885 38
Société de Saint Vincent de Paul ... 84 Rapport présenté, au nom du Conseil, sur les travaux des Conférences pendant l'année académique 1883-1884 .... 90 Societas philologa Lovaniensis .... 102 Rapport sur les travaux de la Societas philologa de V Université catholique , pendant Vannée académique 1883-1884, par M le baron Léon Béthune. docteur en philosophie et lettres, secrétaire . . 106 Société littéraire de l'Université catho- lique de Louvain 113
( CLXIV )
Rapport sur les travaux de la Société littéraire de V Université catholique pendant Vannée académique 1883-1884, présenté, au nom de la commission di-